Archives de Catégorie: Récits initiatiques bienfaisants

Lorsqu’un protagoniste apprend au travers de ses aventures et de ses rencontres les évidences essentielles de la vie

Univers à la fois désenchanté et enchanteur de Murakami

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« Le Meurtre du Commandeur »

de Haruki Murakami

Tome 1 « Une idée apparaît » et Tome 2 « La Métaphore se déplace »
(Editions Belfond 2018)

 

Un succès signé Murakami

Vous ne connaissez pas encore l’écrivain japonais Haruki Murakami ? Pourtant, il figure parmi les auteurs japonais contemporains les plus lus au monde, ses oeuvres littéraires sont traduites dans une cinquantaine de langues et il s’est vu décerner de nombreux prix et distinctions, dont le Prix World Fantasy du meilleur roman en 2006 pour « Kafka sur le rivage » . Il est aussi régulièrement cité comme pouvant prétendre au prix Nobel de littérature.

 

Son quatorzième roman en deux parties, « Le Meurtre du Commandeur » livre 1 et livre 2, traduit en français par Hélène Morita et publié en 2018 aux éditions Belfond, a été l’occasion pour moi de découvrir cet auteur prolifique et talentueux.

 

Lorsque le surnaturel pénètre la réalité pour lui donner son sens…

« La réalité ne se limite pas seulement à ce qui est visible.. » nous dit le narrateur du roman de Murakami. De fait, l’auteur japonais nous plonge dans un récit réaliste (le quotidien d’un peintre-portraitiste auquel son épouse a demandé le divorce et qui s’est réfugié en solitaire dans une maison à flanc de colline) où le surnaturel fait irruption pour entrouvrir les portes d’une possible reconversion.

La maison dans laquelle habite le narrateur appartient au père d’un ami, Tomohiko Amada, autrefois célèbre peintre, mais aujourd’hui atteint de démence sénile et soigné en maison de repos. Le narrateur découvre par hasard dans le grenier une peinture de l’artiste, soigneusement dissimulée et qui s’inspire de l’opéra de Mozart « Don Giovanni »  : il s’agit de la représentation de la scène du meurtre du commandeur évoquée dans l’acte 1 de cet opéra.

Par ailleurs, le narrateur fait la connaissance d’un personnage richissime et énigmatique, Menshiki, qui lui demandera de faire son portrait et de faire celui d’une jeune fille dont il prétend être le père biologique. Grâce à Menshiki, des fouilles pourront être entreprises pour trouver l’origine d’un son de clochette qui réveille le narrateur durant la nuit.

La découverte d’une fosse dans les alentours de la maison et l’apparition d’un petit personnage insolite dans la vie du narrateur participent au fantastique qui imprègne peu à peu le récit et dont se nourrissent à la fois la narration (qui se colore d’une touche surréaliste originale) et le narrateur (en quête de réponses à ses questions existentielles).

« Dans notre vie, il est fréquent de ne pas pouvoir discerner la frontière entre le réel et l’irréel. Et il me semble que cette frontière est toujours mouvante. Comme une frontière entre deux pays qui se déplacerait à son gré selon l’humeur du jour. Il faut faire très attention à ces mouvements. Sinon, on finit par ne plus savoir de quel côté on se trouve », lui confiera Menshiki.

 

D’où vient ce réalisme magique ?

Le critique d’art allemand Franz Roh fut le premier à utiliser cette appellation pour décrire en peinture des éléments magiques et paranormaux survenant dans un environnement réaliste et reconnaissable.

Plus tard, les écrivains latino-américains revendiquent cette appellation de « réalisme magique » pour qualifier leurs récits. Le roman bien connu « Cent ans de solitude » publié en 1967 par le colombien Gabriel Garcia Marquez fait figure d’emblème de ce courant d’écriture.

Introduire la magie dans la réalité quotidienne ou historique (sans tomber dans le surnaturel à outrance) est un procédé bien dosé qui se retrouve dans beaucoup de romans issus de la littérature internationale. On pense ici par exemple à Franz Kafka, à Marcel Aymé, Günter GrassPatrick Süskind, Toni Morrison….

et bien sûr ici, à Huraki Murakami qui use de l’étrange pour décortiquer la réalité.

« … Peut-être ce qui nous arrive nous semble-t-il être uniquement des faits parmi les plus ordinaires, se produisant de la façon la plus ordinaire, dans un quotidien linéaire. Ou bien au contraire, peut-être tout cela nous paraît-il complètement insensé. Mais en fin de compte, c’est seulement beaucoup plus tard que l’on saura vraiment si un événement est conforme à la raison ou pas. »

 

Murakami interroge la création artistique

Parmi les sujets chers à l’auteur japonais figure celui de la création artistique perpétuellement questionnée dans le roman « Le Meurtre du Commandeur« .

Non seulement le narrateur s’adonne lui-même à la peinture, mais il vit chez un célèbre peintre, qui fut spécialiste du Nihonga, la peinture traditionnelle japonaise. Le titre du roman fait référence à une toile découverte dans le grenier de l’artiste et inspirée de l’opéra de Mozart. De nombreuses réflexions autour de la peinture, mais aussi de la musique et de la littérature, sont distillées au fil du récit.

« Une peinture est une chose curieuse: à mesure qu’elle approche de son achèvement, elle acquiert sa volonté, son point de vue et sa voix propres, et lorsqu’elle est achevée, elle fait signe à l’artiste que le travail est terminé… »

« J’avais toujours aimé, tôt le matin, contempler longuement une toile absolument vierge, sur laquelle il n’y avait encore aucun dessin, aucune peinture. J’appelais ce moment « le zen de la toile« . Rien encore n’était dessiné, mais ce n’était absolument pas du vide qu’il y avait là. Sur cette surface immaculée se dessinait la forme sur le point d’advenir. Si je fixais mon regard dessus, je discernais diverses possibilités, lesquelles finiraient bientôt par converger avant de déboucher en une piste concrète. j’aimais cet instant. L’instant où présence et absence allaient se mêler. »

« Le souvenir peut réchauffer le temps. Et puis, si on y réussit, l’art peut conserver à tout jamais le souvenir en lui donnant une forme. Comme Van Gogh qui a réussi à faire survivre jusqu’à nous ce facteur inconnu d’un coin de campagne en l’inscrivant dans notre mémoire collective.« 

Récit bienfaisant ?

Cette histoire analyse avec profondeur les émotions et les sentiments des protagonistes tout en suscitant la réflexion sur de nombreux sujets.

Les personnages, et en particulier le narrateur, vivent dans un état de détachement solitaire et mélancolique. Ils attendent des réponses personnelles et universelles, et les événements, souvent étranges, leur en fourniront les clefs.

Il s’agit donc en l’occurrence d’un récit initiatique empreint d’une belle touche d’onirisme qui guide les personnages dans leur quête tout en ménageant un certain suspense pour le lecteur.

Les thèmes évoqués sont multiples et concernent le couple, la création artistique, la parentalité, la vocation professionnelle, l’amitié, la nature et la force spirituelle.

Personnellement j’ai beaucoup apprécié l’univers de Murakami qui se situe à mi-chemin entre le désenchantement des aléas d’une vie ordinaire et le côté enchanteur des choses et des rencontres qui font partie de notre quotidien et dont on se devrait de reconnaître l’empreinte, si pas magique, du moins merveilleuse…

Moriya Tadashi

Moriya Tadashi

Bandes d’ados en littérature, une bulle protectrice et initiatrice

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Le Club des cinq

Ces fictions qui mettent en scène des bandes de jeunes….

Romans ou séries télévisées, plusieurs titres sont à la une pour divertir les adolescents, mais aussi les adultes…

A commencer par la fameuse série « Stranger things » dont la troisième saison est sortie tout récemment sur Netflix et qui se décline désormais aussi en format romans dans nos librairies.

Qu’est-ce qui fait le succès de ces aventures où les adolescents mènent la barque ?

Dans « Stranger things », le suspense est distillé constamment saison après saison – ou chapitre après chapitre – en fonction des multiples rebondissements de toutes les intrigues menées en parallèle.  Les adultes s’y sont également laissés prendre, malgré le côté invraisemblable du monde dans lequel s’affairent les protagonistes. Il est vrai que les nombreuses références au cinéma et à l’univers des années 80 (cfr Les Goonies) ont tout pour séduire un public senior. Une certaine nostalgie de ces années a sans nul doute eu raison du côté un rien « too much » de la série.

Mais pas seulement !

Ce qui fascine tout particulièrement dans ces aventures d’adolescents, c’est l’évolution entre les personnages et tout particulièrement,  l’évolution des relations au sein de la bande. Nullement figées, celles-ci révèlent des situations émotionnelles authentiques (les liens d’amitié, la trahison, la loi du plus fort, les confidences, la séduction, les amours, l’importance de l’apparence) qui sont propres à tout adolescent, et avouons-le, ne sont pas étrangères au monde des adultes non plus.

Fascination pour l’évolution des relations au sein d’un groupe

Dans un groupe, nous retrouvons toujours un(e) leader, un(e) intello, un(e) moins chanceux(se), un(e) beau/belle. Les événements ont un impact sur l’évolution des relations entre les protagonistes. La loyauté, la sincérité, le partage d’émotions, l’entraide, la compréhension sont des notions sans cesse remises en question lorsque les adolescents doivent affronter leurs pires ennemis, qu’ils soient monstres ou humains.

Or ces questionnements émotionnels au sein d’un groupe font partie de l’éducation sociale et sentimentale de tout être humain. Y faire face dans la jeunesse, se les approprier pour apprendre à se connaître en tant que membre d’une communauté constituent des atouts indispensables dans l’apprentissage de la vie en société. Lorsque ces questionnements prennent une consistance sur le petit écran, ou mieux, lorsqu’ils sont décrits et explicités dans la littérature, cela nous renvoie à nos propres expériences qu’elles soient passées (pour les adultes) ou d’actualité (pour les adolescents).

La nostalgie des années 80 n’est donc pas la seule raison de cet attrait pour certaines séries télévisées ou certains romans dans lesquels les adolescents tiennent les rênes.

Le rôle de l’amitié dans l’adolescence

Michel Claes a rédigé un article en 1988 « Le rôle des amitiés sur le développement et la santé mentale des enfants », qui démontre sur base d’une étude pilote que le nombre et la qualité des amitiés à l’adolescence ont des répercussions sur les facultés d’adaptation sociale, voire sur la santé mentale à l’âge adulte.

Il détaille entre autres trois étapes dans l’évolution des amitiés adolescentes, également mises en évidence dans les études de J.C. Coleman (The Nature of Adolescence, London, Methuen, 1980) et R. Cloutier (Psychologie de l’adolescence, Chicoutimi, Gaétan Morin , 1982) .

« La première étape (11-13 ans) est caractérisée par le partage des activités plutôt que par l’interaction en soi : les amis sont ceux avec lesquels on réalise des activités conjointes. Un intérêt nouveau pour l’autre émerge cependant, l’amitié tendant à être plus sélective que durant l’enfance. La relation devient plus possessive, plus exclusive et la recherche de similitude serait à son point le plus fort. »

« Au milieu de l’adolescence (14-16 ans), la recherche de loyauté et de confiance domine. Les liens d’amitié deviennent plus profonds, ce qui implique confidence, révélation de soi et partage ; la crainte du rejet et de la trahison est particulièrement aiguë à cette période. Les relations d’amitié y prédominent, que ce soit en terme de fréquence de rencontres ou en terme de conformité aux normes des pairs (Hunter et Youniss, 1982). »

« L’amitié post-adolescente (17-19 ans) se caractérise par le partage d’expériences et d’émotions, la mutualité et l’intimité.« 

Une bulle protectrice qui rassure

Faire partie d’une bande de jeunes dispose de nombreux atouts : la force est décuplée face à l’adversaire, le soutien mutuel renforce la barrière de protection et la confiance en soi. Encore faut-il toutefois que les qualités de loyauté et d’entraide soient partagées par tous les membres.

Bulle protectrice aussi pour les lecteurs adolescents qui se reconnaissent dans ces bandes de jeunes et s’identifient à leurs vertus, mais aussi à leurs petites traîtrises, ce qui constitue un moyen de se rassurer, voire d’acquérir une connaissance de soi et des autres par le biais d’une autre perspective.

Enfin, l’humour qui filtre tout au long du récit au travers des déboires et discussions représente un filtre divertissant et protecteur pour le jeune spectateur/lecteur face aux intrigues parfois très sanglantes.

Le Club des cinq, Stranger things, Maxime Chattam….

Les aventures et les relations entre jeunes adolescents en proie à des forces obscures forment l’indéniable fil rouge qui se retrouve au sein de nombreux romans pour adolescents, parmi lesquels

  • les ouvrages de la série Le Club des cinq de la romancière britannique Enid Blyton qui furent publiés en Angleterre entre 1942 et 1963 et apparurent en France à partir de 1955
  • la série « Stranger things » qui triomphe actuellement sur l’écran et déjà en librairie
  • plusieurs ouvrages de l’auteur français Maxime Chattam, comme par exemple :
    •  la série « Autre-Monde » qui entraîne le lecteur dans un univers de science-fiction, mais également
    • le roman « Le 5e règne » dans lequel je me suis plongée un peu par hasard cet été et auquel j’ai été littéralement scotchée durant mes heures de conduite (je l’ai écouté en version audio).

Maxime Chattam Le 5e règne

Lauréat du prix du roman fantastique du festival de Gérardmer en 2003, ce thriller est mené tambour battant par une bande de jeunes adolescents, une bande comparable à celle que l’on retrouve dans la série « Stranger things » , et qui affronte d’horribles êtres malfaisants. Ces derniers sont tellement démoniaques qu’ils n’hésitent pas à assassiner certains membres de la bande. Dans ce roman, le côté « tout le monde s’en sortira » n’est donc pas de mise, ce qui rend le thriller d’autant plus audacieux et captivant.

Romans bienfaisants ?

Les romans à succès mettant en scène des bandes d’adolescents regorgent souvent d’aventures fantastiques avec tous les bons ingrédients d’un polar réussi. Outre le côté divertissant dont ils font preuve, ils dévoilent la psychologie et le développement des relations d’amitié ou d’amour qui se trament en sus de l’intrigue entre les jeunes protagonistes.

Et il faut bien l’avouer, ces relations nous fascinent autant, voire plus, que les monstres qui les déclenchent et dont on se doute – ce n’est pas vraiment un spam – qu’ils n’arriveront pas à obtenir gain de cause, ou du moins, qu’ils seront mis en pause jusqu’au prochain épisode.

L’évolution des rapports entre ces jeunes ressemble à un roman initiatique aux portes du cauchemar fantastique. Mais qui dit roman initiatique, dit aussi roman bienfaisant, car il éveille la réflexion sur les rapports humains, la connaissance de soi et de son rapport avec la société.

Prêt(e) pour le changement ?

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La vie en mieux de Anna Gavalda

La vie en mieux

 de Anna Gavalda

(Editions Le Dilettante, 2014, Audiolib, 2014, J’ai Lu, 2015)

Les deux nouvelles de ce recueil ressemblent à une ode au changement de vie. La plume vivante de la romancière française Anna Gavalda crée directement un lien d’empathie – ou du moins de bienveillance –  avec les protagonistes en proie au questionnement existentiel si caractéristique de notre époque. Ceci étant, la littérature regorge de récits où le thème du changement est évoqué.

Deux courtes histoires :

Dans l’ouvrage de Anna Gavalda, deux jeunes gens, Mathilde et Yann, connaissent des parcours de vie médiocre et sans grande saveur. Un événement assez anodin, lié à une rencontre, les bouscule et les incite à opter pour un autre chemin plus épanouissant. Chacun de leur côté, les protagonistes se remettent en question et décident de tout changer, préférant « se tromper de vie plutôt que de n’en vivre aucune ».

Thème récurrent en littérature : changer de vie

Qu’il soit forcé ou choisi, qu’il se déroule dans la sphère privée ou professionnelle, le changement de vie constitue un sujet de prédilection pour les auteurs de fictions ou d’ouvrages de développement personnel.

Pourquoi un tel engouement pour ce thème ?

Nous sommes tous des êtres de projet, souvent en demande et rarement en adéquation avec notre propre situation. L’envie est une caractéristique propre à l’être humain : c’est ce qui le fait bouger et c’est ce qui fait avancer le monde dans lequel il habite.

Littérature classique : l’ascension sociale et l’idéal romantique comme moteurs de changement

L’attrait pour la richesse et la reconnaissance sociale est un moteur prédominant du changement dans la littérature classique :

Dans « Le rouge et le noir » de Stendhal, Julien Sorel tente de s’élever au-dessus de la condition sociale de ses parents charpentiers.

Dans « Martin Eden » de Jack London, les motivations de réussite sociale de Martin sont similaires.

Ce désir de changement est aussi intimement lié à un idéal sentimental. Mais le prix à payer reste souvent désastreux. Ces deux fresques littéraires montrent que le changement de vie souhaité aura le mérite d’aboutir à une meilleure connaissance de soi, ainsi qu’à une estimation toute relative de l’importance accordée à la richesse et à la réussite sociale.

Dans  « Madame Bovary » de Gustave Flaubert, le désir de changement qui parasite la vie d’Emma Bovary vient en grande partie de ses lectures qui la noient dans un idéal romantique illusoire. On connaît la fin tragique qui en découle…

Que disent les fictions contemporaines à propos du changement ?

Les multiples ouvrages de développement personnel montrent à quel point la quête de bonheur et d’épanouissement personnel est devenue l’objectif essentiel de toute existence. Les enjeux des siècles précédents ont évolué, et avec eux, les codes sociaux qui en découlent. Nous ne vivons plus dans une société où franchir les barrières entre les classes sociales constitue un exploit héroïque et séduisant.

Aujourd’hui, les chaînes de l’existence sont différentes et les questions sur le changement le sont tout autant : une femme peut-elle faire carrière en renonçant à sa place dans la famille ? un cadre avec un bon salaire peut-il décider de tout plaquer pour se lancer dans une expédition écologique ou humanitaire ? peut-on troquer une carrière de salarié réconfortante contre une carrière d’artiste sans garantie de sécurité ? un homme ou une femme peuvent-ils décider de renoncer au confort d’une première vie conjugale pour revenir à une vie de célibat ?

Ces questions sont soulevées dans certains romans, parfois même dans des thrillers pour lesquels le changement de vie constitue un véritable ressort narratif. Il s’agit avant tout de retrouver ses propres valeurs, son propre moi, indépendamment des critères « raisonnables et sensés » qui exhortent à l’immobilité.

Dans  « La femme qui fuit » de Anaïs Barbeau-Lavalette, l’auteur trace le portrait de sa grand-mère qui a abandonné ses deux enfants pour suivre sa propre voie.

Dans « Demain il fera beau » de Céline Rouillé, une femme de quarante ans décide d’ouvrir un gîte en Normandie et doit surmonter plusieurs obstacles parmi lesquels la décision de son mari de ne pas la suivre dans son nouveau projet.

Dans « Eldorado » de Laurent Gaudé, le thème des migrants est abordé avec celui de la quête d’un rêve au péril de la vie. Un surveillant des côtes optera pour un changement afin de venir en aide à ces migrants.

Dans « L’homme qui voulait vivre sa vie » de Douglas Kennedy, le protagoniste est un homme apparemment comblé, pourtant il se sent l’imposteur de sa vie, et profite d’un coup du destin pour changer d’identité et réaliser un rêve de jeunesse en devenant photographe.

Dans « Hector veut changer de vie » de François Lelord, le psychiatre Hector – que l’on retrouve dans d’autres romans de la même série –  est confronté à des patients qui veulent tous changer de vie. Lui-même ne se pose-t-il pas les mêmes questions ?

Dans  « J’ai fait un voeu » de Allison Morgan, la narratrice frôle la mort et décide de réaliser ses rêves d’enfance, même si cela implique de renoncer à sa vie « parfaite » actuelle.

Dans « Demain est un autre jour » de Lori Nelson Spielman, la protagoniste retrouve la liste de ses souhaits énumérés à l’âge de 14 ans et se voit contrainte de les réaliser pour obtenir la part d’héritage que lui lègue sa mère

Cette série de romans sur le changement est loin d’être exhaustive, il existe beaucoup d’ouvrages qui évoquent ce sujet, parmi lesquels une grande majorité de fictions feel-good, ainsi que des livres de développement personnel que je n’ai pas cités ici. Le lecteur en quête de réponses trouvera sans nul doute un réconfort dans l’un de ces récits.

Il est à noter que le moteur du changement vient souvent d’une impulsion extérieure ou d’un événement marquant (un deuil, un choc émotionnel), sorte de secousse qui met le pied à l’étrier de la personne désireuse de ne pas continuer sur une route toute tracée.

Changer fait peur et constitue un processus douloureux, semé d’embûches. Mais si la vie était simple, cela se saurait, n’est-ce pas ?

En guise de conclusion, je vous invite à regarder une petite vidéo sur Caroline Vigneaux qui a arrêté sa carrière d’avocate pour devenir humoriste. Dans une interview du 13 juin 2017, elle concède que sur son lit de mort, elle préférerait se dire qu’elle a fait une connerie en changeant de métier, plutôt que se demander ce qu’aurait été sa vie, si elle avait osé le changement….

 

 

Papillon thérapeutique pour la rentrée scolaire !

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« Le Bruissement de l’aile du papillon »

Stéphanie Zeitoun

Editions Alphée, 2007

Premier roman d’une journaliste spécialisée dans les techniques de développement personnel, ce conte initiatique s’adresse tout particulièrement aux jeunes adolescents.

Le récit relate les difficultés rencontrées par une jeune fille et la façon dont elle trouvera le moyen de les surmonter. A 12 ans, Yaëlle est confrontée à un terrible choc : le décès de son père lors d’une catastrophe aérienne. S’ensuivent la dépression de sa mère et sa prise en charge par les grands-parents. Sa mère reviendra par la suite, mais avec un nouveau compagnon.

Tous ces changements sont terriblement difficiles à vivre pour l’adolescente. Toutefois, un colis laissé par son père et qui lui sera remis peu après son décès l’aidera à grandir et à faire face aux épreuves de la vie.

Roman bienfaisant ?

Ce roman initiatique semble a priori candide, mais il regorge de bon sens. S’adressant tout particulièrement à un jeune public, il peut aussi toucher le lecteur adulte et lui ouvrir des portes insoupçonnées.

« Le Bruissement de l’aile du papillon » est un récit thérapeutique où la métaphore du papillon en devenir correspond au passage à l’âge adulte.

Stéphanie Zeitoun nous parle dans l’interview ci-dessous de la genèse de son roman et du pouvoir bienfaisant des contes.

 

Des récits lumineux à prescrire d’urgence

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Jolie libraire dans la lumière

Editions Desclée de Brouwer (2012)

La forêt plénitude

Editions Mijade (2013)

Frank Andriat

Ces deux romans de Frank Andriat soulignent l’influence que peut exercer la lecture sur l’existence d’une personne.

Dans « Jolie libraire dans la lumière » , une jeune libraire tombe par hasard sur un roman relatant dans le détail un événement qui a profondément et douloureusement marqué sa propre histoire personnelle.

« Il lui avait toujours semblé si étrange que, dans un livre, on pût se retrouver, comme en un  miroir déformant, mais aussi révélateur de ce que, de soi, on préfère ignorer ».

Dans « La forêt plénitude »  , une jeune fille de 18 ans reçoit pour son anniversaire un livre qui la bouleverse et lui donne des ailes pour quitter ses proches et vivre seule durant un laps de temps en harmonie avec la nature afin de retrouver de véritables sensations de « plénitude » .

« Un livre, ça peut être tout ou presque rien. Un coup de vent dans la forêt du songe, un tremblement dans notre vie réelle. Il peut modifier la lumière de notre quotidien, la rendre soudain plus vive ou plus ténue. On continue de respirer comme avant et, pourtant, au coeur de nous, une graine pousse, inattendue ».

La puissance de la littérature sur nos vies constitue le fil conducteur de ces deux narrations rédigées d’une plume vraiment agréable à suivre. Le lecteur se retrouve vite plongé dans l’atmosphère enchanteresse de ces deux récits qui ne manquent pas de suspense.

 

Romans bienfaisants ? 

En mettant en lumière la magie de la lecture, Frank Andriat montre combien il peut être vital de faire de temps en temps une pause pour se retrouver et « se réfléchir ».  Le fait de lire contribue à cette retraite, car cela implique d’arrêter le temps pour retrouver une certaine intériorité et s’ouvrir à celle d’autrui, en l’occurrence celle proposée par l’auteur.

Un tel acte permet ensuite de reprendre le cours de son existence avec un nouvel entrain et une autre façon d’appréhender les choses.

Pour la « Jolie libraire dans la lumière » , un livre fait éclater les peaux mortes d’un tragédie refoulée. Et c’est grâce à un livre que la protagoniste de « La forêt plénitude » souhaite se réfugier dans une retraite qui lui apportera son lot de réponses inattendues.

J’ai eu le plaisir de rencontrer l’auteur belge Frank Andriat. Il a écrit de nombreux romans pour adultes et adolescents. Ses écrits, que je qualifierais de lumineux, décortiquent les sentiments humains et permettent au lecteur de s’y retrouver comme dans un miroir. Les options proposées apportent réconfort et bien-être à l’âme.

Le roman qu’il a récemment publié, « Le bonheur est une valise légère » , fera certainement l’objet d’une prochaine chronique sur ce blog.

 

Ces contes qui donnent du baume au coeur

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« Coeur de Cristal » de Frédéric Lenoir

chez Robert Laffont (2014), mais aussi en version audio chez Audiolib (2014)

 

Voici un conte initiatique bienfaisant facile à lire et susceptible de plaire aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

Truffé de belles citations, le conte relate l’histoire d’un prince dont le coeur est recouvert d’une gangue de cristal qui l’empêche d’aimer. Alors qu’il est en âge de se marier et de succéder à son père, aucune femme ne lui inspire l’amour nécessaire. Il décide alors de parcourir le monde pour trouver celle qui peut briser le maléfice dont il est victime.

« L’amour est le parfum et la saveur de la vie. « 

« On ne peut donner que ce que l’on possède : celui qui ne s’aime pas ne saura jamais aimer.« 

« Lorsque ton cœur est inquiet, cesse d’imaginer le pire, car tu risques de le provoquer par la force de tes pensées. Songe au contraire que tout est pour le mieux et tu convoqueras le sort en ta faveur.« 

« Dans toute confrontation, c’est par la peur que nous sommes vulnérables.« 

« Ne donne à personne le pouvoir de te rendre heureux ou malheureux. » etc.

Roman bienfaisant ?

Il est toujours bon d’entendre ou de ré-entendre des principes de sagesse universelle. Cela permet de remettre  les choses à leur place et de reconsidérer son point de vue souvent faussé par les émotions.

Cette oeuvre n’a pas d’autre prétention que d’être un conte initiatique regorgeant de bons principes, mais elle contient suffisamment de suspense pour que tout un chacun y trouve son plaisir.

Je vous invite à écouter ci-après l’interview de l’auteur, Frédéric Lenoir.

Hymne à la liberté « Jonathan Livingston le goéland » de Richard Bach

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« Jonathan Livingston le goéland » de Richard Bach

Ce roman initiatique paru en version anglaise en 1970, fut traduit en français par Pierre Clostermann en 1973 aux éditions Flammarion. On peut aussi le trouver en format poche aux éditions J’ai Lu.

Véritable conte métaphorique et initiatique, ce joli récit fait l’apologie de la liberté et  du dépassement de soi pour atteindre la voie de l’épanouissement et du bonheur. Il est  souvent recommandé par les formateurs en développement personnel.

L’histoire nous parle d’un goéland qui se différencie de sa communauté parce qu’il a envie d’améliorer ses capacités de vol, alors que ses congénères utilisent uniquement leurs ailes dans le but de se nourrir. Son attitude scandalise et l’exclut de son clan, mais cela lui donnera l’occasion de découvrir d’autres horizons et de faire de nouvelles rencontres qui lui permettront d’aller au bout de ses passions et de son être.

La sagesse qui émane de ce petit roman nous interpelle…

Le paradis n’est pas un espace et ce n’est pas non plus une durée dans le temps. Le paradis c’est simplement d’être soi-même parfait

Il parla de choses fort simples, disant qu’il appartenait à un goéland de voler, que la liberté est dans la nature même de son être, que tout ce qui entrave cette liberté doit être rejeté, qu’il s’agisse d’un rite, d’une superstition ou d’un quelconque interdit.

« Votre corps, d’une extrémité d’aile à l’autre, disait parfois Jonathan, n’existe que dans votre pensée, qui lui donne une forme palpable. Brisez les chaînes de vos pensées et vous briserez aussi les chaînes qui retiennent votre corps prisonnier…”

Jonathan le Goéland comprit que l’ennui, la peur et la colère sont les raisons pour lesquelles la vie des goélands est si brève et, comme il les avait chassés de ses pensées, il vivait pleinement une existence prolongée et belle.

Il faut t’efforcer de voir le Goéland véritable – celui qui est bon – en chacun de tes semblables et l’aider à le découvrir en lui-même. C’est là ce que j’entends par amour.

Voici un lien pour illustrer en musique et en vidéo ce conte qui est devenu un classique du genre :

▶ Neil Diamond – Jonathan Livingston Goeland – Vidéo Dailymotion.

 

Pour marquer ce début de septembre, et donc cette nouvelle année scolaire 2014-2015, je me suis lancé un nouveau défi : écrire une fois par mois une chronique d’une oeuvre littéraire dite « classique » qui aurait des qualités  » bienfaisantes »… ceci pour répondre à certaines demandes en ce sens…

Le goéland de Richard Bach inaugure donc les débuts de ce nouveau défi….

Chers lecteurs ou lectrices de ce blog, si vous avez des témoignages de classiques littéraires bienfaisants, n’hésitez pas à m’en faire part !

 

 

Récit initiatique : « Il était une rivière » de Bonnie Jo Campbell

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« Il était une rivière » de Bonnie Jo Campbell,

dont la traduction fut publiée chez JC Lattès en 2013, et qui est désormais également disponible aux éditions Le Livre de Poche. Ce roman fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs pour le mois de juillet 2014.

Véritable hymne bucolique, le fil rouge de ce récit est la rivière Stark, affluent de la Kalamazoo dans le Michigan, aux abords de laquelle se situe une cité ouvrière où Margo Crane a vécu toute son enfance. Lorsque sa mère les abandonne elle et son père, lorsque son père décède brutalement quelques années plus tard, elle n’a que seize ans et doit se débrouiller pour survivre seule face à un entourage humain souvent hostile. Grâce à son don pour le tir, aux enseignements de feu son grand-père braconnier et à sa passion pour la rivière, elle fait des rencontres, noue des liens, expérimente le pire et le meilleur tirant profit de la nature qui l’entoure. Le seul modèle auquel elle aspire est celui d’Annie Oakley, femme légendaire de l’ouest américain.

Les protagonistes qui entrent dans sa vie au fil de l’histoire lui ouvrent des regards différents sur la vie et façonnent sa personnalité. Paradoxalement, ses silences et son attitude taciturne les incitent tous à parler. Ils se livrent à cette fille originale qui aspire plus que tout à la liberté.

« Crane voulait qu’elle s’exprime davantage, mais le silence et la tranquillité de l’année passée avaient éveillé en elle un désir de plus de silence et de tranquillité encore, et Margo ne pouvait affirmer que cela aurait une fin. Le silence lui permettait de réfléchir…Le silence lui rappelait les soupirs de sa mère…. Margo ne savait pas si elle pourrait aller de l’avant alors que le passé ne cessait jamais de se rappeler à elle. »

« Sans le regarder elle but son café et caressa la tête de Martin. Le silence dans la pièce devint pesant et Margo le laissa grandir. Le silence, c’était un jeu qu’elle connaissait. »

Bien que certaines scènes ne soient pas exemptes de violence – cette violence brute propre à la nature et à l’homme  – l’écriture laisse un arrière-goût apaisant, ponctué par les murmures de l’eau et le bruissement des animaux qui vivent près la rivière.

Récit initiatique  bienfaisant dans le sens où il incite le lecteur à découvrir une façon de vivre libre, proche de la nature et sans aucune contrainte sociale, une façon de vivre qui peut sembler attirante, mais où le prix à payer est élevé, car il oblige à vivre en solitaire. Or le contact avec autrui, tout difficile et compliqué soit-il, reste néanmoins un besoin fondamental, souvent plus précieux que la liberté.

« Elle pensa au chasseur indien. Il vivait seul, mais sa famille attendait son retour. Nul n’attendait Margo. Margo s’était laissée devenir une personne coupée de tout lien avec les autres… »

 

 

 

Récit initiatique bienfaisant : « L’Âme du monde » de Frédéric Lenoir

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« L’Âme du monde » de Frédéric Lenoir, paru aux éditions NiL, mais également en version Audiolib 2012 lu par Odile Cohen.

J’ai écouté ce récit dans ma voiture au fil des allers et retours à mon travail. Les contrariétés et les soucis d’une journée disparaissent vite lorsqu’on se laisse bercer par toute la sagesse qui ressort de cette histoire.

Le roman débute par un appel mystérieux lancé à sept sages issus de diverses traditions et croyances. Tous pressentent qu’il faut répondre à cet appel pour éviter un cataclysme et ils se rendent dans un monastère tibétain perdu au coeur de la montagne. Bientôt leur apparaît clairement le sens de leur mission : transmettre les clefs de la sagesse universelle à Tenzin, le jeune moine élu du monastère, ainsi qu’à la jeune Natina qui a accompagné sa mère dans cette aventure.

En faisant abstraction des dogmes et des divergences culturelles qui cloisonnent leur croyance respective et qui peuvent conduire à l’intolérance, les sept sages ainsi que le lama tibétain du monastère tentent de retrouver ce qui constitue le message universel d’une vie spirituelle harmonieuse et de comprendre la force bienveillante qui gouverne le monde.

Alors que la première partie pose le cadre du récit et nous présente les  sages, la seconde partie se consacre à transmettre aux adolescents et aux lecteurs que nous sommes des évidences essentielles qui aident à bien vivre. Cette transmission se fait par le biais de contes et de citations.

Extrait : « Un sage prit la parole et dit : « Le regard que nous portons sur le monde n’est pas le monde lui-même, mais le monde tel que nous le percevons à travers le prisme de notre sensibilité, de nos émotions. Si le monde vous apparaît triste ou hostile, transformez votre regard et il vous apparaîtra autrement. C’est par un travail intérieur, psychologique et spirituel, que nous pouvons véritablement changer et faire évoluer notre perception du monde extérieur. »

L’auteur nous confie dans l’interview qui suit le roman qu’il s’est inspiré de légendes issues des quatre coins du monde tout en leur enlevant les caractéristiques qui les relient à une culture bien spécifique.

Vous pouvez écouter une interview en cliquant sur ce lien :

Frédéric Lenoir – Musique matin – 11/06/2012 – Vidéo Dailymotion.

Qu’il est bon d’écouter et de se pencher sur ces vérités universelles qui transparaissent dans chaque tradition humaine ! Frédéric Lenoir nous les rappelle par le biais d’une fiction agréable à lire ou à entendre selon les envies du moment….

 

Sur le MAL-ÊTRE « L’homme qui voulait être heureux » de Laurent Gounelle

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« L’homme qui voulait être heureux » de Laurent Gounelle

 

Ce roman à valeur bienfaisante est paru en 2008 aux éditions Anne Carrière, mais également en format poche aux éditions Pocket.

On retrouve déjà dans le titre la quête du narrateur : la recherche du bonheur, une quête existentielle de tout un chacun. En vacances à Bali, notre narrateur décide de se rendre par curiosité chez un sage indigène. Celui-ci lui dévoile petit à petit les méthodes pour parvenir à se libérer de ses inhibitions et à suivre le véritable chemin vers le bonheur, non pas celui qui semble tout tracé pour lui au départ, mais celui qui correspond à ses attentes les plus sincères et authentiques. Une des clés du bonheur est notamment d’avoir une image positive de soi, car c’est ainsi que l’on est perçu par les autres.

« On est ce que l’on croit » et il ne faut jamais se dénigrer, ni s’amoindrir selon les dires de cet ouvrage.

Mieux qu’un livre documentaire sur « Comment avoir confiance en soi », cet ouvrage se présente sous la forme d’un roman très agréable et facile à lire et qui ne laisse personne indifférent.

Il s’agit d’un ouvrage phare que vous retrouverez également dans mon premier ouvrage