Archives de Tag: solitude dans les ténèbres

SOLITUDE DANS LA LUMIERE ET DANS L’OMBRE : « Le problème Spinoza » de Irvin Yalom

Par défaut

« Le Problème Spinoza » de Irvin Yalom.

Voici le roman qui a remporté le plus de votes parmi les jurés du prix des lecteurs pour Le Livre de Poche au cours du mois de mars dernier.

En cliquant sur Avis sur Le problème Spinoza , vous trouverez les critiques des jurés qui ont été retenues par le service commercial des éditions du Livre de Poche. Ma critique se trouve en quatrième position (Nathalie, Bonnert).

Je suis fière et heureuse d’avoir voté pour ce livre qui non seulement m’a divertie tout au long de ses presque 550 pages, mais m’a aussi appris pas mal de choses sur les pensées de Baruch Spinoza, un philosophe du 17ème siècle dont la plupart de nos contemporains connaissent peu de choses si ce n’est sa renommée dans le domaine de l’érudition et de la philosophie.

Et pourtant Spinoza, juif excommunié, était un penseur que j’aimerais caractériser d’avant-gardiste,…. quoique le terme « avant-gardiste » fait en général référence à une ouverture d’esprit moderne. On regrette toutefois les lacunes de notre époque en matière de tolérance et d’ouverture d’esprit… fait-elle réellement preuve d’une plus grande largesse d’esprit que par le passé ???….

Disons plutôt que Spinoza était un penseur  lumineux, ouvert à une pensée tolérante et non limitée par les dogmes et les traditions. Bien sûr, au 17ème siècle, ces réflexions étaient condamnées et condamnables. Question : le seraient-elles encore aujourd’hui, à notre époque ????

La tolérance est une vertu lumineuse, mais qui hélas isole, même de nos jours…. Spinoza en a fait les frais car il fut mis au ban de sa communauté juive. Il révéla  peu de choses sur sa vie privée. Dans ce roman, Irvin Yalom tente de la reconstruire autour d’une fiction en se basant sur ses écrits et ses pensées.

« Dites moi, croyez vous en un Dieu tout-puissant?….En un Dieu parfait? Qui se suffit à lui même ?… Alors vous en conviendrez , par définition un être parfait qui se suffit à lui même n’a pas besoins, ni d’insuffisances, ni de souhaits , ni de volontés. Alors, poursuit Spinoza, je suggère qu’il n’y a pas de volonté de Dieu en ce qui concerne le comment, ni même le pourquoi le glorifier. Donc permettez moi d’aimer Dieu à ma façon. »

Mais l’auteur pousse la fiction à un degré d’excellence en alternant les chapitres sur la vie de Spinoza avec ceux qui décrivent les tourments et les pensées d’un idéologue nazi ténébreux, Alfred Rosenberg. Celui-ci se confie à un psychologue fictif et ses confidences ont tôt fait de nous révéler les méandres d’une âme sombre et esseulée qui voulait surtout s’attacher les faveurs d’Hitler.

Pourquoi ce face à face anachronique entre ces deux personnages ? Le coup de génie de Yalom est de rassembler dans un seul roman ces deux êtres totalement opposés : l’être lumineux qu’était Spinoza et l’être ténébreux qu’était Rosenberg. Le lien vient de la fascination que ce dernier portait à Spinoza,  un Juif excommunié dont Goethe, l’une de ses idoles, faisait l’éloge.

Un livre qui fait du bien ? Oui, car nous sommes ici face à deux cas de solitude. Toutefois, nous constatons par cette lecture que la solitude dans la lumière est plus apaisante et plus réconfortante que la solitude qui vient du mal. Les gens biens qui ont peut-être été rejetés par la société resteront dans la mémoire de l’humanité comme des exemples à suivre….