« La réparation » de Colombe Schneck
Editions Grasset, 2012
Colombe Schneck est une auteure d’origine juive et lituanienne. Dans ce roman, elle nous raconte la douloureuse histoire de sa famille lors de l’extermination des Juifs durant la seconde guerre mondiale. En Lituanie, 95% des Juifs ont été tués pendant cette terrible période. Les grands-tantes de l’auteure, Raya et Macha, sont déportées dans un ghetto avec leur enfant respectif. Leur mère et les deux enfants, Salomé et Kalman, seront gazés à Auschwitz, mais elles-mêmes auront la chance de survivre et de refaire leur vie. La raison pour laquelle elles ont pu miraculeusement échapper à la terrible sélection restera sujet tabou dans la famille.
« Macha et Raya ont été déportées, ont survécu, se sont remariées, elles ont eu de nouveaux enfants. Ce ne sont pas des choses pour lesquelles il y a des mots, pour lesquelles on peut se dire, qu’aurais-je fait à leur place ? »
L’auteur cherchera à comprendre ces secrets inavouables lorsqu’elle-même deviendra mère et donnera à sa propre fille le prénom de l’un des deux enfants assassinés.
« En donnant ce beau prénom de Salomé à ma fille, j’ai fait peser sur elle une malédiction que je ne connaissais pas. »
L’écriture de ce récit représente pour Colombe Schneck une réparation face à la douleur et à la culpabilité supportées par sa grand-mère, par sa mère et inconsciemment par elle-même suite aux atrocités vécues par les membres de sa famille.
Roman bienfaisant ?
Ce roman montre combien il est difficile de se mettre à la place de celles et ceux qui ont subi la barbarie, et combien l’instinct de survie ne peut que prévaloir dans certaines circonstances. Continuer à vivre et qui plus est, à vivre heureux constituent finalement la seule revanche possible face à l’abomination de la Shoah.
Je conseille ce roman aux grands pessimistes, à celles et ceux qui ont le mal de vivre, qui doute du bonheur. Si nous avions survécu à l’horreur des camps de concentration, aurait-il été possible pour nous de retrouver la joie de vivre ? Qui peut affirmer le contraire lorsque la vie offre une seconde chance ?
Des mots pour réparer
Zigzaguant dans une enquête qui la dépasse, l’auteur parvient à mettre en lumière l’innommable tout en racontant la détresse et l’incompréhension des proches qui n’ont pas vécu l’enfer, mais le subissent malgré tout.
Ci-après vous pouvez écouter l’interview de Colombe Schneck. Attention toutefois, elle nous parle de son récit et en dévoile tous ses secrets…
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