« Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » de Marianne Rubinstein paru chez Albin Michel se présente sous la forme d’un journal intime sur une période d’une année durant laquelle une quarantenaire nous livre son désarroi, mais aussi peu à peu sa renaissance existentielle alors qu’elle vient de se faire plaquer par son mari pour une autre femme, qu’elle est contrainte de se priver de la présence de son petit garçon une semaine sur deux et qu’elle franchit le cap difficile de la quarantaine rongée par la rancœur de l’amour et de l’orgueil blessés.
Après plusieurs semaines d’ébranlement intense s’ouvrent devant elle de nouvelles perspectives de ressourcement où elle retrouve notamment les joies de l’amitié, où elle fait de nouvelles rencontres amoureuses et surtout, où elle se laisse consoler par le plaisir de la littérature et de l’écriture comme thérapie de secours.
P64-65 « La lecture et l’écriture sont-elles autre chose qu’un dérivatif pour celle qui n’a rien d’autre dans sa vie ?…. « L’écriture n’est pas un hobby (Anne Frank), elle polit la souffrance et empêche de sombrer (Virginia Woolf), mais ce n’est pas mon métier »
P77 « Trouverai-je un jour le moyen de concilier mon métier (l’économie) et ce qui n’est pas un hobby, qui m’empêche de sombrer et que je désire par-dessus tout (la littérature) ? Saurai-je tricoter, en mailles larges et souples, un ouvrage où tout se tient, une tulipe noire où les fils se mélangent avec harmonie pour en restituer la beauté ténébreuse ? »
P182 « J’écris donc. Forme intransitive qui cache mal mon doute. Ecrire, mais quoi ? La vie, telle que j’en perçois la texture et la vibration à l’âge que j’ai, dans le pays où je vis, le milieu social et l’époque où j’évolue ? Récit de bourgeoise pour les bourgeoises, entends-je murmurer à mon oreille. Peut-être, je réponds, mais le général n’éclôt-il pas à la cime du particulier (Proust) ? »
La narratrice développe avec finesse les divers aspects de cette tranche d’âge parfois difficile à traverser qu’est la quarantaine. Elle s’inspire de divers auteurs comme Virginia Woolf, Roland Barthes et autres. Elle cherche aussi parfois à relativiser son malheur de femme mûre et bafouée en se rappelant les horreurs vécues par certains membres de sa famille dans les camps de concentration. Elle questionne ses amies en leur posant la question « Et pour toi, c’est quoi la quarantaine ? » et finit elle-même par se demander de façon très pertinente :
P146 « La quarantaine ou l’âge du renoncement ? Et si, une fois atteint l’autre côté du miroir, c’était un âge plus heureux à vivre que celui des possibles, au moins parce que l’espace des choix s’est réduit et qu’il ne reste donc qu’à profiter de la vie ? »
Un roman à conseiller à toutes les femmes de 40 ans et plus qui pensent qu’elles ne sont plus désirables et que la vie ne leur offrira plus de belles opportunités, surtout en amour. En lisant ce bouquin, ces femmes désespérées ou fatalistes pourraient changer d’avis…