« L’homme-joie » de Christian Bobin paru aux éditions L’Iconoclaste.
Une fois n’est pas coutume. Cette œuvre n’est pas le récit d’une aventure ou d’une histoire, mais un condensé d’émotions et de poésie où l’auteur dresse le portrait d’êtres chers qu’il a perdus (son père, son épouse pour laquelle il écrit une longue lettre sur du papier bleu),où il évoque aussi des rencontres (la gitane Maria) et des figures artistiques (Soulages pour la peinture, Gould pour la musique).
Entre chaque chapitre, Christian Bobin écrit à la main une pensée lumineuse qui le traverse. Au travers de celles-ci on sent chez lui un indéfectible amour de la lecture et de l’écriture.
Son livre commence par « Ecrire, c’est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l’ouvrir » et s’achève sur le verso de la couverture par « J’ai rêvé d’un livre qu’on ouvrirait comme on pousse la grille d’un jardin abandonné ».
L’auteur compare le livre idéal à une eau rafraîchissante et apaisante.
« Mon idéal de vie c’est un livre et mon idéal de livre c’est une eau glacée comme celle qui sortait de la gueule du lion d’une fontaine sur une route du Jura, un été. …L’eau fila dans mon corps jusqu’au cœur où elle éteignit le feu de l’abandon qui le ravageait…. La gueule du lion je la cherche chaque fois que j’ouvre un livre…»p93
Il ne cache pas son addiction à la lecture…
« J’ai lu plus de livres qu’un alcoolique boit de bouteilles. Je ne peux m’éloigner d’eux plus d’un jour. Leurs lenteurs ont des manières de guérisseur. »p113
N’est-ce pas là une véritable apologie de la bibliothérapie ?