Archives de Catégorie: Thème de la VIEILLESSE

La vieillesse ne doit pas être ressentie comme une maladie, mais comme un âge différent avec ses avantages

« La femme qui ne vieillissait pas »

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« Les deux hommes de ma vie m’ont quittée parce que mon inaltérable jeunesse était une monstruosité ; parce qu’il n’est pas normal d’avoir trente ans pendant trente ans ; parce qu’il faut bien que ce qu’on a aimé un jour s’altère, que l’image qu’on en a eue s’amenuise, petit à petit, s’efface, pour nous rappeler son éphémérité et la chance que nous avons eue de l’attraper, comme un papillon au creux de la main ; il faut que les choses meurent pour que nous ayons la certitude de les avoir un jour possédées. »

 

 

Le roman de Grégoire Delacourt

nous aide à apprécier le temps qui passe

Le roman « La femme qui ne vieillissait pas » publié aux éditions J.C. Lattès en février 2018 met en scène une narratrice, Betty, qui nous relate les événements de sa vie, et notamment le fait qu’à partir de 30 ans, son apparence extérieure a cessé de vieillir.

Ce qui pourrait être considéré comme une « chance » se transforme vite pour Betty et ses proches en une sorte de malédiction.

Selon l’auteur, le pire dans l’acte de vieillir n’est pas de se rapprocher de la mort, mais de rester seul(e) pour affronter les dernières étapes de la vie.  Or justement, dans ce roman, la femme « qui ne vieillissait pas » se retrouve peu à peu reléguée à l’isolement en raison de cette éternelle jeunesse qui creuse une distance avec les gens de sa génération et l’empêche de vivre pleinement les émois des générations suivantes.

Roman bienfaisant

Au travers de son récit sous forme de conte philosophique,  Grégoire Delacourt nous délivre un message qui fait du bien. Il rend hommage au temps qui passe et qui nous embellit toutes et tous.

L’écrivain français conteste le jeunisme ambiant qui incite les femmes (et sans doute aussi les hommes) à s’adonner corps et âme au culte de la jeunesse, comme il nous l’explique dans l’interview que vous pouvez suivre ci-après.

 

Vieillir sereinement

En faisant quelques recherches sur cette thématique développée par Grégoire Delacourt, je suis tombée sur un un très bel article  d’un site wordpress intitulé « Cultiver son jardin intérieur » selon lequel il faut devenir l’ami de ses fragilités pour vieillir sereinement.

Contrairement aux idées reçues, les personnes âgées craignent davantage le rejet et la dévalorisation par autrui que la perte d’autonomie ou la souffrance physique qu’entraîne inévitablement la vieillesse. Dans une société qui a tendance à survaloriser l’apparence, l’autonomie et la bonne santé, quelle place reste-t-il pour les personnes en fin de vie dont le déclin physique est tout simplement « naturel »?

En acceptant notre finitude et les faiblesses de notre carapace extérieure, nous pouvons gagner en force dans notre esprit, nous épanouir intérieurement et accueillir le crépuscule de notre vie avec beaucoup plus de sérénité.

La dépendance est la condition première de l’être humain

Dans l’article en question, l’auteur fait référence aux propos de Jean-Christophe Parisot, devenu préfet malgré un sévère handicap. Il déclare que tout être humain est dépendant d’autrui et qu’il s’agit là d’une condition inhérente à notre destinée humaine grâce à laquelle nous pouvons véritablement aller à la rencontre de notre prochain.

En perdant leur autonomie, les personnes âgées se rapprochent de plus en plus de ce qui définit leur humanité au sens le plus profond du terme.

Lire pour guérir, lire pour se sentir bien

L’écrivain Grégoire Delacourt qui cultive par ailleurs un merveilleux sentiment d’empathie envers la gente féminine, continue d’écrire des romans qui font du bien et qui donnent tout leur sens aux principes de la bibliothérapie. Il aborde ici avec réalisme et optimisme un sujet qui intéresse tout le monde, celui du temps qui passe.

Si le fait de vieillir vous fait peur, n’hésitez donc pas à vous plonger dans ce beau conte bienfaisant….

 

 

Bandes dessinées pour remonter le moral

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Les gens honnêtes de Durieux et Gibrat

« Les gens honnêtes »

de Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat

(Editions Dupuis, 2014-2016)

Les quatre tomes « Les gens honnêtes » m’ont tout particulièrement touchée, alors qu’habituellement, il faut l’avouer, je ne suis pas très friande de bandes dessinées. La mixité du texte et de l’image n’est pourtant pas pour me déplaire lorsque les personnages et leur démêlés se montrent attachants. Cette situation s’est précisément présentée à moi lors de la lecture de cette BD en quatre tomes.

Sur une note douce-amère, le récit en images nous entraîne dans les pérégrinations d’un quinquagénaire qui vient de perdre son emploi et se voit incapable de remonter la pente, d’autant plus que son épouse l’a quitté. Au fond du trou, il (re)découvre le monde qui l’entoure et puise ses forces dans l’amour et l’amitié. Si le premier tome nous la joue sur une note plus amère que douce, malgré de constantes touches d’humour, les trois autres tomes gagnent en optimisme. Le protagoniste reprend vaille que vaille son destin en main et la vie continue avec ses hauts et ses bas .

Une bande dessinée bienfaisante ?

L’humanité de Philippe, le protagoniste du récit, est au coeur même de ce récit tragi-comique. Le lecteur peut facilement s’identifier à ce personnage qui doit faire face à des problèmes privés et professionnels assez similaires à ceux d’un bon nombre de quinquas : retrouver un emploi après 50 ans, supporter les difficultés rencontrées par ses enfants adolescents, gérer sa propre situation amoureuse, s’occuper de ses parents vieillissants…

Bien entendu, certaines situations peuvent sembler rocambolesques, mais lorsque la dernière page est tournée, nous avons l’impression d’avoir cheminé longtemps avec Philippe au travers de déboires et de moments de bonheur tout à fait réalistes.

L’humour, remède miracle

Les touches d’humour pleuvent tout au long du récit et nous attendrissent sur le miroir des petits et grands tracas du quotidien. Le protagoniste boit aux sources de l’amour et de l’amitié qui lui tendent des perches pour se relever…

Même si ces perches ne sont pas toujours hum hum les plus adéquates ….  🙂 n’est-ce pas ?

Extrait du tome 2 « Les gens honnêtes »

Bande dessinée – littérature ?

La bande dessinée a l’avantage de toucher un large public. Les écrits, plus courts, sont facilement compréhensibles parce que supportés par des images. Textes et images captent plus vite l’attention du lecteur dont les yeux parcourent rapidement la page et s’accrochent facilement sur le fil d’un récit.

Or ces caractéristiques donnent souvent lieu aux préjugés que tente de définir Jacques Dürrenmatt dans son ouvrage « Bande dessinée et littérature » paru aux Editions Classiques Garnier en 2013

Selon l’auteur, les a priori fustigeant la bande dessinée reposent sur quatre points  : 1) ce genre littéraire se lirait trop rapidement 2) les descriptions relèveraient uniquement des images plutôt que du texte 3) le texte serait appauvri au profit d’une surenchère d’onomatopées et de signes expressifs comme les points d’exclamation etc. 4) la bande dessinée serait incapable de retranscrire les émotions des personnages.

Prenons ces points l’un après l’autre au regard de la bande dessinée de Durieux et Gibrat.

Lecture rapide :

Lire rapidement une histoire ne constitue pas vraiment un inconvénient ou un défaut de qualité. Au contraire, savoir qu’il ne faudra pas se concentrer plus de deux heures peut inciter celui qui ne veut pas y accorder trop de temps, à se plonger malgré tout dans le récit.

Quant aux bandes dessinées de Durieux et Gibrat, la lecture d’un ou deux tomes enjolivera facilement toute une soirée et redonnera du baume à l’âme au lecteur épuisé par ses soucis du quotidien.

Descriptions par l’image et non par le texte :

Certes, les images prennent une place très importante dans les bandes dessinées, mais c’est leur agencement qui en font des images vivantes et captivantes et c’est le texte ou l’absence de texte qui les colore et souligne leur qualité descriptive.

Les images des bandes dessinées de Durieux et Gibrat dépeignent avec justesse l’émotion que veut nous communiquer leurs auteurs. Mais c’est avant tout le texte qui nous permet de percevoir l’ampleur de ces émotions.

Texte apprauvri par un trop-plein d’onomatopées et de signes expressifs

La BD recourt à ces moyens d’expression sonore pour éviter les petites formules qui lient les phrases d’un texte que sont par exemple : « il s’écria », « gémit-il », « la voiture vrombit »… Les images constituent le support par lequel les parties du récit sont reliées entre elles. Les sons qui les ponctuent rendent ces images plus réalistes et vivantes.

La bande dessinée se définit comme un heureux mariage entre images et textes. Grâce aux images, le texte n’est pas appauvri, il devient simplement plus minimaliste. Un simple mot suffit à faire rire, ce qui serait plus difficile sans images.

La plupart des bandes dessinées revendiquent cette qualité, celles de Durieux et Gibrat ne font pas exception.

Incapable de retranscrire les émotions des personnages

S’il existe une époque qui se caractérise par une surabondance d’images, c’est bien la nôtre. Les multiples appareils de communication à notre disposition rivalisent de petites icones pour communiquer un sentiment ou une pensée. Les smileys envahissent la majorité de nos courriels pour transmettre en quelques clics l’émotion qui nous submerge. Alors que dire des dessins représentés avec art par les auteurs de bandes dessinées ?

En tous cas, les bandes dessinées de Durieux et Gibrat ne m’ont pas laissée indifférente et le partage d’émotions était bien présent en lisant les quatre tomes.

Conclusion

La bande dessinée constitue un genre littéraire particulier qui traduit des sentiments via ses propres canaux. Tout comme le roman, elle dispose d’atouts pour inviter le lecteur à adopter une perspective différente face à certaines difficultés, voire pour comprendre une situation donnée et/ou se sentir moins seul(e).

Certes, son abord peut apparaître plus aisé que celui d’un roman. Cela n’en fait pas pour autant un genre littéraire de moindre valeur.

En outre, une bande dessinée peut également se présenter comme une lecture bienfaisante, à condition toutefois qu’elle remplisse les mêmes conditions qu’un roman bienfaisant pour le lecteur qui doit pouvoir y trouver les outils nécessaires pour surmonter les aléas de son existence…

Bonnes lectures à toutes et tous !

Sous le sapin : des romans ADOS bienfaisants

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Interview exclusive du Père Noël !

Lors d’une interview exclusive, le Père Noël m’a avoué : « Je suis un grand lecteur. Grâce aux livres, je m’évade, je me cultive, j’ouvre mes pensées à autrui, je découvre d’autres perspectives, d’autres façons de voir et de sentir les choses, je me rassure aussi lorsque le livre mets des mots sur des sentiments que j’ai du mal à percer…« .

Après un temps de réflexion, il sourit et dit  « Invitons nos jeunes à découvrir ou à redécouvrir ce plaisir afin qu’ils puissent, eux aussi, profiter des bienfaits de la lecture !« 

De fait, sa hotte magique regorge de petits paquets rectangulaires…

Parmi les livres qu’il conseille tout particulièrement à la jeunesse de 13 ans et plus, j’en retiens quelques-uns, notamment trois ouvrages faisant partie d’une sélection d’oeuvres pour un prix littéraire décerné par un jury d’adolescents : le Prix Farniente.

Ma fille qui participe depuis deux ans à ce jury, a validé le choix du Père Noël.

 

« Quelqu’un qu’on aime » de Séverine Vidal

Matt, jeune père d’une fillette de 18 mois, et son grand-père touché par la maladie d’Alzheimer partent tous les trois en voyage sur les routes à bord d’un grand van. lls acceptent d’emmener avec eux un adolescent en fugue, ainsi qu’une jeune femme qui a décidé de tout plaquer. Le road movie est prétexte pour décortiquer les relations qui se nouent entre les personnages. Un livre drôle, émouvant et plein d’espoir !

Editions Sarbacane (2015) – 288 page

 

« Les petits orages » de Marie Chartres

Rencontre entre un jeune garçon, paralysé à la jambe suite à un accident dont il se sent responsable, et un Indien de la réserve de Pine Ridge. Leur amitié se joue sur l’acceptation de leur fragilité et différence respectives. Cette belle histoire évoque le thème de la culpabilité et la façon d’y remédier en continuant à vivre !

Editions L’Ecole des Loisirs  (2016) – 278 pages 

 

 

« Très vite ou jamais » de Rita Falk

Un accident de moto plonge un adolescent dans le coma. Son meilleur ami Jan lui écrit des lettres dans lesquels il lui décrit les événements de la vie qui s’écoulent durant son absence, dans l’espoir que celui-ci puisse retrouver le fil de son histoire une fois réveillé. Mais plus le temps passe, plus le désespoir gagne les proches de l’adolescent. Ce livre aborde les thèmes de l’amitié, de la loyauté, du deuil.

Editions Magnard (2016) – 224 pages 

 

Quand la pâtisserie donne sens à la vie…

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« Les délices de Tokyo » de Durian Sukegawa

Editions Albin Michel (2016) – traduction par Myriam Dartois-Ako

Livre de Poche (2017) – Lauréat du Prix des Lecteurs 2017

Roman adapté au cinéma par Naomi Kawase

 

Au Japon, Sentaro confectionne et vend des dorayakis, une pâtisserie japonaise à base de haricots rouges. Il a accepté ce travail pour rembourser une dette, mais ne prend aucun plaisir à son travail. Un jour, une vieille dame lui propose son aide. Malgré lui, il reconnaît qu’elle a le mérite de réaliser une excellente pâte à dorayakis qui attire de plus en plus de clients, parmi lesquels beaucoup de jeunes étudiantes. La vieille dame tissera des liens d’amitié avec l’une d’entre elles.

Sa façon lente et conscencieuse de préparer la pâte contraint Sentaro à apprendre la patience, l’écoute de l’autre et la puissance des choses simples. Pourtant, la vieille dame cache un lourd secret qui l’obligera à mettre un terme à leur collaboration.

Ce lourd secret, je ne vais pas vous le livrer ici, mais sachez qu’il souligne la peur de la différence et l’intolérance du monde vis-à-vis de cette différence.

Roman bienfaisant ?

Ce récit tout en poésie rappelle le plaisir des petites choses comme la confection d’une pâtisserie ou l’observation de la beauté des feuilles d’un arbre. L’histoire respire cette pleine conscience du temps présent et encourage le lecteur à en profiter également. Cette attitude débordant de générosité a aidé la vieille dame à affronter les pires difficultés que réserve parfois l’existence, notamment face à un deuil ou une séparation, ou encore lorsque le monde se détourne de vous parce que vous portez la marque d’une différence.

Je vous recommande la lecture de ce roman qui a le mérite d' »apaiser » tout en évoquant parfums et saveurs culinaires.

Thème de la différence physique : ce récit soulève des réflexions sur la différence et les conséquences désastreuses qu’elle entraîne dans la vie des personnes concernées.

Thème de la vieillesse : les personnes âgées et malades sont ici des guides spirituels qui communiquent leur sagesse aux plus jeunes.

 

Voici un aperçu du film basé sur ce roman de Durian Sukegawa :

 

 

 

Côtoyer la mort, tout en restant vivant et heureux …

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« Le reste de leur vie »

de Jean-Paul Didierlaurent

Editions Au Diable Vauvert (2016)

J’avais déjà beaucoup apprécié « Le Liseur du 6h27 » premier roman de cet auteur. C’est avec un plaisir renouvelé que j’ai retrouvé son talent de conteur lorsqu’il nous parle de la vie des petites gens et la parfume de senteurs particulières.

Dans « Le reste de leur vie« , le lecteur fait la connaissance d’Ambroise, qui exerce une profession méconnue et pourtant bien nécessaire, celle de thanatopracteur : il s’agit de la personne habilitée à remettre en forme l’apparence des défunts pour que la famille puisse en garder un bon souvenir. Ambroise vit avec sa grand-mère Beth, une femme diabétique et débordante de générosité.

Manelle de son côté est une aide à domicile qui  veille au bien-être des personnes âgées en soulageant leur quotidien. Le vieux Samuel, son préféré, vient d’être diagnostiqué d’un cancer au cerveau.

Le hasard va rapprocher ces quatre personnes dans un périple qui ….devrait finir comme pour tous les contes…

Dans la vidéo ci-après, Jean-Paul Didierlaurent nous relate la genèse de ce roman et comment il souhaite mettre en lumière des personnes qui font le bien autour d’elles en toute humilité.

 

Roman bienfaisant ?

Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire vivre une charmante histoire humaine avec ses drames et ses bonheurs.

Côté drames, nous retrouvons à travers le quotidien de Manelle les affres de la vieillesse, de la maladie, de la perte d’autonomie qui caractérisent les personnes dont elle s’occupe. Le quotidien d’Ambroise croise les personnes affectées par le deuil et la perte d’un être cher. Ces deux jeunes protagonistes mettent toute leur énergie au service des autres tout en côtoyant la mort et en négligeant leur propre existence .

L’histoire nous apprendra qu’il est possible de vivre heureux avec cette composante essentielle qui caractérise la vie et qui nous fait trembler d’angoisse, la mort. Le secret pour atteindre ce bonheur de vie au seuil de la mort n’est pourtant pas difficile à deviner, il suffit tout simplement d’aimer

 

 

 

 

« Les vieux ne pleurent jamais » de Céline Curiol

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« Les vieux ne pleurent jamais » de Céline Curiol

Editions Actes Sud, janvier 2016

Retraitée et veuve, la septuagénaire Judith Hogen tombe par hasard sur une photo qui lui rappelle des liens familiaux  brisés voici plus de cinquante ans. A cette époque, elle avait quitté la France pour rejoindre et s’installer aux Etats-Unis d’Amérique.

Son désir de retourner sur sa terre natale et de retrouver un frère avec lequel elle a perdu tout contact prendra forme après un petit voyage organisé dans lequel l’entraîne Janet, une pimpante voisine de son âge .

La première partie du récit décrit l’excursion de personnes retraitées sous la tutelle d’une femme autoritaire plus jeune. Elle est relatée par la narratrice avec un réalisme attachant teinté d’humour ou d’ironie selon le cas. C’est l’occasion pour Judith de se poser des questions sur le statut et le regard porté par la société envers les personnes du troisième âge …

« Etions-nous déjà devenus gâteux pour que l’on nous infantilise ou était-ce le monde qui nous forçait, par sa mésestime, à nous comporter de la sorte ?« 

sur son apparence, sur ses relations avec autrui, sur la perspective de nouvelles rencontres amicales ou amoureuses…

« Nous n’avions plus assez de perspectives d’avenir, plus assez de temps justement, et avions perdu la conviction ingénue que toute nouvelle relation apporte son pesant de découvertes. … Au mieux pouvions-nous espérer devenir des connaissances, qui ne laisseraient qu’une vague trace dans nos mémoires. Dans ces conditions, valait-il vraiment la peine de se « mêler » à quiconque ?« 

La seconde partie du roman aborde le voyage de Judith en France où elle espère renouer un contact avec quelques personnes qui ont marqué sa jeunesse. Ce récit se termine sur l’explication des raisons pour lesquelles elle avait rompu de façon définitive tout contact familial à un certain moment de sa vie.

Roman bienfaisant ?

Il s’agit d’un ouvrage bienfaisant dans le sens où l’auteur aborde sans réserve le thème de la vieillesse dans notre société, la façon dont les personnes du troisième âge se perçoivent et sont perçues par la société.  Comme la narration est justement prêtée à une septuagénaire, le ton est intime et reflète les pensées, les émotions, les remords d’une femme qui se tient au crépuscule de sa vie et s’interroge sur la pertinence d’un avenir et la permanence des souvenirs et des liens qui unissent les êtres.

Pour finir, je vous livre ici un interview de l’auteur Céline Curiol au sujet de son roman :

 

 

SANTE MENTALE DEFAILLANTE ? « L’invité du soir » de Fiona McFarlane

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« L’invité du soir » de Fiona McFarlane

Ce roman fait partie de la sélection du Prix du Roman 2015 chez les éditions Points que je remercie de m’avoir désignée comme membre du jury cette année.

Ruth est une vieille dame veuve qui vit seule en bordure de la mer. La nuit, elle croit entendre un tigre dans son salon. Un jour  Frida se présente chez elle comme aide à domicile soi-disant envoyée par les services sociaux. Au fil des jours, nous apprenons à connaître ces deux femmes au travers de leurs attitudes, de leurs conversations, mais également à travers le prisme de l’esprit de Ruth.

L’auteur laisse sciemment planer des zones d’ombre et d’incohérence dans le récit et le lecteur s’interroge sur l’authenticité des événements racontés. Il se laisse manipulé comme Ruth, dont la santé mentale défaillante a du mal à définir la personnalité de Frida et à déceler ses intrigues.

Nous sommes ici en présence de deux femmes qui malgré tout s’apprécient mutuellement tout en partageant leur solitude et leur désarroi dans une sorte de tragédie oppressante.

Bravo à l’auteur Fiona McFarlane qui mène le lecteur en bateau et lui fait ressentir d’une certaine façon ce que peut éprouver une personne souffrant de déficience mentale.

Roman bienfaisant ?

L’issue  du récit n’est pas vraiment optimiste, il faut l’avouer. Malgré tout, l’auteur réussit le coup de force de partager le vécu et le ressenti d’une femme seule souffrant de déficience mentale. En décrivant la réalité à travers le prisme de cet esprit défaillant, nous pouvons nous imaginer la confusion qui s’installe au quotidien dans la vie des ces personnes âgées.

Par conséquent, le caractère bienfaisant de ce roman vient de l’empathie qu’il provoque certainement chez le lecteur.

« Le Vieil Homme et la Mer » de Ernest Hemingway

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« Le vieil homme et la mer » de Ernest Hemingway

Un court roman classique  pour illustrer le thème de la vieillesse, une ode initiatique où l’homme doit affronter les forces de la nature avec humilité. Bien que celles-ci se montrent plus fortes, le vieil homme gagne en dignité et en respect au vu de la condition humaine qu’il incarne.

Il s’agit du récit d’un pauvre et vieux pêcheur cubain, Santiago, qui ne parvient plus à ramener du poisson avec sa barque. Manolin, un jeune garçon, s’occupe de lui et continue de croire en la bonne étoile de celui qui lui a appris à pêcher. Un jour, Santiago attrape un énorme poisson qui l’entraîne au large sur son petit bateau. Pendant trois jours et deux nuits, Santiago, épuisé et affamé, suit le poisson et finit par le tuer. Après l’avoir attaché à son bateau, il repart vers la côte, mais les requins ont flairé la trace du sang qui s’échappe du cadavre de l’animal et  s’emparent petit à petit de sa chair ….

Ce roman est paru pour la première fois en 1952 sous le titre original anglais « The Old Man and the Sea ». Il a valu à son auteur Ernest Hemingway d’obtenir le prix Pulitzer en 1953 et le prix Nobel de littérature en 1954.

Un roman bienfaisant ? Bien sûr !

Ce récit fait l’apologie de la ténacité, du dépassement de soi, mais aussi de l’amitié, de la bienveillance à l’égard de la nature.

Il évoque bien sûr la vieillesse et la solitude qui l’accompagne.

On ne devrait jamais rester seul quand on est vieux, pensa-t-il. Mais c’est inévitable.

La vieillesse fait référence à la faiblesse humaine qui ne fait pas le poids devant le déchaînement des forces de la nature…

Tout en lui était vieux, sauf son regard, qui était gai et brave, et qui avait la couleur de la mer.

Mais le vieil homme fait preuve de courage et de dignité dans les difficultés, et en cela, il mérite tous les honneurs.

Mais l’homme n’est pas fait pour la défaite, dit-il. L’homme peut être détruit, mais pas vaincu.

En outre, il démontre beaucoup de sagesse, de bienveillance envers la nature.

Le poisson aussi est mon ami, dit-il tout haut.J’ai jamais vu un poisson pareil , j’ai jamais entendu parler d’un poisson comme ça, pourtant faut que je le tue. Heureusement qu’on n’est pas obligé de tuer les étoiles.

C’est un roman qui mérite qu’on le lise ou le relise parce qu’avec de simples mots, il décrit l’être humain et ce qu’il représente de plus beau, ce qui lui donne ses lettres de noblesse, à savoir sa capacité à espérer et à ressortir vainqueur même dans la défaite…

Je ne résiste pas à l’envie d’ajouter ci-après la bande-annonce d’un très beau film d’animation (2001) sur « Le Vieil Homme et la Mer » :

 

VIE UTILE ou SUPERFLUE ? « L’Unité » de Ninni Holmqvist

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« L’Unité » de Ninni Holmqvist publié chez Le livre de Poche est un excellent roman d’anticipation, dérangeant à l’extrême et qui ne manque pas de susciter la réflexion.  J’ai voté en février pour ce roman qui fait partie de la sélection du prix des lecteurs 2014 pour lequel j’ai le bonheur d’être jurée cette année.

Pour moi, ce roman devait se trouver ici dans la section « Prendre de l’âge » parce que d’une part, les protagonistes sont des personnes de 50-60 ans et d’autre part, parce que la question qui sous-tend le récit est celle de l’utilité de la vie. Il s’agit bien entendu d’une question fondamentale que l’on se pose à tout âge, mais peut-être plus encore lorsqu’on approche de la retraite et que l’on fait le bilan de ce que l’on a vécu.

Le lecteur se retrouve lui-même piégé dans ce récit entre ses sentiments premiers et une réflexion plus profonde sur le véritable sens de la vie et de la liberté.

De prime abord, le cadre tel qu’il est posé ne peut que révolter . Dans la société du récit, on divise la population entre les superflus et les nécessaires, les superflus étant en gros ceux qui sont restés célibataires et sans enfants. Se pose déjà la question de l’utilité d’une existence. Peut-on la réduire à cette définition ? Existe-t-on de façon utile seulement lorsque l’on a procréé ? Bien que cette définition constitue en soi déjà un critère excessif, nous ne pouvons nier le fait qu’être responsable d’enfants biologiques ou adoptés nous rassure dans la valeur que nous voulons accorder ou non à une vie.

Question : comment définis-tu l' »utilité » d’une vie ?

Lorsque les superflus ont atteint un certain âge (50 ans pour les femmes, 60 ans pour les hommes), la société les prive de ce qui semble à l’heure actuelle comme le droit le plus absolu de tout être humain, à savoir la liberté de vivre comme il l’entend et de gérer son corps en fonction de cette liberté. Ils sont emmenés dans un endroit où ils sont placés sous surveillance continue et où leur corps et leurs organes ne leur appartiennent plus. Dès qu’un être « nécessaire » a besoin d’un organe pour survivre, celui-ci est prélevé sur un être « superflu » de l’Unité.

Nous suivons l’histoire de Dorrit, une « superflue » qui a rejoint l’Unité à 50 ans. Or la vie est très agréable à l’Unité, beaucoup plus qu’elle ne l’était à l’extérieur. Les repas sont excellents, les superflus peuvent s’adonner à toutes sortes de sports et d’activités artitistiques, les relations entre les superflus sont chaleureuses. Qui plus est, beaucoup de superflus semblent accepter la situation. On apprend que cet état de fait n’a pas été imposé par un dictateur ou un groupe d’extrémistes. Non, la société  a décidé de façon tout à fait démocratique qu’il fallait veiller au bien-être de chacun et juge que la vie d’une personne célibataire et sans enfants n’est pas nécessaire et est donc habilitée à le devenir d’une autre façon, à partir d’un certain âge.

Question : aurais-tu voté pour un tel état de fait sachant que les personnes enfermées dans l’Unité ne subissent aucune violence gratuite et vivent dans de très bonnes conditions ?

Le malaise grandit au fur et à mesure que le récit se développe et que l’on sent que la maladie (suite aux expériences que subissent les superflus) et finalement la mort touchent de plus en plus le cercle des proches de Dorrit. Pourtant personne n’émet l’idée de vouloir s’enfuir jusqu’à ce que la possibilité s’offre à Dorrit…

Question : préfères-tu la sécurité sous contrôle ou la liberté à tout prix qui marginalise ?

Beaucoup de questions sont soulevées après la lecture de ce roman et, il faut l’avouer, les réponses pourraient nous surprendre.

Ce roman dérange parce qu’il ne nous procure pas la possibilité de trancher sur base d’une situation manichéenne. Et de façon identique, la vie offre rarement des réponses toutes faites à nos questions essentielles….

Un roman qui fait du bien ? Oui, oui, car il élargit nos perspectives de réflexion sur le sens de la vie…

MAUX de L’ÂGE : « La vie en sourdine » de David Lodge

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David Lodge « La vie en sourdine »

Avec un flegme et un humour anglais, David Lodge retrace le journal intime d’un sexagénaire atteint de surdité. Professeur de linguistique, son infirmité a quelque peu poussé le narrateur à prendre une retraite anticipée. Désormais il remplit son quotidien par diverses tâches domestiques secondant ainsi son épouse qui tient un magasin de décoration très renommé. Il s’occupe également de son vieux père qui vit à Londres et dont la vie solitaire commence à devenir un souci.

Durant une sortie organisée dans le contexte du travail de son épouse, il fait la rencontre d’une jeune personne énigmatique. Celle-ci lui demande de devenir son maître de stage pour l’aider à écrire une thèse dans laquelle elle souhaite décrypter les détails linguistiques des lettres écrites par les suicidés. Il accepte un peu malgré lui, mais il ne se doute pas que cette relation lui réservera bien des surprises.

J’ai écouté la lecture de ce livre dans ma voiture et j’ai vite été séduite par l’écriture et le ton du narrateur qui nous relate avec humour ses mésaventures tout en décortiquant les situations cocasses dans lesquelles il se retrouve plongé et que son état de surdité tend à multiplier ou à amplifier. D’ailleurs il nous décrit avec plein de détails les diverses facettes de cet handicap qu’il regrette de ne pas voir placé au même rang que la cécité.

« La cécité est une affliction plus grande que la surdité. Si j’avais à choisir entre les deux, je choisirais la surdité, je l’admets. Mais ces deux infirmités sensorielles n’ont pas entre elles que des différences de degré. Culturellement, symboliquement, elles sont antithétiques. Le tragique par opposition au comique. Le poétique par opposition au prosaïque. Le sublime par opposition au ridicule. »

Le thème de la surdité est évoqué, mais il fait partie de celui plus vaste qu’est le thème de la vieillesse, antichambre de la mort

« La surdité est une sorte d’avant-goût de la mort, une très lente introduction au long silence dans lequel nous finirons tous par sombrer. »

Le narrateur nous relate la fin de vie de son père, sans pour autant sombrer dans les lamentations. Son récit à ce sujet est surtout empreint de réflexions sur la vie.

A noter aussi que l’interprétation du texte en version audio par Daniel Nicodème est superbe et  cela lui a valu d’obtenir le prix du livre audio en 2009.

C’est un très bon roman à lire ou à écouter pour un partage d’émotions et de réflexions sur les petits et grands maux qui accompagnent le troisième âge.