David Lodge « La vie en sourdine »
Avec un flegme et un humour anglais, David Lodge retrace le journal intime d’un sexagénaire atteint de surdité. Professeur de linguistique, son infirmité a quelque peu poussé le narrateur à prendre une retraite anticipée. Désormais il remplit son quotidien par diverses tâches domestiques secondant ainsi son épouse qui tient un magasin de décoration très renommé. Il s’occupe également de son vieux père qui vit à Londres et dont la vie solitaire commence à devenir un souci.
Durant une sortie organisée dans le contexte du travail de son épouse, il fait la rencontre d’une jeune personne énigmatique. Celle-ci lui demande de devenir son maître de stage pour l’aider à écrire une thèse dans laquelle elle souhaite décrypter les détails linguistiques des lettres écrites par les suicidés. Il accepte un peu malgré lui, mais il ne se doute pas que cette relation lui réservera bien des surprises.
J’ai écouté la lecture de ce livre dans ma voiture et j’ai vite été séduite par l’écriture et le ton du narrateur qui nous relate avec humour ses mésaventures tout en décortiquant les situations cocasses dans lesquelles il se retrouve plongé et que son état de surdité tend à multiplier ou à amplifier. D’ailleurs il nous décrit avec plein de détails les diverses facettes de cet handicap qu’il regrette de ne pas voir placé au même rang que la cécité.
« La cécité est une affliction plus grande que la surdité. Si j’avais à choisir entre les deux, je choisirais la surdité, je l’admets. Mais ces deux infirmités sensorielles n’ont pas entre elles que des différences de degré. Culturellement, symboliquement, elles sont antithétiques. Le tragique par opposition au comique. Le poétique par opposition au prosaïque. Le sublime par opposition au ridicule. »
Le thème de la surdité est évoqué, mais il fait partie de celui plus vaste qu’est le thème de la vieillesse, antichambre de la mort
« La surdité est une sorte d’avant-goût de la mort, une très lente introduction au long silence dans lequel nous finirons tous par sombrer. »
Le narrateur nous relate la fin de vie de son père, sans pour autant sombrer dans les lamentations. Son récit à ce sujet est surtout empreint de réflexions sur la vie.
A noter aussi que l’interprétation du texte en version audio par Daniel Nicodème est superbe et cela lui a valu d’obtenir le prix du livre audio en 2009.
C’est un très bon roman à lire ou à écouter pour un partage d’émotions et de réflexions sur les petits et grands maux qui accompagnent le troisième âge.
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