Archives de Catégorie: ROMANS POUR RELATIVISER

Avoir effleuré le Mal

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« La goûteuse d’Hitler » de Rosella Postorino

Editions Albin Michel, 2019 – traduction par Dominique Vittoz

 

« Lorsque j’étais quelqu’un d’autre » de Stéphane Allix

Mamaéditions, 2017

 

I. Seconde guerre mondiale : récits de part et … d’autre

Difficile et compliqué de se mettre réellement à la place de nos aînés qui ont survécu à ces horribles années de guerre, que ce soit du côté des victimes de la Shoah et des Alliés, mais aussi du côté des Allemands.

La littérature nous aide d’une certaine manière à ressentir les émotions et à partager les expériences des gens de l’époque, car elle abonde en romans sur la seconde guerre mondiale, soulignant les épreuves et les tragédies des uns et des autres.

Toutefois, il a fallu attendre plus longtemps pour trouver dans les librairies des romans relatant la façon dont les Allemands ont eux-mêmes vécu cette période et les raisons pour lesquelles ils ont ou non adhéré aux visions de leur Führer.

A ce propos, un ouvrage historique a été publié en français en 2017 aux éditions La Librairie Vuibert  : « La Guerre allemande : Portrait d’un peuple en guerre 1939-1945 » de  Nicolas Stargardt, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat et Aude de Saint-Loup 

 
et sur lequel l’historien et professeur Nicolas Charles a rédigé un article intéressant.

 

II. Deux récits qui parlent d’expériences allemandes

J’ai lu cette année deux récits qui évoquent cette triste période au travers des expériences « allemandes » :

« La goûteuse d’Hitler » de Rosella Postorino

Couronné par le prix Campiello en Italie, ce roman raconte le vécu d’un groupe de jeunes Allemandes recrutées de force en Prusse orientale comme « goûteuses » des repas d’Hitler afin d’éviter un éventuel empoisonnement de celui-ci. Le récit est narré par l’une de ces goûteuses, Rosa, considérée comme une « étrangère » parce qu’elle vient de Berlin et qui aura du mal à s’intégrer à ce groupe de femmes dont certaines sont prêtes à se sacrifier pour leur Führer.

L’auteure italienne s’est inspirée de l’histoire vraie de Margot Wölk, seule goûteuse survivante après la victoire des alliés, mais qui se garda de révéler la fonction à laquelle elle avait été astreinte de force durant plus de deux années.

Elle conserva ce secret jusqu’à ses 95 ans en 2013, lorsqu’elle le divulgue aux médias. Voici une courte interview sur France Info à ce sujet.

Rosella Postorino regrette de n’avoir pas eu l’occasion de parler avec cette femme (qui mourut en 2014) dont elle dresse un portrait entre réalité et fiction dans son très beau roman « La goûteuse d’Hitler ».

 

« Lorsque j’étais quelqu’un d’autre » de Stéphane Allix

Stéphane Allix est un grand reporter de guerre et journaliste d’investigation. Lors d’une retraite au Pérou en Amazonie, il fait un rêve éveillé et se voit de façon surprenante dans la peau d’un soldat SS succombant à ses blessures lors de la seconde guerre mondiale. Débute alors pour l’auteur une enquête pour découvrir d’où lui vient ce rêve et qui est ce personnage du passé avec lequel il a ressenti une troublante connexion.

Au fil de son enquête qu’il nous relate dans son récit, et qui devient par la même occasion une enquête sur lui-même, Stéphane Allix découvre que les détails de son rêve se sont avérés réels et authentiques. Il parvient à redessiner les contours de la personnalité de cet officier allemand et décrit le cheminement qui a peu à peu entraîné cet être « normal » sur la voie de l’ombre.

III. Les atouts de ces deux romans

Outre le suspense bien soutenu dans ces deux romans et outre une plume qui de part et d’autre captive l’attention du lecteur, ces deux romans ont le mérite de susciter une réflexion sur les comportements humains au coeur de situations extrêmes.

Et nous, qu’aurions-nous fait à leur place ?

« La capacité d’adaptation est la principale ressource des êtres humains, mais plus je m’adaptais et moins je me sentais humaine. » nous confie la narratrice de « La goûteuse d’Hitler » qui dit aussi :

« Ma colère contre Hitler était personnelle. Il m avait privée de mon mari et chaque jour je risquais ma vie pour lui. Mon existence était entre ses mains, voilà ce que je détestais. Hitler me nourrissait, et cette nourriture pouvait me tuer. »

et Stéphane Allix est d’avis que

« L’ombre, c’est la peur de perdre nos richesses, notre confort. C’est la facilité avec laquelle on s’accommode des souffrances de ceux qui sont loin, en fermant les yeux. L’ombre, ce sont les discours de haine et de repli, la croyance que si on s’enferme on se protège, et ça ira mieux. Qu’être réaliste, c’est ne penser qu’à soi, être égoïste en ayant bonne conscience. »

IV. Romans bienfaisants

Vous avez remarqué aussi que les auteurs de ces deux romans vivent maintenant et n’ont donc pas connu les affres de la seconde guerre mondiale. Pourtant ils ont réussi à nous transporter dans cette époque et à nous éclairer sur les attitudes des uns et des autres sans pour autant les juger.

Dans sa réflexion, Stéphane Allix questionne le thème de la réincarnation et dit :

« La guérison des vivants guérit les morts. La lumière a besoin de l’obscurité pour être perçue. S’il n’y a pas d’obscurité, on ne peut voir la lumière. »

« Toi comme moi, comme les autres humains, nous sommes seulement les costumes que des continuums de conscience endossent le temps d’un passage terrestre bien court. »

et il remet également en question notre façon d’aborder le monde ….

« Nous vivons dans une société à l’esprit très, très réduit et où seul un cheminement personnel permet à certains de découvrir une réalité plus vaste. Ce questionnement, qui conduit à remettre en question une vision du monde acquise depuis l’enfance, est provoqué en général par un « accident ». Un événement inattendu de la vie qui rend soudain insatisfaisant le modèle dans lequel l’existence coulait tout simplement jusqu’alors. […]. Se poser des questions, c’est prendre le risque d’avoir des réponses. Et ces réponses sont susceptibles de nous conduire parfois à remettre en question notre façon de vivre. Aussi la plupart des gens s’abstiennent de le faire. […]. Nous sommes des êtres craintifs, effrayés par la liberté. »

Rosella Postorino, quant  à elle, nous parle des souffrances subies par une partie du peuple allemand, bien souvent les femmes, et nous éclaire sur une réalité dont nous n’avions peut-être pas vraiment conscience… Son roman élargit notre champ de connaissances, et de ce fait, notre capacité à appréhender une réalité beaucoup plus vaste et complexe.

Il s’agit bien ici de deux romans bienfaisants qui déclenchent les rouages de notre empathie….

Accents décalés

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Humour dans litterature

Accents décalés et humour bienfaisant

dans la littérature

Définition et bienfaits de l’humour

L’humour est défini par le dictionnaire Le Petit Robert comme une « forme d’esprit qui consiste à présenter la réalité de manière à en dégager les aspects plaisants et insolites« . Grâce à quoi, l’humour facilite les rapports avec les autres et réconforte devant l’adversité.

L’humour prend ses racines dans la réalité qui nous entoure, dans notre quotidien et notre actualité pour en retirer un côté « plaisant ». Il a pour vocation de dédramatiser, voire de relativiser la plupart des situations, même les plus dramatiques. Il ressemble à la soupape d’une casserole à pression qui permet à la tension accumulée de s’échapper par une ouverture. En distendant les liens d’une emprise anxiogène du rationnel, l’humour nous offre une occasion de respirer et de nous évader.

Rire avec les autres

L’humour crée des liens de connivence et de solidarité avec autrui. « Nous avons le même humour, nous partageons les mêmes délires ». Une amitié se développe souvent autour de liens tissés par l’humour en réaction à une situation donnée.

 « L’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre » prétend Georges Wolinski

…mais ne pas rire des autres

« Humour, c’est amour; ironie, c’est mépris » affirme Dominique Noguez dans son essai « L’Arc-en-ciel des humours »L'Arc-en-ciel des humours - Dominique Noguez

Il va de soi que l’humour sort de son critère de bienveillance lorsqu’il repose sur la critique aux dépens d’autrui, lorsqu’il se transforme en moquerie blessante. Faire rire son entourage en se moquant méchamment d’une autre personne n’est pas faire preuve d’humour, mais de lâcheté et d’un cruel manque d’esprit. Qu’il est facile d’user du langage du mépris ou de l’ironie envers autrui pour amuser les autres ! Il est bien plus difficile, mais beaucoup plus courageux et intelligent de souligner le côté singulier, cocasse ou drôle d’une situation donnée, sans blesser personne tout en favorisant la solidarité et la complicité.

Rire de soi

J’en viens à l’auto-dérision qui constitue le degré le plus raffiné de l’humour. Rire de soi, se moquer de soi et en faire profiter les autres qui ne seront donc pas embarrassés d’applaudir cet humour puisqu’il provient de l’intéressé lui-même.

Rire de soi, c’est prendre un peu de distance par rapport à ses habitudes, à ses faiblesses, à ses lacunes en les analysant avec sourire et lucidité. Mais attention toutefois de ne pas verser dans l’auto-dépréciation qui conduirait inexorablement à des sentiments négatifs.

Accents décalés en littérature

La littérature regorge d’humour et d’auto-dérision vis-à-vis du réel, un réel parfois tragique, parfois insoutenable et difficile à supporter. La façon décalée avec laquelle les romans abordent certains sujets peut surprendre, mais cela ouvre en même temps un nouveau champ de vision et engendre la réflexion. La réalité tragique en devient plus vivable.

Je vais vous présenter ci-après quelques ouvrages parus voici une dizaine d’années aux éditions Le Dilettante. Ces récits ont en commun d’aborder le banal ou le tragique avec un style paradoxalement léger et cocasse. La réalité telle que nous la vivons quotidiennement nous y est présentée sous un jour nouveau, parfois étonnamment drôle et décalée.

C’est ce décalage du regard qui a poussé l’auteur belge Alain Bertrand à composer un ouvrage « On progresse » "On progresse" Alain Bertranddécrivant, façon catalogue pour  aliens, les objets contemporains et leur usage réel. Cela va du barbecue au cercueil en passant par le doudou, la pince à linge ou encore le cornet de frites dans les dernières pages consacrées au bonus belge. Il faut bien reconnaître que l’auteur sait pointer l’attention sur le côté délirant de nos habitudes face aux objets du quotidien. Un recueil de savoureux persiflages sur les vices cachés de la vie moderne à travers une paire de lunettes originales…

Si une bonne tragi-comédie burlesque truffée de personnages aux attitudes caricaturales vous tente malgré la finalité dramatique qui en découle, n’hésitez pas à vous plonger dans le roman « La belle maison » de Franz Bartelt "La belle maison" Franz Bartelt, auteur prolifique vivant dans les Ardennes françaises. Il y raconte comment une communauté villageoise tente de faire le bonheur de deux clochards, mais en se trompant sur toute la ligne. Car la signification du bonheur est multiple et sa consécration n’est pas pour tous de vivre dans une belle maison. De cette incompréhension naîtra la tragédie… Le rythme est soutenu et le détail des petits événements qui s’additionnent prend une dimension truculente et spontanée. Ce ton badin accompagne, avec un décalage talentueusement mis en scène, l’ombre qui plane sur le récit.

Tout aussi captivant et agréable à lire, le second roman de Murielle Renault « Le strip-tease de la femme invisible » "Le strip-tease de la femme invisible" de Murielle Renaultaborde des thèmes d’actualité plus ou moins graves (boulimie, anorexie, télé-réalité) sur un ton suffisamment léger pour ne pas verser dans la morosité tout en montrant habilement la volonté insidieuse de cacher l’aspect sombre du récit. La protagoniste est une femme mal dans sa peau qui décide de s’inscrire à une émission de télé-réalité dont l’objectif est de transformer littéralement le physique des candidates. Une fois relookée, elle s’apercevra vite que, loin d’avoir réglé ses véritables problèmes, sa transformation physique a entraîné d’autres soucis plus importants qui déboucheront sur de véritables drames.

Dans le genre spontané et « je le dis comme je le pense », le troisième roman de Cyril Montana « La faute à Mick Jagger » "La faute à Mick Jagger" de Cyril Montanarelate sous forme de chassé-croisé entre le passé et le présent divers moments de l’existence du fils d’un couple de Babas-cool dépassés par leurs propres problèmes et ayant malheureusement oublié d’aimer leur enfant. Avec un humour qui côtoie cafard, tristesse et amertume, l’auteur s’inspire de sa propre autobiographie pour démontrer l’importance des premières années sur l’évolution de chaque destinée, et plus que tout, la place prépondérante de l’amour parental.

Ces quelques récits aux accents décalés développent chacun à leur manière une façon d’aborder la réalité et ses aspects tragiques avec suffisamment de recul pour les comprendre et peut-être y remédier.

Je finirais sur quelques citations exemplaires du célèbre acteur comique Charlie Chaplin  :

« L’humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit. »

« Quand un monde de déceptions et d’ennuis s’abat sur vous, si l’on ne s’abandonne pas au désespoir, on se tourne soit vers la philosophie, soit vers l’humour« 

… et toujours vers la lecture 🙂

Se rafraîchir en lisant

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« L’Echappée belle » de Anna Gavalda

Editions Le Dilettante, 2009

Un livre comme une bouffée d’oxygène, ça existe !

Il fait actuellement chaud, très chaud dans beaucoup de pays, même dans ceux qui n’y sont pas spécialement habitués, comme la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas, le nord de la France…

Au risque de fondre sur place, mieux vaut se réfugier dans un coin à l’ombre, avec un ventilateur et une bouteille d’eau… sans bouger … en lisant pour s’évader au loin…. Mais que lire ? … si possible une lecture rafraîchissante bien sûr !

Je me souviens de la lecture d’un roman-nouvelle d’Anna Gavalda que je considérais à l’époque comme une véritable bouffée d’oxygène, « L’Echappée belle » . Ce roman fut ré-édité chez Le Dilettante en 2009 alors qu’il était issu d’une première écriture en 2001 récompensant les adhérents de France Loisirs.

De quoi parle-t-on dans ce roman ?

« L’Echappée belle » comme son titre l’indique raconte l’escapade d’une fratrie de quatre trentenaires qui s’offrent le luxe de quitter durant quelques heures leur vie d’adulte cabossée pour retrouver l’insouciance de leurs jeunes années. Sur le point d’assister à un mariage de famille, l’aîné et ses deux sœurs décident de planter là soucis personnels, belle-sœur acariâtre, cousins et cousines pour rejoindre le petit dernier de la fratrie, resté comme guide saisonnier dans un château en pleine campagne.

Avec cette acuité qui la caractérise, Anna Gavalda décrit les mimiques, névroses et petits gestes anodins par le biais des pensées parfois mesquines, mais toujours sincères de sa narratrice, la sœur cadette de la fratrie. Cette dernière passe une bonne partie du livre à se déchaîner pour notre grand plaisir sur sa belle-sœur « chieuse » et trop rigide à son goût. Et de constater gaiement après le départ de celle-ci que « l’ambiance était revenue. Nous avions réussi à éjecter l’alien hors du vaisseau spatial ». Restera alors à goûter pleinement à la petite virée bucolique entre frères et sœurs sur fond musical permanent teinté de nostalgie.

Qu’il est bon d’adhérer pendant le temps que durera la lecture de ce court roman aux points de vue  « bobos » de ces quatre faux jeunes en manque d’insouciance, qui se démènent chacun à leur manière dans leurs relations amoureuses respectives, et qui sont pourtant tellement ordinaires. Mais aussi qu’il est bon de survoler l’ordinaire qui nous emprisonne tous grâce à cette échappée légère et distrayante à souhait !

Pourquoi ce livre rafraîchit-il ?

On a comparé ce petit roman à une bulle de savon, un bonbon ou une pâtisserie à déguster et c’est vraiment le sentiment qui nous envahit à la lecture de ce texte drôle et spontané qui apporte avec lui une bouffée d’oxygène coquine dans un quotidien stressant où fraîcheur et franchise n’ont pas toujours la cote.

Sur le portail lexical du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales), le terme « rafraîchir » renvoie à de nombreuses utilisations que ce soit au sens propre ou figuré. Etonnamment, les trois premiers synonymes les plus courants de « rafraîchir » sont « ranimer », « réconforter » et « réparer ».

Si la glace et l’eau froide nous rafraîchissent parce qu’elles contribuent à descendre la température de notre corps ou à apaiser notre soif, une oeuvre littéraire peut nous rafraîchir également en calmant notre inquiétude, en nous revigorant. A ce propos, je reprends ici la citation de Flaubert mentionnée dans l’article du CNRTL : Des œuvres comme Ruy-Blas vous rafraîchissent le sang! Cela vous sort de la crasse littéraire qui nous entoure (Flaub.Corresp.,1879, p. 252).

La lecture de certains livres convie une impression de fraîcheur, de jeunesse ou de pureté. Elle peut rafraîchir notre coeur ou notre âme. Elle peut aussi rafraîchir notre mémoire en évoquant des souvenirs similaires et communs au narrateur et au lecteur.

D’autres oeuvres rafraîchissantes ?

Il en existe beaucoup, et comme toujours, un livre rafraîchissant pour un lecteur ne le sera pas automatiquement pour un autre. Tout dépend de la fraîcheur recherchée.

Si celle-ci est synonyme d’évasion et de légèreté, il ne faut pas hésiter à se plonger dans des romans « feel good » dont les couvertures, à elles seules, donnent une impression de fraîcheur avec leurs couleurs vives et pétillantes et leurs joyeux dessins. Si le récit est bien ficelé, l’histoire revigore l’esprit par la même occasion et lui donne des clefs pour remettre à neuf sa propre vie, voire pour la « rafraîchir ».

Si la fraîcheur signifie pour vous une prise de distance avec le quotidien rébarbatif ou la vie terrestre tellement « normale », alors pourquoi ne pas opter pour des romans fantaisistes, voire des romans de science-fiction ?

Lorsque la distance implique de trouver des réponses à de grosses questions existentielles, vous aurez le choix parmi de nombreux ouvrages en tous genres. Il vous suffit de déceler le sujet qui éveille votre intérêt ou vous pose problème et de rechercher les histoires qui traitent de celui-ci. Penchez-vous alors plutôt sur les récits dont les protagonistes font montre de quelque chose qui vous ressemble ou vous interpelle, ceci afin de pouvoir vous identifier plus facilement à eux et de comprendre au mieux leur cheminement.

Maintenant si vous avez réellement besoin d’une fraîcheur physique – comme c’est sans nul doute le cas ces derniers jours, je vous recommande le roman initiatique de Richard Bach, « Jonathan Livingston le goéland » , traduit par Pierre Clostermann et incluant des photographies de Russell Munson. Rien que la vision de cette couleur bleue fait rêver et nous apporte un peu de fraîcheur… Vous trouverez une petite chronique au sujet de ce roman en cliquant ici.

Par contre, si vraiment vous voulez vous enfoncer dans les tréfonds de la canicule estivale et ressentir les délires de la sécheresse qui accablent une communauté rurale du sud-est de l’Australie, n’hésitez pas à vous immerger dans l’excellent roman de Jane Harper « Canicule », qui fut traduit en français par Renaud Bombard et remporta le Prix des Lecteurs du Livre de poche en 2018 dans la catégorie des polars.

Parfois cela fait du bien de savoir que nous ne sommes pas les seuls à souffrir de la chaleur…

Dernières recommandations

Il me reste à vous souhaiter de bonnes lectures et à vous recommander de vous hydrater en suffisance en cette période de canicule.

Si vous en avez l’occasion, plongez dans un bain d’eau rafraîchissante tout en vous plongeant dans une histoire tout aussi rafraîchissante !!!

 

CHOISIR LA VIE

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« La réparation » de Colombe Schneck

Editions Grasset, 2012

 

Colombe Schneck est une auteure d’origine juive et lituanienne. Dans ce roman, elle nous raconte la douloureuse histoire de sa famille lors de l’extermination des Juifs durant la seconde guerre mondiale. En Lituanie, 95% des Juifs ont été tués pendant cette terrible période. Les grands-tantes de l’auteure, Raya et Macha, sont déportées dans un ghetto avec leur enfant respectif. Leur mère et les deux enfants, Salomé et Kalman, seront gazés à Auschwitz, mais elles-mêmes auront la chance de survivre et de refaire leur vie. La raison pour laquelle elles ont pu miraculeusement échapper à la terrible sélection restera sujet tabou dans la famille.

« Macha et Raya ont été déportées, ont survécu, se sont remariées, elles ont eu de nouveaux enfants. Ce ne sont pas des choses pour lesquelles il y a des mots, pour lesquelles on peut se dire, qu’aurais-je fait à leur place ? »

L’auteur cherchera à comprendre ces secrets inavouables lorsqu’elle-même deviendra mère et donnera à sa propre fille le prénom de l’un des deux enfants assassinés.

« En donnant ce beau prénom de Salomé à ma fille, j’ai fait peser sur elle une malédiction que je ne connaissais pas. »

L’écriture de ce récit représente pour Colombe Schneck une réparation face à la douleur et à la culpabilité supportées par sa grand-mère, par sa mère et inconsciemment par elle-même suite aux atrocités vécues par les membres de sa famille.

Roman bienfaisant ?

Ce roman  montre combien il est difficile de se mettre à la place de celles et ceux qui ont subi la barbarie, et combien l’instinct de survie ne peut que prévaloir dans certaines circonstances. Continuer à vivre et qui plus est, à vivre heureux constituent finalement la seule revanche possible face à l’abomination de la Shoah.

Je conseille ce roman aux grands pessimistes, à celles et ceux qui ont le mal de vivre, qui doute du bonheur. Si nous avions survécu à l’horreur des camps de concentration, aurait-il été possible pour nous de retrouver la joie de vivre ? Qui peut affirmer le contraire lorsque la vie offre une seconde chance ?

Des mots pour réparer

Zigzaguant dans une enquête qui la dépasse, l’auteur parvient à mettre en lumière l’innommable tout en racontant la détresse et l’incompréhension des proches qui n’ont pas vécu l’enfer, mais le subissent malgré tout.

Ci-après vous pouvez écouter l’interview de Colombe Schneck. Attention toutefois, elle nous parle de son récit et en dévoile tous ses secrets…

 

 

Prenons soin de notre liberté !

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« La servante écarlate »

Margaret Atwood

Traduction française par Sylviane Rue (The Handmaid’s Tale)

Publié en 1985 et traduit en français en 1987

Editions Robert Laffont (2017)

 

Ce récit dystopique se déroule dans un pays totalitaire (autrefois les Etats-Unis d’Amérique) où la religion domine la politique et où les femmes sont divisées en cinq classes : les Epouses d’hommes appartenant aux instances dirigeantes (classe dominante), les Marthas qui entretiennent les foyers, les Ouvrières, les Tantes qui forment les Servantes et enfin les Servantes Ecarlates, seules femmes encore capables de procréer dans un monde où la pollution a réduit le taux de natalité de façon catastrophique.

Ces servantes portent des vêtements rouges, ainsi qu’un prénom se composant du nom de l’homme qui est tenu de les féconder en présence de sa propre épouse lors des journées fertiles. Les punitions et les exécutions publiques vis-à-vis des rebelles sont légion au sein de cette dictature. Pour ne pas sombrer, la protagoniste principale du récit, qui est une servante écarlate, se réfugie dans les souvenirs d’un passé qui ressemble à notre présent.

L’histoire de Margaret Atwood a reçu plusieurs récompenses et a été adaptée au cinéma dans un film americano-allemand réalisé par Volker Schlöndorff en 1990, et récemment dans une série américaine réalisée en 2017 dont la troisième saison est en cours de préparation.

Thèmes abordés :

  • asservissement des femmes
  • suppression de la liberté d’expression, de croyance, de plaisir, bref de la liberté tout court
  • vision écologique

Au vu des actualités, ainsi que des avertissements lancés par la nature, le monde décrit par la romancière n’est plus un futur improbable. Ce n’est donc pas un hasard non plus que le roman publié en 1985 réapparaisse maintenant sur le devant de la scène avec la série américaine éponyme.

Auteur :

La romancière canadienne Margaret Atwood est née à Ottawa en 1939 et nous prenons plaisir à écouter son interview dans l’émission canadienne ci-après du 12 novembre 2017

 

 

Roman bienfaisant ?

Ce récit suscite très certainement des questions sur notre avenir et sur celui de nos enfants. Il est bienfaisant dans le sens où il pointe le doigt sur ce que nous devons à tout prix préserver et protéger : notre liberté et celle d’autrui, et bien sûr notre environnement naturel.

Se plonger dans une telle lecture, c’est aussi relativiser nos petits soucis quotidiens en nous disant que : nous avons encore la chance de pouvoir choisir, de pouvoir travailler, de pouvoir aimer…

 

 

Autobiographies qui font réfléchir

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« Le Son du Silence » de H.J. Lim

(Albin Michel, 2016 et Le Livre de Poche, 2018)

« Le Journal de Myriam » de Myriam Rawick

(Fayard, 2017 et Le Livre de Poche, 2018)

 

Cette année, j’ai la chance de participer au jury du prix des lecteurs du Livre de Poche dans une toute nouvelle catégorie, celle des « Documents et Essais ».

Parmi les 7 ouvrages sélectionnés, deux témoignages ont retenu mon attention parce qu’ils racontent le parcours difficile et atypique de jeunes adolescentes de notre époque.

« Le son du silence » relate à la première personne le destin d’une enfant prodige sud-coréenne qui quitte ses parents et son pays à l’âge de douze ans pour poursuivre ses études de piano en France. Lorsqu’elle s’envole depuis l’aéroport de Séoul en 1999, elle ne parle pas un mot de français. Elle devra surmonter épreuves, humiliations et jalousies avant d’obtenir enfin la reconnaissance internationale de son talent musical. Elle fera aussi de belles rencontres et se laissera guider et inspirer par la spiritualité du bouddhisme.

« Le journal de Myriam » est celui d’une enfant vivant en Syrie, à Alep entre 2011 et 2017. Myriam a sept ans en 2012 lorsque débutent les premiers tirs, puis les bombes, les restrictions, les départs forcés, la disparition d’êtres chers. Au fil des semaines et des mois, Myriam raconte le quotidien de sa famille obligée de vivre sous le joug de la peur et le poids des restrictions.

 

De ces deux ouvrages et des voix qui les portent émane pourtant une force sereine puisée soit dans les petits gestes du quotidien pour Myriam, soit dans l’inébranlable foi en la puissance de la musique pour Lim.

L’injustice dont elles souffrent chacune à titre différent ne leur enlèvera pas leur générosité, car elles n’hésitent pas à venir en aide à ceux qui en subissent encore davantage les outrances.

De leur ouvrage respectif se manifeste une puissante volonté d’utiliser les mots pour témoigner de leur destin.

Romans bienfaisants ?

Bien que racontant des parcours très différents, ces ouvrages autobiographiques représentent tous deux une belle leçon de vie et de courage !

  • Pour Lim, la persévérance et le courage de s’approprier son destin malgré l’exil qui en découle et les nombreuses difficultés  
  • Pour Myriam, la grande capacité de résilience et le courage de faire face au sort tragique et inexorable issu des affres de la guerre 

 

 

 

 

« …C’est une histoire de poux, d’errance et de sainteté… »

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« Frère des astres« 

Julien Delmaire

Editions Grasset (2016) – Le Livre de Poche (2018)

Dans ce roman, l’auteur s’est librement inspiré du récit de la vie de Benoît-Joseph Labre (1748-1783), né à Amettes dans le nord de la France et canonisé en 1881. Renvoyé pour diverses raisons de la vie monacale à laquelle il aspirait, Benoît-Joseph Labre a trouvé sa vocation religieuse en parcourant les routes d’Europe tel un pèlerin mendiant, mais tout en restant dévoué et charitable vis-à-vis des plus pauvres que lui.

Le Benoît du récit de Julien Delmaire est également né à Amettes, mais à la fin du 20e siècle et dans une famille où les « fins de mois sont souvent en pente raide ». Il se sent attiré par le mystère de la foi. Devenu adulte, il quitte le cocon familial et se lance sur un chemin d’errance et de piété à travers la France. Ses pérégrinations de chapelles en cathédrales, de bourgades en capitales sont ponctuées de rencontres improbables et relatées sur un rythme littéraire qui enchante la lecture. Les descriptions scandées en petites phrases évoquent des scènes soit miséreuses soit grandioses que le lecteur n’aura aucun mal à se représenter .

Le cadre historique de ce cheminement fait partie intégrante du décor. Benoît habite une époque et un pays, et l’auteur a le don d’évoquer avec très peu de mots des situations particulières connues, ainsi que des événements aisément identifiables qui ont envahi l’actualité voici plus de deux décennies (le génocide au Rwanda, la marche blanche à Bruxelles…).

Roman bienfaisant ?

Il est clair que personne n’envie le parcours que s’impose Benoît. Qui voudrait passer la nuit dehors, sale et affamé ?

Pourtant Benoît fait montre d’une joie de vivre à toute épreuve et cela, peu de gens peuvent s’en arroger le don. Lorsque Benoît est emmené par les policiers auprès d’un psychiatre, celui-ci conclut « Vous savez, c’est la première fois que je rencontre quelqu’un d’heureux. »

Benoît a faim, il a froid en hiver, il est sale, mais il est heureux. Difficile de se mettre à la place de cet être profondément humain et en plein accord avec toutes les manifestations de la vie. L’expérience racontée de ce bonheur dans l’errance et la pauvreté a de quoi changer notre façon d’être et de penser le monde.

Joyeuses Pâques à toutes et tous !

 

RELATIVISEZ vos soucis en LISANT ce récit poignant…

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BAKHITA de Véronique Olmi

Editions Albin Michel, 2017

Prix du Roman Fnac 2017 – Grand Prix des blogueurs littéraires 2017

 

Véronique Olmi dresse une poignante biographie de cette personne énigmatique née en 1869 dans la province du Darfour au Soudan et qui fut enlevée et torturée dans son enfance pour approvisionner les réseaux d’esclaves. Après des années de souffrance, son destin la conduit par chance entre les mains d’un consul italien qui l’emmène avec lui dans la province de Venise. D’esclave, elle devient domestique pour finalement demander à entrer dans les ordres chez les religieuses canossiennes. Son parcours atypique et sa couleur de peau feront d’elle un emblème de propagande pour servir la grandeur de l’Italie au début du 20e siècle.

Elle sera béatifiée en 1992 et canonisée par Jean-Paul II en 2000.

La première partie du récit décrit le terrible parcours de cette enfant du Darfour à qui les mauvais traitements ont fait oublier son véritable prénom. Elle n’aura de cesse de retrouver les siens, ce qui l’aidera à survivre au pire.

La seconde partie est dédiée à sa vie en Italie, aux conflits intérieurs et extérieurs qu’elle devra affronter pour entrer dans la vie religieuse et s’y conformer.

Roman bienfaisant ?

Raconter la vie d’une personne sous forme de roman est selon moi la meilleure façon d’imprégner la mémoire des gens. Sans doute peu de lecteurs avaient-ils une connaissance préalable de l’histoire tragique de cette religieuse noire. Grâce au roman de Véronique Olmi, grâce aussi à sa plume qui tient le lecteur en haleine, nous découvrons les affres d’une destinée dont le début ressemble à un véritable cauchemar.

Et si le sort a été clément envers Bakhita à un moment donné de sa vie, ce ne fut hélas pas le cas pour un grand nombre d’autres enfants ou adultes voués à l’esclavage et dont l’auteure nous évoque une partie des tourments.

Une telle lecture permet donc de relativiser ses propres soucis personnels et d’apprécier le haut degré de résilience de Bakhita face aux violentes épreuves qui ont marqué ses premières années et qui ne l’ont toutefois pas empêchée de s’ouvrir à autrui.

Ci-après, je vous invite à écouter une interview de la romancière Véronique Olmi lors de l’émission « La Grande Librairie » du 6 octobre 2017.

Elle y parle de son roman qui fut non sans raison couronné de succès et applaudi par les blogueurs littéraires…

 

« Vous qui vivez en toute quiétude, bien au chaud dans vos maisons…. »

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….premières phrases du roman

« Si c’est un homme » de Primo Levi

Editions Julliard pour traduction française, 1987

Editions Pocket, 1988 – Audiolib (2015)

Le chef d’oeuvre autobiographique de cet écrivain juif italien est mondialement connu et continue de marquer les esprits. Témoignage réaliste et poignant sur l’expérience d’un rescapé des camps d’extermination, le roman « Si c’est un homme » est devenu une référence majeure dans la littérature du genre.

Emprisonné et déporté au camp de Auschwitz début 1944, Primo Levi y restera jusqu’en janvier 1945, lorsque le camp sera libéré par les Soviétiques. Son récit autobiographique fut publié en 1947 par une petite maison d’édition italienne, mais ne connut le succès que bien plus tard.

 

Roman bienfaisant ?

Il est clair que les récits sur la Shoah restent des expériences de lecture douloureuse. Dans le roman de Primo Levi , la violence des actes de barbarie est pourtant d’une autre nature que celle que l’on retrouve dans des romans tels que « Holocauste » de Gerald Green ou « Au nom de tous les miens » de Martin Gray etc…où les persécutions ont décimé une ou plusieurs familles, séparé et assassiné leurs membres dans des conditions inimaginables. La douleur tragique et émotionnelle des séparations et des exécutions sommaires est moins présente dans le récit de Primo Levi.

Ici, la cruauté et la déshumanisation  des prisonniers sont décrites comme la conséquence d’une terrible machine organisée et planifiée par le régime nazi. Les gardiens  soumettent les prisionniers aux règlements du camp et suivent eux-mêmes les directives de leur hiérarchie. Les procédures de distribution des rations alimentaires, de sélection des prisionniers, d’interminables attentes pour obtenir des soins, d’imposition de règles sanitaires absurdes sont autant d’expériences qui affament, affaiblissent, déshumanisent et tuent les nombreuses victimes des camps de concentration.

Primo Levi raconte aussi, avec les yeux du scientifique qu’il était, comment et pourquoi certains prisionniers ont réussi à survivre, à quoi il fallait faire attention, ce qui était toléré ou non …  Sa survie personnelle, il pense la devoir d’abord au fait d’être arrivé au camp lorsque les pénuries de main-d’oeuvre ont réduit les exécutions arbitraires des prisonniers, ensuite parce qu’il a eu la chance d’être choisi pour travailler dans des conditions plus optimales, et finalement parce qu’en raison d’une maladie, il a évité de justesse les longues marches de la mort auxquelles très peu de prisonniers ont survécu.

En conclusion, lire « Si c’est un homme » de Primo Levi, c’est aussi et surtout se rendre compte que nous avons de la chance de ne pas avoir subi un tel supplice, c’est aussi et surtout se rappeler qu’il faut éviter à tout prix la répétition de ces horreurs... cfr les premières phrases de Primo Levi…

  • Vous qui vivez en toute quiétude,
  • Bien au chaud dans vos maisons,
  • Vous qui trouvez le soir en rentrant
  • La table mise et des visages amis,
  • Considérez si c’est un homme
  • Que celui qui peine dans la boue,
  • Qui ne connaît pas de repos,
  • Qui se bat pour un quignon de pain,
  • Qui meurt pour un oui pour un non.
  • Considérez si c’est une femme
  • Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
  • Et jusqu’à la force de se souvenir,
  • Les yeux vides et le sein froid
  • Comme une grenouille en hiver.
  • N’oubliez pas que cela fut,
  • Non ne l’oubliez pas…

 

 

 

« Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre

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« Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre

... un titre qui convient bien à ce jour de Toussaint....

Lauréat de plusieurs prix littéraires en 2013, dont le prestigieux Prix Goncourt, le roman de Pierre Lemaitre relate avec talent les tragiques péripéties de deux rescapés de la première guerre mondiale. Bien qu’issus de milieux sociaux différents, ils vont unir leur destinée dans un effort commun de survie aux sombres et amers lendemains du carnage des tranchées.

Sont abordées dans ce roman diverses thématiques, parmi lesquelles :

la différence sociale qui imprégnait fortement les relations humaines à cette époque, et a fortiori les relations entre militaires

« Il confirme l’adage selon lequel le véritable danger pour le militaire, ce n’est pas l’ennemi, mais la hiérarchie. »

l’injustice ressentie par les rescapés de la guerre,

« Le pays tout entier était saisi d’une fureur commémorative en faveur des morts, proportionnelle à sa répulsion vis-à-vis des survivants »

mais aussi le deuil vis-à-vis d’un fils que son père regrette – hélas trop tard – d’avoir « mal » aimé

« L’immensité de sa peine était décuplée par le fait qu’au fond, c’était la première fois qu’Edouard existait pour lui. Il comprenait soudain combien, obscurément, à contrecœur, il avait aimé ce fils ; il le comprenait le jour où il prenait conscience de cette réalité intolérable qu’il ne le reverrait jamais plus. »

Outre les protagonistes principaux, les personnages secondaires sont superbement décrits, leur psychologie finement ciselée par la plume de l’auteur.

J’ai écouté ce roman lu par l’auteur lui-même. Pierre Lemaitre nous confie avoir écrit ce livre comme une histoire racontée, ce qui explique certaines incursions de l’auteur dans la narration telles que « je vous l’avais bien dit… ». Un certain humour transparaît également dans ces incursions, apportant un peu de légèreté au côté sombre du récit.

Ecouter lire ce roman me semble une option très intéressante et je dois avouer avoir été rapidement captivée par cette narration orale, d’autant plus que Pierre Lemaitre s’avère un talentueux lecteur à voix haute.

L’auteur nous parle de son roman dans cette vidéo ICI

Roman bienfaisant ?

Roman d’évasion permettant de relativiser nos soucis, les injustices et les deuils que nous sommes tous appelés à endurer.

Valeur littéraire ?

Le roman a mérité ses prix à plus d’un titre. Dans l’interview avec l’auteur en fin de récit, il mentionne ses nombreuses sources d’inspiration littéraire parmi lesquelles des maîtres classiques comme Marcel Proust, Balzac, Diderot, Homère etc.