« Et toi tu t’y mets quand ? » Myriam Levain
Editions Flammarion, 2018
Cet ouvrage autobiographique soulève les questions et problèmes rencontrés par les femmes
qui souhaitent s’affranchir des normes imposées par la société en matière de procréation et de maternité.
S’affranchir du modèle idéal
Myriam Levain nous raconte son propre parcours médicalisé, tout en mettant en lumière ses questions et celles d’autres femmes face au regard implacable d’une société qui voudrait leur imposer un modèle idéal.
« Nous sommes toutes deux d’accord sur le fait que les modèles féminins qui nous sont montrés depuis l’enfance sont toujours ceux de femmes ayant eu des enfants, comme si notre destin à toutes était inéluctablement d’être enceintes un jour.«
Souhaitant s’accorder une chance de pouvoir un jour enfanter, la journaliste, qui n’a pas encore eu l’opportunité de devenir mère à 35 ans, décide de congeler ses ovocytes afin de préserver sa fertilité.
Son roman est étoffé de nombreux témoignages qui dévoilent au grand jour un problème trop rarement débattu sur le devant de la scène, à savoir celui de la liberté et du choix féminin en matière de procréation.
S’affranchir de l’horloge biologique
« A 20 ans, je répondais que je voulais des enfants, mais plus tard, quand je serais adulte. A 25 ans, je répondais que je voulais des enfants, mais plus tard, quand j’aurais un vrai boulot. A 30 ans, je répondais que je voulais des enfants, mais plus tard, quand j’aurais rencontré le bon mec.
Aujourd’hui, j’ai 35 ans et plus tard, c’est maintenant. »
A l’heure actuelle, les avancées de la médecine permettent de prélever et de congeler des ovocytes lorsque ceux-ci sont encore suffisamment sains pour aboutir à une potentielle grossesse. En effet, à partir de 35 ans, le taux de fertilité d’une femme décline sensiblement.
Dès lors, si pour un tas de raisons qui lui sont propres, une femme décide de retarder le moment de se consacrer à une grossesse et à l’éducation de futurs enfants, elle devrait pouvoir disposer librement de l’opportunité de s’affranchir de son horloge biologique grâce à la médecine….
Une démarche médicale pas toujours autorisée
Cependant, la procédure médicale permettant le prélèvement et la congélation des ovocytes n’est pas encore autorisée en France pour les femmes lesbiennes ou les femmes célibataires qui souhaitent s’accorder un délai supplémentaire avant de donner la vie. Ces femmes doivent donc faire appel à des services pratiqués à l’étranger, comme l’a fait Myriam Levain.
A cette exigence particulièrement pénible pour la population féminine française s’ajoutent toutes les contraintes médicales inhérentes à la procédure, parmi lesquelles une disponibilité à toute épreuve durant un laps de temps déterminé. Le prélèvement d’ovocytes reste une démarche pénible physiquement et mentalement dont la charge est un peu allégée lorsque la loi l’autorise à l’intérieur du pays.
Regard de la société
Reste à se libérer du regard de la société, ce qui constitue souvent l’une des épreuves les plus difficiles dans une démarche de procréation médicalement assistée, d’autant plus si le pays dans lequel tu vis ne reconnaît pas à la femme le droit de pouvoir décider du moment où elle souhaite enfanter.
Avec son roman, Myriam Levain plaide en faveur du droit des femmes de pouvoir disposer librement de leur corps en matière de procréation médicalement assistée, et ceci quelle que soit leur situation maritale ou familiale.
Se différencier des normes du genre
« Plus facile à dire qu’à faire, surtout quand le regard des autres leur rappelle constamment qu’elles n’ont toujours pas coché la case « maman » bien qu’elles aient validé toutes les autres.«
Prendre une décision qui va à l’encontre de tous les modèles sociaux n’est pas chose facile. Décider d’être mère à quarante ans, vouloir s’engager pleinement dans sa carrière professionnelle et y prendre plaisir avant d’envisager toute future grossesse, voire décider ne pas avoir d’enfants du tout représentent des choix qui ne sont pas encore bien perçus en société, d’autant plus si la société continue de faire peser la grosse partie de la charge parentale sur la mère.
Dans ce contexte, Myriam Levain remet aussi en cause l’égalité hommes-femmes :
« J’ai soudain le sentiment que je vais pouvoir emprunter à mon rythme le chemin de la maternité, quitte à ne jamais l’emprunter du tout :
je ne suis sûre de rien, mais je veux me laisser toutes les possibilités ouvertes.
Exactement comme mes amis hommes pas encore papas«
Conclusion : roman bienfaisant ?
Un ouvrage autobiographique féminin dévoilant un problème qui touche de plus en plus de femmes constitue un véritable soulagement pour celles qui sont confrontées à toutes les questions de procréation à un âge plus avancé que la « normale », mais également à toutes les questions de maternité dans un sens beaucoup plus large.
Myriam Levain nous fait part de son expérience lorsqu’elle décide de s’accorder une chance supplémentaire de pouvoir enfanter un jour. Cette expérience l’a conduite à élargir le débat sur toutes les réflexions concernant le droit pour les femmes de choisir sa place dans la société en tant que mère ou en tant que femme sans enfant.
Il est en effet impératif que change le regard de la société face aux femmes qui ont décidé de ne pas donner naissance à un bébé ou de le faire à un moment plus opportun pour elles, mais qui ne correspond pas forcément aux normes idéales.
Voici en guise de conclusion une petite vidéo sur le roman par Myriam Levain :
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