Les maux par les mots

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« Les maux par les mots – Guide de lectures thérapeutiques »

Jacqueline Cahen et Marie-Rose Lefèvre

Mercure de France, 1989

Voici une petite anthologie de poésie thérapeutique, qui, certes n’est pas très récente (1989), mais  n’en reste pas moins moderne et jouissive.

Médecine littéraire

Josephine Cahen et Marie-Rose Lefèvre, deux femmes amoureuses de littérature, découvrent qu’elles ont à portée de main « le meilleur antidote contre les douleurs du corps et surtout celles de l’esprit : une bibliothèque ». Dans leur introduction, elles annoncent « Rivalisant avec la médecine naturelle, nous vous offrons un nouvel art de vivre : la médecine littéraire. »

Pour réaliser cet ouvrage, elles ont demandé à leur entourage si certains avaient déjà été immédiatement soulagés par la lecture d’un texte littéraire ou poétique. Elles furent surprises de constater le nombre de réponses positives. Leur livre se base dès lors sur les témoignages qu’elles ont reçus, ainsi que sur les textes prescrits par ceux-ci. « Toutes les réponses sélectionnées relatent des situations authentiquement vécues. Tous les textes cités ont été au moins une fois le remède à un mal. »

L’ouvrage « LES MAUX PAR LES MOTS » se divise comme suit :

  1. Passions et désordres de l’esprit (chapitre subdivisé en Etats de crise et Etats latents)
  2. Les troubles du corps
  3. Le coin de la médecine orientale
  4. Quart d’heure de culture métaphysique
  5. Le mal d’amour
  6. Face aux épreuves de l’existence

Chaque chapitre dévoile avec beaucoup d’humour comment les « mots » extraits de textes littéraires ont produit leur effet sur des « maux » de l’esprit (pessimisme, déprime, insatiabilité….) ou du corps (migraines, insomnie, courbatures…), des « maux » d’amour (jalousie, timidité…), et d’autres « maux » de l’existence (deuil, suicide, divorce etc.).

Avertissement

Comme pour les médicaments, une même prescription littéraire ne donne pas toujours les mêmes résultats pour tout le monde, nous préviennent les auteurs.

Peu importe ! Fera l’affaire le plaisir de découvrir ces extraits littéraires mis en scène avec drôlerie et accompagnés de l’une ou l’autre formulation telle que : indications, contre-indications, posologie et mode d’emploi, précautions; lesdites formulations s’inspirant textuellement des témoignages reçus.

Citations littéraires

Les extraits littéraires et poétiques proviennent d’un grand nombre d’écrivains de renommée internationale.

Citons par exemple : Shakespeare, Oscar Wilde, Rimbaud, Lao Tseu, Khalil Gibran, Henri Michaux, Sully Prudhomme, Rainer Maria Rilke, Joachim du Bellay, Apollinaire etc.

Les textes qui ne sont pas en langue française sont bien entendu traduits, mais la plupart du temps, le lecteur pourra aussi les retrouver dans leur langue d’origine.

Lecture à haute voix

Dans la plupart des cas – si pas dans tous les cas -, il est recommandé de lire ces mots à haute voix.

S’agissant en l’occurrence de vers de poésie, entendre leur sonorité peut avoir un effet qu’on n’imaginerait pas en lecture silencieuse.

Lire à haute voix nous force à ralentir, à nous concentrer sur les mots et leur signification. Profitons de cet état de calme et d’apaisement au milieu du stress quotidien pour nous recentrer sur la puissance des mots et sur notre propre ressenti ! Pour certaines poésies, il est d’ailleurs recommandé de les lire en public, ou du moins avec la personne attitrée susceptible de comprendre le mal-être dont nous souffrons.

Des paroles bienfaisantes à l’approche de la mort

J’ai retenu un extrait d’un poème « L’agonie » de Sully Prudhomme qui m’a touchée et que je me permets de vous citer pour se réconcilier avec la mort :

Vous qui m’aiderez dans mon agonie,
Ne me dites rien ;
Faites que j’entende un peu d’harmonie,
Et je mourrai bien.

La musique apaise, enchante et délie
Des choses d’en bas :
Bercez ma douleur ; je vous en supplie,
Ne lui parlez pas.

Je suis las des mots, je suis las d’entendre
Ce qui peut mentir ;
J’aime mieux les sons qu’au lieu de comprendre
Je n’ai qu’à sentir ;

Une mélodie où l’âme se plonge
Et qui, sans effort,
Me fera passer du délire au songe,
Du songe à la mort.

Vous qui m’aiderez dans mon agonie,
Ne me dites rien.
Pour allègement un peu d’harmonie
Me fera grand bien.

Quelques mots pour faire face au surmenage intellectuel

Dans un style plus amusant, le poète Jacques Prévert avec ses « Paroles » nous donne à répéter une petite comptine pour surmonter les « excès intellectuels en tous genres » :

L’amiral Larima
La rime à quoi
La rime à rien
L’amiral Lamira
L’amiral Rien

Répétition d’un cycle de mots pour contrer le hoquet

Dans une veine encore plus drôle, l’extrait ci-après de « Cigales » du poète symboliste français Saint-Pol Roux, répété plusieurs fois selon une posologie décrite dans l’ouvrage de Stéphanie Cahen et Marie-Rose Lefèvre pourrait vous aider à stopper votre hoquet.

Dans un verger, Messire Epouvantail bat la
mesure au-dessus d’un pupitre aux notes de
cerises exécutées sur le fifre par un berger
d’ouailles qui bêlent sous un vol vivace d’hiron-
delles tricotant l’espace.

Les maux soulagés par les mots

Les avantages de cet ouvrage sont multiples.

Outre le fait que les conseils puissent s’avérer utiles pour soulager certains maux de l’existence, la lecture de ce livre nous fait connaître ou nous replonge dans des extraits littéraires qui font partie des grands classiques de la littérature. Un bonheur pour tous les amateurs de littérature !

Finalement, un tel bouquin renforce la théorie selon laquelle la lecture est source de bien-être.

Spectacle inspiré de l’oeuvre

L’ouvrage de Stéphanie Cahen et Marie-Rose Lefèvre a inspiré Francine Vidal qui s’en sert pour mettre en scène sa pharmacopée poétique (Compagnie Caracol, Bourgogne) dont nous vous proposons de visionner un extrait ci-après :

https://player.vimeo.com/video/272318578

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