« Tout un été sans facebook »
Romain Puértolas
Editions Le Dilettante, 2017
Cela faisait longtemps qu’un roman ne m’avait autant fait rire… Et pour cause, Romain Puértolas, l’auteur de l’incontournable « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa » manie plume déjantée, humour décalé et intrigue policière avec une telle aisance que chaque paragraphe hésite entre la farce décapante et un juste renvoi vers une réflexion plus profonde.
L’intrigue ? Il s’agit d’un polar cocasse dans un village perdu du Colorado qui ne connaît ni Internet, ni Facebook et porte ironiquement le nom de New York. La police du coin n’a pas beaucoup de travail sous la main. Le lieutenant Agatha Crispies (;-)), qui en impose par sa taille, sa couleur noire et ses donuts au chocolat, se réjouit donc de sortir du désoeuvrement latent lorsqu’un horrible meurtre est commis dans un village voisin.
Cette désopilante Agatha est également la présidente d’un club de lecture qui compte – je cite – 1 999 999 999 membres … (de moins) que les deux milliards de membres de la communauté Facebook… Elle adore les romans et s’en inspire pour son enquête. « On peut élucider de grands crimes grâce à la littérature ».
Pour notre plus grand plaisir, de nombreuses mentions littéraires affluent au fil des pages de cette truculente narration.
« – A l’instant même, sans retard, commençons nos investigations, dit-elle en citant Albert de Morcerf dans Le Comte de Monte-Christo. Elle aimait citer les grands classiques, c’était une manière de faire entrer la littérature dans la vraie vie. Ou de faire entrer sa pauvre vie dans le monde bien plus merveilleux de la littérature. »
En outre, Agatha aime tous les livres « sans discrimination »; les références littéraires surfent d’ailleurs sur tous les genres.
« Un livre, c’est quelque chose de très personnel. On ne l’interprète pas tous de la même façon, il ne réveille pas les mêmes émotions en chacun de nous. Que les gens lisent ce qu’ils veulent ! Ce qui les fait le plus vibrer, croire, rêver, mais qu’ils lisent ! Cessons d’avoir l’arrogance de nous comporter en dictateurs littéraires. »
Et Facebook dans tout cela ? Agatha nous exhorte à ne pas nous arrêter aux seuls titres des livres…
« Souvent les titres vous trompaient. Comme les personnes. Que celui qui n’a jamais pensé aux casinos à la première allusion au Rouge et le Noir de Stendhal jette la première bille. »
Il en va de même pour le titre faussement racoleur de « Tout un été sans facebook », car il contient de façon inattendue un polar – ou plutôt un poilar – faisant l’apologie de la lecture, prônant la tolérance et dénonçant le racisme, un polar cocasse expliquant le vrai du faux des séries policières, le tout dans une sauce puértolasienne qui met de bonne humeur.
Roman bienfaisant ?
fait l’éloge de la littérature, depuis les grands classiques jusqu’aux romans populaires, sans discrimination aucune.
Cette invitation à lire, à réfléchir et qui plus est, à rire, n’est-ce pas l’essence même de la biblio-thérapie ?
j’ai adoré ce roman !! J’attend la suite avec impatience !!
Je ne savais pas qu’une suite était prévue… Merci pour cette information 🙂