« BOULE DE SUIF » de Guy de Maupassant
J’ai choisi cette nouvelle de Maupassant pour illustrer le sentiment d’injustice que l’on ressent face à l’hypocrisie et à la lâcheté des gens dits « gens de bien ».
Publié pour la première fois en 1880 au sein d’un recueil collectif de nouvelles « Les Soirées de Médan », ce récit imposa Guy de Maupassant (1850-1893) parmi les grands noms de la littérature française.
Il s’inspire d’un fait divers survenu lors de la guerre franco-prussienne en 1870-71. Fuyant la ville de Rouen qui vient d’être assiégée par les Prussiens, dix personnes prennent place dans une diligence en direction de Dieppe : un couple de commerçants, un couple de bourgeois, un couple de nobles, deux religieuses, un démocrate et une prostituée surnommée Boule de suif.
Durant le trajet qui les emmène à leur première halte, Boule de suif partage généreusement son panier de nourriture avec ses compagnons de voyage. Dans l’auberge qui les accueille, un Prussien leur fait du chantage : il ne leur permet pas de poursuivre leur route avant d’avoir pu passer une nuit avec Boule de suif. D’abord outrés par ce chantage, les notables commencent petit à petit à s’impatienter. Ils mettent au point une stratégie visant à convaincre Boule de suif de céder aux avances du Prussien. Les religieuses ajoutent leur grain de sel et Boule de suif finit par se sacrifier. Lorsque la diligence est enfin autorisée à repartir, les compagnons de route snobent Boule de suif, aucun d’entre eux ne la remercie, ni ne lui propose de partager les victuailles que, contrairement à elle, ils n’ont cette fois-ci pas oublié d’emporter.
Le style et l’écriture de Maupassant est délectable. Je vous invite à écouter ici un commentaire didactique sur certains passages de la nouvelle.
Récit classique bienfaisant ?
A travers les descriptions réalistes et l’ironie sous-jacente de ce récit, nous ressentons combien Maupassant déplore les élans de bassesse et de veulerie de la condition humaine. Sa vision acérée du monde et de l’être humain est plutôt pessimiste. Le lecteur regrette l’ingratitude des personnes qui accompagnent Boule de suif et se demande sans doute pourquoi personne ne lui prête un tant soit peu de considération ou de générosité….
Mais dans une situation équivalente, la question est de savoir quelle aurait été notre attitude, à nous lecteurs outragés !
Car, avouons-le, de telles situations, nous en connaissons tous…face à un être esseulé, incompris, différent et dont les comportements diffèrent de nos préceptes et de notre éducation…
Moi aussi je crois dans le pouvoir des livres pour aller mieux, pour mieux nous connaitre et connaitre l’autre. Super thème de blog, Nathalie.
Merci Evelyne pour ces belles paroles !
De rien, Nathalie. Aussi j’adore Zola et votre billet sur Boule de Suif a attiré mon attention.
Je voulais dire Maupassant bien sur!!!!!
belle analyse, cette nouvelle est très puissante et on se pose toujours la question: qu’est-ce que j’aurais fait? En théorie je me serais indignée mais peut-être me serais-je dégonflée…
« Si j’étais né à Liendenstadt … » comme le chante si bien Goldman…
Ceci dit j’adore Maupassant, j’ai découvert ses nouvelles à l’adolescence et le charme est toujours là 🙂
et on ne dira jamais à quel point le pouvoir des livres est immense 🙂
Merci Eve-Yeshé pour ce message. En effet, le pouvoir des livres est immense !