« Métissages 100% » de Altay Manço
publié aux éditions l’Harmattan
Durant le mois de mars, la bibliothèque de notre ville proposait la lecture de ce roman en vue d’une rencontre avec son auteur, Altay Manço, docteur en psychologie et directeur scientifique de l’Institut de Recherche Formation et Action sur les Migrations (IRFAM).
Récit : Il démarre sur la croisée de deux parcours de vie totalement différents : celui d’une jeune fille issue de l’immigration turque ayant quitté sa famille traditionaliste pour faire carrière dans la mode et celui d’un professeur d’histoire et de langue orientales en plein divorce qui tente de remettre de l’ordre dans sa vie. Ce dernier ne refusera pas l’aide que lui demande la jeune fille et se verra entraîné dans une histoire rocambolesque, mais ponctuée de réflexions sur le thème de l’immigration, du conflit interculturel entre générations, de l’identité individuelle et géopolitique.
Objectif de l’auteur : Discours et rencontre avec Altay Manço.
L’auteur a mis plusieurs années avant de finaliser son roman dont l’objectif était de nourrir la réflexion sur le thème de la construction identitaire auprès des travailleurs sociaux, des écoles et du large public. Selon l’auteur, l’identité ne repose sur rien de vraiment concret, pourtant elle est souvent utilisée à des fins malheureuses après avoir subi une sorte de « sacralisation injustifiée ». C’est au nom d’une identité (religieuse, culturelle…) que les gens se détestent et s’entretuent.
Or nous sommes tous des gens issus du métissage, nous sommes tous des « métis », et le fait de le reconnaître devrait nous rendre plus « sages », nous confie l’auteur pour expliquer le choix de son titre.
Altay Manço a placé son histoire sur deux rails,
- un rail psychologique où la psychologie de l’identité est analysée au sein de la famille, du couple et
- un rail géopolitique où l’identité est scrutée sous la loupe des négociations entre la Turquie et l’Union Européenne.
Le débat identitaire individuel devient un miroir pour le débat identitaire géopolitique.
Ses trucs : « Pour parler à l’autre, il faut parler de l’autre« . Etant lui-même issu de l’immigration turque, Altay Manço parle des problèmes rencontrés par une famille turque. Il montre que, tout comme les Européens, les immigrés ressentent également la peur de l’autre et se réfugient derrière leur « identité ».
Quant à la forme, l’auteur a choisi un style qui se rapproche des séquences cinématographiques, beaucoup de dialogues, des petits chapitres dont la numérotation fait penser au pourcentage d’un téléchargement vidéo…50%, 55%, 60%, …
Roman bienfaisant ?
En ces temps difficiles où les récents événements dramatiques peuvent engendrer des idées de racisme, d’intolérance et de repli sur soi, ce récit, écrit sous la forme d’une comédie romantique, nourrit notre réflexion sur le phénomène de la migration et la définition même du sentiment d’identité.
Malgré les implications du thème abordé, la lecture reste fluide et agréable, ce qui ne gâche pas le plaisir de la lecture.
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