Archives de Catégorie: Thème du DEUIL

L’abîme du deuil est d’autant plus profond lorsque l’on s’y sent seul et abandonné.

AU REVOIR MAMAN !

Par défaut

L’ULTIME ADIEU

Vous pouvez verser des larmes parce qu’elle s’en est allée,
ou vous pouvez sourire parce qu’elle a vécu.

Vous pouvez fermer vos yeux et prier qu’elle revienne,
ou vous pouvez ouvrir vos yeux et voir tout ce qu’elle nous a laissé.

Votre coeur peut être vide parce que vous ne pouvez la voir,
ou il peut être plein de l’amour que vous avez partagé.

Vous pouvez tourner le dos à demain et vivre hier,
ou vous pouvez être heureux demain parce qu’il y a eu hier.

Vous pouvez vous souvenir d’elle et ne penser qu’à son départ,
ou vous pouvez chérir sa mémoire et la laisser vivre.

Vous pouvez pleurer et vous fermer, ignorer et tourner le dos,
ou vous pouvez faire ce qu’elle aurait voulu :

Sourire, ouvrir les yeux, aimer et continuer ….

Eileen Cicole.

 

« Nous accouchons la mort, alors profitez de la vie »

Par défaut

« Changer l’eau des fleurs » de Valérie Perrin

(Editions Albin Michel, 2018, Le Livre de Poche, 2019)

Le mois de novembre est chargé de mélancolie. Les jours raccourcissent, la météo retrouve le chemin de l’hiver, les températures descendent pour ne plus remonter avant l’année prochaine. Le mois de novembre débute aussi avec la Toussaint, cette journée durant laquelle nous prenons le temps de nous épancher un instant sur les tombes de celles et ceux qui ne sont plus…

Le cimetière, un endroit de convivialité

Depuis le décès de mon père, j’ai appris à apprécier les moments passés au cimetière. Ce n’est pas parce que je m’y sens proche de lui. Non, à vrai dire, ces instants de proximité, je les retrouve ailleurs, à d’autres occasions et dans d’autres endroits, là où il a vécu et où nous avons partagé de bons moments.

Le cimetière est plutôt devenu un lieu de rencontres avec les vivants qui, comme moi, y trouvent refuge et y partagent pensées et souvenirs.

Est-ce la raison pour laquelle le quatrième de couverture du roman de Valérie Perrin « Changer l’eau des fleurs » m’a interpellée et que j’ai eu envie de lire cette histoire ?

« Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec la petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s’entremêlent? »

L’auteure Valérie Perrin, nous convie dans un cadre plutôt original pour un récit plein d’humanité qui, loin de nous entraîner sur les traces d’une histoire macabre, nous bouleverse par les élans d’émotions qui en font le tissu même de l’intrigue.

Le cimetière, un lieu de résilience

Au plus douloureux moment de sa vie, Violette est invitée à prendre les fonctions de garde-cimetière. C’est là qu’elle apprendra à surmonter ses drames personnels, à reprendre goût à la vie pour se tourner vers les autres et les aider dans les situations de deuil et de tristesse.

Le cimetière, cet endroit de recueillement, devient un terrain de contact avec toute une panoplie de personnes auprès desquelles se révèlent les côtés tragiques et sentimentaux de l’existence lorsque s’y mêle le décès d’un proche.

« Au fond, nous les croque-morts, on est dans la vie. Peut-être encore plus que dans les autres métiers. Parce que ceux qui s’adressent à nous, c’est ceux qui restent, ceux qui restent en vie…. Notre père, paix à son âme, nous disait toujours : « Mes fils, nous sommes les sages-femmes de la mort. Nous accouchons la mort, alors profitez de la vie, et gagnez- la bien. »

« Changer l’eau des fleurs », un roman bienfaisant

Valérie Perrin ne nous parle pas ici de la mort, mais de la vie dans tous ses états. Elle y évoque surtout les déboires sentimentaux des uns et des autres, les romances qui auraient pu être, celles qui ont mal abouti, les malentendus, les zones de non-dit, les colères et les aigreurs. Bien sûr, la perte des êtres chers y est décrite, mais elle est décryptée à la lueur d’une émotion vivante. Et comme telle, il existe diverses façons de la dompter.

« Le manque, la douleur, l’insupportable peuvent faire vivre et ressentir les choses qui dépassent l’imaginaire. Quand quelqu’un est parti, il est parti. Sauf dans l’esprit de ceux qui restent. Et l’esprit d’un seul homme est bien plus grand que l’univers. »

De son côté, la protagoniste Violette Toussaint aura bénéficié de quelques très précieuses amitiés pour faire face aux épreuves de la vie. Ces rencontres constituent une sorte de témoignage optimiste selon lequel il y a toujours quelque part des personnes pour vous aider et vous donner le coup de main opportun, qui, si infime soit-il, vous aidera à aller de l’avant.

Eloge de la lecture

La lecture n’est pas en reste pour assister la narratrice dans ses épreuves. Le roman qui l’accompagne tout au long du récit et qu’elle apprend à lire est « L’oeuvre de Dieu, la part du Diable » de John Irving.

« Pourquoi va-t-on vers des livres comme on va vers des gens ? Pourquoi sommes-nous attirés par des couvertures comme nous le sommes par un regard, une voix qui nous paraît familière, déjà entendue, une voix qui nous détourne de notre chemin, nous fait lever les yeux, attire notre attention et va peut-être changer le cours de notre existence ? » se demande la narratrice qui pense aussi qu’en se couchant, elle n’aimerait pas mourir au milieu de la lecture d’un roman qu’elle aime.

Dans le récit de John Irving publié aux éditions Seuil en 1986 (dont l’histoire a également été portée à l’écran), un gynécologue excentrique met au monde des enfants non désirés tout en les gardant dans son orphelinat (l’oeuvre de Dieu), mais d’autre part, il pratique aussi des avortements illégaux (la part du diable). Une relation père-fils riche en émotions va se nouer avec l’un de ses pensionnaires et se développera au fur et à mesure de la poursuite du récit.

Si la thématique de ce roman tourne autour des questions d’avortement et d’abandon, elle fait surtout l’éloge des véritables liens d’amour qui se construisent au fil de l’existence et qui ne sont pas toujours les liens familiaux. Un peu comme dans le roman de Valérie Perrin où les protagonistes font face à des problèmes de deuil et d’abandon, mais sont invités à trouver des issues de secours grâce à des rencontres amicales ou amoureuses improbables.

« La nuit n’est jamais complète, il y a toujours au bout du chemin une fenêtre ouverte » selon le titre d’un chapitre de « Changer l’eau des fleurs ».

Prix des lecteurs 2019 auprès des éditions Le Livre de Poche

 

Le roman de Valérie Perrin est un roman bienfaisant et optimiste qui a été salué par beaucoup de lecteurs.

Il a d’ailleurs obtenu le prix des lecteurs du Livre de Poche 2019, catégorie littérature, aux éditions Le Livre de Poche.

Changer l’eau des fleurs, c’est un peu comme continuer malgré tout à nourrir la vie en lui offrant l’occasion de rejaillir en beauté.

 

 

 

 

Bandes dessinées pour remonter le moral

Par défaut

Les gens honnêtes de Durieux et Gibrat

« Les gens honnêtes »

de Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat

(Editions Dupuis, 2014-2016)

Les quatre tomes « Les gens honnêtes » m’ont tout particulièrement touchée, alors qu’habituellement, il faut l’avouer, je ne suis pas très friande de bandes dessinées. La mixité du texte et de l’image n’est pourtant pas pour me déplaire lorsque les personnages et leur démêlés se montrent attachants. Cette situation s’est précisément présentée à moi lors de la lecture de cette BD en quatre tomes.

Sur une note douce-amère, le récit en images nous entraîne dans les pérégrinations d’un quinquagénaire qui vient de perdre son emploi et se voit incapable de remonter la pente, d’autant plus que son épouse l’a quitté. Au fond du trou, il (re)découvre le monde qui l’entoure et puise ses forces dans l’amour et l’amitié. Si le premier tome nous la joue sur une note plus amère que douce, malgré de constantes touches d’humour, les trois autres tomes gagnent en optimisme. Le protagoniste reprend vaille que vaille son destin en main et la vie continue avec ses hauts et ses bas .

Une bande dessinée bienfaisante ?

L’humanité de Philippe, le protagoniste du récit, est au coeur même de ce récit tragi-comique. Le lecteur peut facilement s’identifier à ce personnage qui doit faire face à des problèmes privés et professionnels assez similaires à ceux d’un bon nombre de quinquas : retrouver un emploi après 50 ans, supporter les difficultés rencontrées par ses enfants adolescents, gérer sa propre situation amoureuse, s’occuper de ses parents vieillissants…

Bien entendu, certaines situations peuvent sembler rocambolesques, mais lorsque la dernière page est tournée, nous avons l’impression d’avoir cheminé longtemps avec Philippe au travers de déboires et de moments de bonheur tout à fait réalistes.

L’humour, remède miracle

Les touches d’humour pleuvent tout au long du récit et nous attendrissent sur le miroir des petits et grands tracas du quotidien. Le protagoniste boit aux sources de l’amour et de l’amitié qui lui tendent des perches pour se relever…

Même si ces perches ne sont pas toujours hum hum les plus adéquates ….  🙂 n’est-ce pas ?

Extrait du tome 2 « Les gens honnêtes »

Bande dessinée – littérature ?

La bande dessinée a l’avantage de toucher un large public. Les écrits, plus courts, sont facilement compréhensibles parce que supportés par des images. Textes et images captent plus vite l’attention du lecteur dont les yeux parcourent rapidement la page et s’accrochent facilement sur le fil d’un récit.

Or ces caractéristiques donnent souvent lieu aux préjugés que tente de définir Jacques Dürrenmatt dans son ouvrage « Bande dessinée et littérature » paru aux Editions Classiques Garnier en 2013

Selon l’auteur, les a priori fustigeant la bande dessinée reposent sur quatre points  : 1) ce genre littéraire se lirait trop rapidement 2) les descriptions relèveraient uniquement des images plutôt que du texte 3) le texte serait appauvri au profit d’une surenchère d’onomatopées et de signes expressifs comme les points d’exclamation etc. 4) la bande dessinée serait incapable de retranscrire les émotions des personnages.

Prenons ces points l’un après l’autre au regard de la bande dessinée de Durieux et Gibrat.

Lecture rapide :

Lire rapidement une histoire ne constitue pas vraiment un inconvénient ou un défaut de qualité. Au contraire, savoir qu’il ne faudra pas se concentrer plus de deux heures peut inciter celui qui ne veut pas y accorder trop de temps, à se plonger malgré tout dans le récit.

Quant aux bandes dessinées de Durieux et Gibrat, la lecture d’un ou deux tomes enjolivera facilement toute une soirée et redonnera du baume à l’âme au lecteur épuisé par ses soucis du quotidien.

Descriptions par l’image et non par le texte :

Certes, les images prennent une place très importante dans les bandes dessinées, mais c’est leur agencement qui en font des images vivantes et captivantes et c’est le texte ou l’absence de texte qui les colore et souligne leur qualité descriptive.

Les images des bandes dessinées de Durieux et Gibrat dépeignent avec justesse l’émotion que veut nous communiquer leurs auteurs. Mais c’est avant tout le texte qui nous permet de percevoir l’ampleur de ces émotions.

Texte apprauvri par un trop-plein d’onomatopées et de signes expressifs

La BD recourt à ces moyens d’expression sonore pour éviter les petites formules qui lient les phrases d’un texte que sont par exemple : « il s’écria », « gémit-il », « la voiture vrombit »… Les images constituent le support par lequel les parties du récit sont reliées entre elles. Les sons qui les ponctuent rendent ces images plus réalistes et vivantes.

La bande dessinée se définit comme un heureux mariage entre images et textes. Grâce aux images, le texte n’est pas appauvri, il devient simplement plus minimaliste. Un simple mot suffit à faire rire, ce qui serait plus difficile sans images.

La plupart des bandes dessinées revendiquent cette qualité, celles de Durieux et Gibrat ne font pas exception.

Incapable de retranscrire les émotions des personnages

S’il existe une époque qui se caractérise par une surabondance d’images, c’est bien la nôtre. Les multiples appareils de communication à notre disposition rivalisent de petites icones pour communiquer un sentiment ou une pensée. Les smileys envahissent la majorité de nos courriels pour transmettre en quelques clics l’émotion qui nous submerge. Alors que dire des dessins représentés avec art par les auteurs de bandes dessinées ?

En tous cas, les bandes dessinées de Durieux et Gibrat ne m’ont pas laissée indifférente et le partage d’émotions était bien présent en lisant les quatre tomes.

Conclusion

La bande dessinée constitue un genre littéraire particulier qui traduit des sentiments via ses propres canaux. Tout comme le roman, elle dispose d’atouts pour inviter le lecteur à adopter une perspective différente face à certaines difficultés, voire pour comprendre une situation donnée et/ou se sentir moins seul(e).

Certes, son abord peut apparaître plus aisé que celui d’un roman. Cela n’en fait pas pour autant un genre littéraire de moindre valeur.

En outre, une bande dessinée peut également se présenter comme une lecture bienfaisante, à condition toutefois qu’elle remplisse les mêmes conditions qu’un roman bienfaisant pour le lecteur qui doit pouvoir y trouver les outils nécessaires pour surmonter les aléas de son existence…

Bonnes lectures à toutes et tous !

DEMAIN : revenir en arrière pour changer le futur

Par défaut

Guillaume Musso Demain

 

« Demain »  Guillaume Musso

XO Editions (2013)

Remonter le temps et éviter les douleurs du présent : une option qui ouvrirait de multiples horizons. Le roman « Demain » de Guillaume Musso nous dévoile les côtés intéressants d’une telle éventualité tout en nous mettant en garde contre le revers de cette fortune.

Histoire d’amour et intrigue temporelle

Un veuf éploré et une jeune femme se fixent un rendez-vous dans un restaurant italien à Manhattan. Ils ont sympathisé à travers un échange d’emails, et ils ont hâte de se retrouver face à face. Toutefois, bien que tous deux se rendront au lieu-dit à l’heure prévue, cette rencontre n’aura jamais lieu…

Dans une interview, Guillaume Musso évoque le terrain très romanesque qu’offrent les nouvelles possibilités technologiques, notamment la communication par Internet. Il fait référence à un site où il est possible d’envoyer des messages dont la lecture est uniquement autorisée à partir d’une date précise (dans une semaine, un mois, un an…). Cet échange de messages avec possibilité de distorsion du temps et de l’espace l’a beaucoup inspiré pour ce roman.

Distorsion temporelle

Le temps : thème récurrent dans la fiction

« Ah si je pouvais remonter le temps et éviter tout le malheur qui nous est tombé dessus ! »

Nous entendons parfois cette supplique, nous la formulons souvent à voix basse, mais en vain. Est-ce pour cela que les romanciers ont tenté de pallier l’impossible en rédigeant des histoires où un retour dans le passé est envisageable pour corriger ses fautes, éviter un accident ou écarter une catastrophe ?

 

 

La machine à explorer le temps de H.G. Wells (1895) aurait ouvert la voie à la littérature de science-fiction dans laquelle le voyage temporel serait scientifiquement possible. Vers la fin du XIXe siècle, la science-fiction reprend en effet à son compte les thèmes de la littérature fantastique en y incluant les nouvelles évolutions scientifiques.

Toutefois, pour le protagoniste, l’exploration du passé s’avère souvent un échec. Il se rend compte qu’il lui est impossible d’échapper à son destin et/ou de modifier le funeste sort de l’humanité.

Le voyageur imprudent de Barjavel (1943)   pourra quant à lui modifier son avenir. Mais il se verra alors confronté à ce que l’on appelle le « paradoxe du grand-père » : si je tue mon grand-père, je n’existe plus, or si je n’existe plus, je ne peux remonter le temps pour tuer mon grand-père.

 

Les distorsions temporelles peuvent s’avérer infernales pour le protagoniste.  Dans la nouvelle Une nuit interminable de Pierre Boulle (parue dans le recueil Contes de l’absurde) (1953), le voyageur est condamné à revivre indéfiniment en boucle la même journée. Dans certains récits ou films, une telle boucle pourrait néanmoins servir le protagoniste dans la reconstruction de son identité et donc de son futur.

D’autres récits mettent en place des gardiens du temps chargés d’éviter les paradoxes temporels et d’interdire coûte que coûte toute intervention qui contaminerait l’équilibre du temps (cfr romans La patrouille du temps de P. Anderson (1955) et La fin de l’Eternité de I. Asimov  de I. Asimov (1965)

Ces exemples ont été cités par Laurent Labrune dans un article très intéressant paru dans la Revue française de psychanalyse 1997/05, T61, N5, Temporalité et science-fiction (ou le voyage dans le temps comme explorateur de la temporalité psychique) .

L’auteur y compare les diverses façons dont les romans de science-fiction traitent la distorsion temporelle comme autant de projections inconscientes de notre temporalité psychique.

Le thème du temps revient continuellement dans la littérature, mais aussi au cinéma et dans les séries télévisées, et les exemples sont nombreux. Vous connaissez certainement des récits du genre qui vous ont enchantés.

 

Temporalité dans la fiction, un thème bienfaisant ?

Les romans de science-fiction fascinent le lecteur qui a besoin de s’extirper de sa réalité pour trouver une issue de secours à ses soucis quotidiens. Le voyage dans le temps constitue une évasion inespérée.

En outre, si ce souhait de distorsion temporelle correspond plus ou moins à un désir de notre inconscient, alors le récit qui se joue du temps est libérateur et donc bienfaisant 🙂

Dans le roman de Guillaume Musso, le protagoniste pleure sa défunte épouse. L’expérience extraordinaire qu’il va vivre avec celle qu’il rencontre sur le réseau Internet lui ouvre une brèche inespérée, celle de surmonter l’épreuve du deuil en en supprimant la cause. Mais est-ce finalement pour un mieux ?

 

Remèdes littéraires

Par défaut

« Remèdes littéraires »

« Se soigner par les livres »

(traduction de la version anglaise « The Novel Cure, An A-Z of Literary  Remedies »

par Philippe Babo et Pascal Dupont, publiée chez JC Lattès en 2015)

 

Cet ouvrage de référence est l’oeuvre de Ella Berthoud et Susan Elderkin qui ont créé un service de bibliothérapie à la School of Life de Londres en 2008. La School of Life favorise le développement des compétences émotionnelles en amour, dans le travail, dans les relations avec soi et avec autrui. Sur le site de cette école, on peut se diriger vers une section « The Book of Life » où plusieurs chapitres traitent de bibliothérapie, notamment

Chapitre 22 : The importance of books (L’importance des livres)

Chapitre 28 : What is Literature for ? (A quoi sert la littérature ?)

Chapitre 41 : The Book that Understands you (Le livre qui vous comprend)

 

A la veille de la Toussaint, le thème de la mort et du deuil traverse nos vies et réveille nos souvenirs.

Quels sont les romans qui aident à traverser l’épreuve de la mort d’un être cher ?

Dans leur ouvrage, les deux auteures évoquent les cinq étapes du deuil identifiées par Elisabeth Kübler-Ross à la fin des années 60.

Un roman figure au menu pour chacune de ces étapes.

1. Déni ou état de choc :

La proposition de lecture proposée par les « Remèdes Littéraires » dans cette étape de déni est « Quand tu es parti » de Maggie O’Farrell 

Une femme se sauve après avoir vu quelque chose de choquant, puis elle tombe dans le coma, et des réminiscences du passé affluent dans son cerveau.

 

2. Colère :

Selon les conseils issus de l’ouvrage « Remèdes littéraires », rien de mieux pour extérioriser ce sentiment de colère que de lire « Incendiaire » de Chris Cleave 

Pour survivre à la douleur d’avoir perdu mari et fils dans un attentat, une femme écrit une longue lettre à Ben Laden.

 

3. Marchandage :

Une façon de négocier avec soi-même et le destin pour faire taire la souffrance serait perçue dans  « Extrêmement fort et incroyablement près » de Jonathan Safran Foer

Expliquer l’inexplicable, c’est ce que va tenter de faire un jeune garçon en cherchant la serrure pour la clef que lui a remise son père juste avant de mourir dans les attentats du World Trade Center.

4. Dépression :

Le sentiment le plus redouté est exploré dans « Tout ce que j’aimais » de Siri Hustvedt

Deux couples d’artistes amis qui vivent à New York  sont frappés par le destin qui les contraint à faire face à une grande douleur.

5. Acceptation :

Il faut parfois solder ses comptes avec la mort d’un être cher comme le découvre le narrateur de « D’ici là » de John Berger

L’auteur revoit des personnes disparues depuis longtemps, et il passe du temps avec les vivants et avec les morts.

 

Bonne lecture et bonne journée de Toussaint demain !

Lorsque les mots prennent le pouvoir avec LA VOLEUSE DE LIVRES

Par défaut

La Voleuse de Livres

Markus Zusak

(traduction française par Marie-France Girod, Editions Oh! 2007, Pocket 2008)

 

Devenu best-seller international, ce superbe roman atypique est paru pour la première fois en Australie en 2005. Il relate l’histoire d’une fillette allemande, Liesel Meminger, durant la seconde guerre mondiale. Le narrateur est pour le moins original puisqu’il s’agit de la Mort. En pleine effervescence à cette époque, la Mort croise plusieurs fois la route de Liesel, et elle est attirée – et même « touchée » – par son destin tragique.

Le jeune frère de Liesel meurt d’une vilaine toux dans le train qui les conduit vers leur nouveau foyer d’accueil. Lors de l’enterrement, la fillette vole son premier livre « Le Manuel du Fossoyeur » tombé par hasard sur le sol. Grâce à cet ouvrage, elle apprend à lire avec l’aide bienveillante de son père adoptif, un homme bon et généreux. Dans son village d’accueil près de Munich, elle croise toutes sortes de personnes à jamais marquées par les affres de la guerre, notamment un jeune Juif qui cherche refuge auprès de ses parents d’accueil.

Liesel découvre aussi le pouvoir des mots utilisés à des fins malheureuses – comme le fit Hitler avec sa propagande nazie – mais également à des fins heureuses, lorsque par exemple la lecture de récits parvient à apaiser l’angoisse des réfugiés dans un abri lors des bombardements.

« Bientôt elle fut entourée de mille morceaux de mots. Les mots. Pourquoi fallait-il qu’ils existent?  Sans eux, il n’y aurait rien de tout cela. Sans les mots, le führer ne serait rien. Il n’y aurait pas de prisonnier boitillant. Il n’y aurait pas besoin de consolation et de subterfuge pour les réconforter.« 

Roman bienfaisant ?

Souvenons-nous de la comédie dramatique italienne « La vie est belle » écrite et réalisée par Roberto Benigni en 1997. Ce conte philosophique traitait de la déportation des Juifs durant la seconde guerre mondiale avec une intention de dédramatiser la réalité grâce à la joie de vivre et à l’humour du comédien. Celui-ci prétendait que le germe de l’espoir pouvait se nicher jusque dans l’horreur.

« La Voleuse de Livres »  se présente aussi comme un conte. Toutefois, l’espoir ne trouve pas ses racines dans la joie de vivre et l’humour du protagoniste, mais dans les mots, à condition bien sûr que ceux-ci tombent entre de bonnes mains.

Plongés dans l’ambiance malsaine qui règne partout, en ce compris du côté allemand où se déroule le récit, les personnages sont soumis aux circonstances malveillantes de l’époque :  à la dictature hitlérienne, à la pauvreté et à la famine, à la culpabilité, aux interdictions d’aider les Juifs, au risque de délation, à la méfiance vis-à-vis de la littérature … Toutefois, la générosité et le courage des êtres humains restent  présents malgré la crainte face au régime totalitaire. Rien n’est perdu lorsque l’entraide et l‘altruisme persistent et usent des mots à bon escient…

La guerre entraîne aussi de nombreux décès, celui des fils, époux et pères morts au combat, celui des victimes de bombardements ennemis, celui des persécutés du régime… Mais le récit aborde le thème de la mort sous un angle original, puisque la mort est personnifiée et nous semble dès lors moins démoniaque.

« Je n’ai pas de faux, ni de faucille. 
Je ne porte une robe noire à capuche que lorsqu’il fait froid.
Et je n’ai pas cette tête de squelette que vous semblez prendre plaisir à m’attribuer. Vous voulez savoir à quoi je ressemble vraiment? Je vais vous aider. Allez chercher un miroir pendant que je poursuis.« 

La Mort devient presque une entité sympathique grâce aux mots du récit.

En retour, la Mort reconnaît le pouvoir des mots qui font la magie de cette histoire.

« J’aurais aimé parler à la voleuse de livres de la violence et de la beauté, mais qu’aurais-je pu dire qu’elle ne savait déjà à ce sujet ? J’aurais aimé lui expliquer que je ne cesse de surestimer et de sous-estimer l’espèce humaine, et qu’il est rare que je l’estime tout simplement. J’aurais voulu lui demander comment la même chose pouvait être à la fois si laide et si magnifique, et ses mots et ses histoires si accablants et si étincelants.« 

***

Ci-après la bande-annonce du film américano-allemand réalisé par Brian Percival en 2013 et qui s’inspire de ce roman bouleversant :

« Quiconque oublie le temps cesse de vieillir. … »

Par défaut

L’oubli triomphe du temps, ennemi de la mémoire.

Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessures qu’en s’alliant à l’oubli.

« Le goût des pépins de pomme »

Katharina Hagena

Version originale allemande « Der Geschmack von Apfelkernen » (2008-2009)

Traduction française par Bernard Kreiss

aux éditions Anne Carrière (2010), Audiolib (2010), Le Livre de Poche (2011)

***

Trois générations de femmes ressurgissent dans la mémoire de la narratrice après le décès de Bertha, sa grand-mère. Unique petite-fille en vie, Iris hérite de la maison familiale. Après l’enterrement, les trois filles – sa mère et ses deux tantes – lui laisseront la clef de la maison. A elle maintenant de décider si elle gardera la maison ou si elle la mettra en vente.

Durant ces quelques jours de réflexion, Iris parcourt les endroits de la maison et du jardin et redécouvre les saveurs de sa jeunesse. La jeune femme se remémore les récits et tragédies vécus par les générations précédentes, les histoires qu’on lui a racontées, mais aussi les événements et les drames qu’elle a elle-même vécus et interprétés. Elle pense à sa grand-mère qui, durant ses dernières années, avait totalement perdu le fil de sa mémoire…

Iris se raconte son histoire familiale et peut-être la réinvente-t-elle pour se rassurer et trouver une stabilité dans le flot des souvenirs :

« Les histoires que l’on me racontait étaient-elles plus vraies que celles que je fabriquais moi-même à partir de souvenirs épars, de suppositions et de choses apprises en écoutant aux portes ? Les histoires inventées devenaient parfois vraies au fur et à mesure, et nombre d’histoires inventaient la vérité. »

Le thème de la mémoire et de l’oubli est abordé sous divers angles, d’une façon que je trouve originale et lumineuse.

  • La narratrice tente de recréer son histoire familiale avec des bribes de souvenirs. En même temps, elle construit sa propre histoire dans le présent, car elle va devoir faire des choix pour l’avenir. Sa rencontre avec un ami de jeunesse pimente le présent.
  • Le passage incessant du présent au passé conjugué à toutes les époques rend l’histoire très vivante et captive le lecteur
  • Le récit de ces trois générations de femmes se déroule en Allemagne, et il est également imprégné de l’histoire peu glorieuse du pays durant les années de guerre
  • Bertha la grand-mère représente une sorte de « métaphore » des rapports entre l’oubli et la mémoire. Même si elle n’a pas choisi sa maladie, sa perte de mémoire la préserve des sentiments de tristesse, de regret, de remords.

Roman bienfaisant ?

J’ai classé ce roman dans la rubrique qui aborde le thème du deuil.  Souvent, en se rémémorant des souvenirs, nous faisons le deuil des bons moments passés et des personnes qui ne sont plus de ce monde. Il y a comme un constat de perte dans tous les cas. En même temps, nous reconstruisons une sorte de réalité qui nous arrange parmi le flot de nos souvenirs, et ceci afin de museler les remords.

La narratrice dit elle-même que

« A partir d’une certaine quantité de souvenirs, chacun devait finir par en être saturé. L’oubli n’était donc lui-même qu’une forme de souvenir. Si l’on n’oubliait rien, on ne pourrait pas non plus se souvenir de quoi que ce soit. Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l’océan de l’oubli ».

et

« J’en déduisis que l’oubli n’est pas seulement une forme de souvenir, mais que le souvenir est aussi une forme de l’oubli ».

Il s’agit ici du récit de la vie de femmes confrontées à des joies, souffrances et malheurs. Ces femmes, dont Iris se fait l’écho, ont pourtant surmonté, chacune à leur manière, les difficultés de l’existence. Le roman de Katharina Hagena, , tout en transmettant le goût et la saveur du terroir rural, est à la fois empreint de nostalgie et de soleil. Sa lecture ne manque pas de mettre à l’honneur le plaisir et le goût de vivre.

 

Sous le sapin : des romans ADOS bienfaisants

Par défaut

 

Interview exclusive du Père Noël !

Lors d’une interview exclusive, le Père Noël m’a avoué : « Je suis un grand lecteur. Grâce aux livres, je m’évade, je me cultive, j’ouvre mes pensées à autrui, je découvre d’autres perspectives, d’autres façons de voir et de sentir les choses, je me rassure aussi lorsque le livre mets des mots sur des sentiments que j’ai du mal à percer…« .

Après un temps de réflexion, il sourit et dit  « Invitons nos jeunes à découvrir ou à redécouvrir ce plaisir afin qu’ils puissent, eux aussi, profiter des bienfaits de la lecture !« 

De fait, sa hotte magique regorge de petits paquets rectangulaires…

Parmi les livres qu’il conseille tout particulièrement à la jeunesse de 13 ans et plus, j’en retiens quelques-uns, notamment trois ouvrages faisant partie d’une sélection d’oeuvres pour un prix littéraire décerné par un jury d’adolescents : le Prix Farniente.

Ma fille qui participe depuis deux ans à ce jury, a validé le choix du Père Noël.

 

« Quelqu’un qu’on aime » de Séverine Vidal

Matt, jeune père d’une fillette de 18 mois, et son grand-père touché par la maladie d’Alzheimer partent tous les trois en voyage sur les routes à bord d’un grand van. lls acceptent d’emmener avec eux un adolescent en fugue, ainsi qu’une jeune femme qui a décidé de tout plaquer. Le road movie est prétexte pour décortiquer les relations qui se nouent entre les personnages. Un livre drôle, émouvant et plein d’espoir !

Editions Sarbacane (2015) – 288 page

 

« Les petits orages » de Marie Chartres

Rencontre entre un jeune garçon, paralysé à la jambe suite à un accident dont il se sent responsable, et un Indien de la réserve de Pine Ridge. Leur amitié se joue sur l’acceptation de leur fragilité et différence respectives. Cette belle histoire évoque le thème de la culpabilité et la façon d’y remédier en continuant à vivre !

Editions L’Ecole des Loisirs  (2016) – 278 pages 

 

 

« Très vite ou jamais » de Rita Falk

Un accident de moto plonge un adolescent dans le coma. Son meilleur ami Jan lui écrit des lettres dans lesquels il lui décrit les événements de la vie qui s’écoulent durant son absence, dans l’espoir que celui-ci puisse retrouver le fil de son histoire une fois réveillé. Mais plus le temps passe, plus le désespoir gagne les proches de l’adolescent. Ce livre aborde les thèmes de l’amitié, de la loyauté, du deuil.

Editions Magnard (2016) – 224 pages 

 

Interview d’une auteure au roman bienfaisant « Il y a des siècles que je t’aime »

Par défaut

 

 

 

 

 

 

 

« Il y a des siècles que je t’aime« 

Elisabeth Demouy

Editeur : Chapitre.com, 2015

L’épreuve du deuil entraîne souvent des questionnements sur la finitude de l’existence, sur  le rôle de notre vie, sur l’après-vie… Différentes réponses existent et nous sommes tous en quête de celle qui nous convient le mieux. Dans son premier roman, Elisabeth Demouy nous propose une option réconfortante pour surmonter la perte d’un être cher.

Je remercie l’auteure d’avoir bien voulu répondre à mes questions après cette belle et intéressante lecture.

LirepourguérirElisabeth Demouy, dans ce premier roman « Il y a des siècles que je t’aime », vous abordez le thème du deuil. Le bonheur d’un jeune couple est brisé par la mort tragique de la femme, Catherine, qui perd la vie dans un accident de voiture. Maxime, son compagnon, va devoir affronter cette épreuve brutale qui l’anéantit. Pouvez-vous nous décrire les différentes étapes de sa démarche qui procèdent du roman initiatique tel que vous le définissez ?

Elisabeth DemouyMa définition du roman initiatique, c’est une lecture qui inspire, qui fait réfléchir. Qui initie le lecteur en ouvrant des portes vers d’autres consciences. Le genre de lecture qui donne parfois envie de refermer le livre entre deux chapitres ou deux pages, pour mieux intégrer son contenu. J’ai choisi le thème fort de la perte d’un être cher comme tremplin d’accès à une dimension plus vaste. Car dans la mort se trouve aussi la renaissance, c’est une transmutation d’énergie. C’est le cheminement d’un homme qui perd sa femme d’un tragique accident dans la fleur de l’âge. Ce drame inacceptable l’entraînera dans une quête de vérité qui le mènera bien au-delà de la compréhension de la mort de son âme sœur. Composé en trois parties – le deuil, la reconstruction et la quête spirituelle – il s’adresse à tout le monde.

LirepourguérirVous évoquez dans votre roman le principe de réincarnation des âmes. Est-ce une croyance à laquelle vous adhérez depuis toujours ou vous est-elle apparue comme évidente après une expérience qui vous a marquée ?

La réincarnation est pour moi une évidence. Les innombrables récits d’expérience de mort imminente (également connus sous le nom de NDE), sont là pour en attester. Cela explique le cas des enfants qui se mettent à parler dans une langue étrangère ou des personnes qui sont attirés par un pays, un lieu ou une ville et qui s’aperçoivent sur place qu’ils connaissent l’endroit comme leur poche, alors qu’ils n’y ont jamais mis un pied.

Lirepourguérir :  Pourquoi, selon vous, la croyance en la survie des âmes peut-elle être source de bien-être dans la vie de tous les jours ?

Elisabeth DemouyN’est-ce pas plus agréable de se dire que l’âme est éternelle plutôt que de croire que l’on n’a que cette vie pour tout expérimenter ? Selon le Dalaï Lama, nous aurions eu d’innombrables vies… Ce qui laisse le temps à l’âme de mûrir et d’évoluer. Choisir de croire à la réincarnation permet d’être plus serein et moins dans le jugement – de soi-même comme des autres.

Lirepourguérir :  Pour les lecteurs qui n’adhèrent pas à la théorie de la réincarnation des âmes –  voire à leur survie après la mort – pensez-vous que votre roman puisse déclencher un processus de mieux-être après le décès d’un proche ? Par exemple, en soulignant le bienfait des rencontres humaines bienveillantes comme c’est le cas dans votre roman.

Elisabeth DemouyJe l’espère ! Bien évidemment que les rencontres sont importantes. Je crois qu’on ne rencontre personne par hasard. Dans cette histoire, la belle-sœur de Maxime, lui recommande une psychologue, qui s’avérera très importante dans son processus d’ouverture. Avant la mort de son âme sœur, Maxime était tout ce qu’il y a de plus cartésien : en suivant sa quête de vérité, j’invite le lecteur à réfléchir sur sa propre vision de l’existence.