Archives de Catégorie: Thème du DEUIL

L’abîme du deuil est d’autant plus profond lorsque l’on s’y sent seul et abandonné.

Sur le DEUIL « Rose » de Tatiana de Rosnay

Par défaut

« Rose » de Tatiana de Rosnay paru aux éditions Héloïse d’Ormesson, en format poche chez « Le livre de poche », mais également sous format audio comme représenté ci-contre et lu par Nathalie Hons

Personnellement, j’ai « écouté » ce roman épistolaire qui m’a beaucoup émue (bien que je ne sois pas une Parisienne) et dont le récit se déroule durant le second empire (durant la seconde moitié du 19ème siècle) alors que le baron Hausmann entreprend de gigantesques travaux de réaménagement de la capitale française.
La narratrice, Rose, écrit à feu son mari des lettres dans lesquelles elle lui relate ses impressions et son vécu après la disparition de ce dernier et face aux travaux entrepris par le baron Hausmann . Non seulement, Rose doit faire le deuil du Paris de sa jeunesse, de la maison familiale de son mari condamnée à disparaître et qu’elle s’est engagée à défendre corps et âme, mais Rose doit également faire le deuil de personnes tant chéries  parmi lesquelles son époux et un petit garçon.

Rose raconte à son mari comment deux personnes de son entourage lui ont redonné goût à la vie, notamment par les fleurs et par les livres.

Ici encore la lecture reste un garant de bien-être. Voici quelques citations extraites de ce roman :

« J’étais animée d’une faim nouvelle, et certains jours, j’étais véritablement vorace. Le besoin de lire s’emparait de moi exerçait sa délicieuse et grisante emprise. Plus je lisais, plus j’avais faim. »

« En tant que lecteur, il faut faire confiance à l’auteur, au poète. Ils savent comment s’y prendre pour nous extirper de notre vie ordinaire et nous envoyer tanguer dans un autre monde dont nous n’avions même pas soupçonné l’existence. C’est ce que font les auteurs de talent. »

« Le livre m’attendait sur la petite table devant le fauteuil et je me ruais dessus. Expliquer ce que j’éprouvais en lisant me paraît difficile, mais je vais m’y efforcer. Vous, grand lecteur, devriez me comprendre. C’était comme si je me trouvais en un lieu où nul ne pouvait me troubler, m’atteindre. Je devenais insensible aux bruits autour de moi. »

Ecrit dans un langage qui fait référence à cette époque, « Rose » de Tatiana de Rosnay prend le lecteur par les sentiments et démontre comment une dame a fait face à diverses épreuves de la vie, à commencer par la disparition des êtres qui lui sont chers jusqu’à la disparition quasi totale de son paysage quotidien et finalement la perte de tous les repères de sa vie. Un deuil total !

DEUIL du compagnon : « La délicatesse » de David Foenkinos

Par défaut


« La délicatesse » de David Foenkinos, paru en format poche aux éditions Folio raconte comment une jeune femme mariée perd brutalement son époux dans un accident et comment peu à peu elle reconstruit une vie de couple avec un homme totalement différent. Ce roman rappelle l’atmosphère du film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain », peut-être un peu dû au fait qu’Audrey Tautou joue le rôle principal dans le film inspiré par ce roman, mais certainement aussi à cause des multiples digressions d’apparence anodines qui ponctuent le récit donnant de l’importance à certains détails du quotidien. Une façon différente d’aborder un sujet très lourd, le deuil du compagnon/époux lorsque l’on est en pleine force de l’âge. Roman agréable à lire, parfois drôle et d’une certaine manière, apaisant.

Thème du DEUIL : « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan

Par défaut

« Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan paru aux éditions JCLattès a figuré longtemps au box-office des meilleures ventes de livres fin 2011.

L’auteur y retrace le portrait de sa mère qui vient de mourir. Elle souhaite lui rendre un dernier hommage par sa plume en tentant de comprendre les raisons du profond malaise qui a perturbé sa vie. Originaire d’une famille nombreuse marquée par les tragédies et le poids de lourdes failles, Lucile a dérivé vers une pathologie mentale qui finira par avoir raison d’elle.

Delphine de Vigan ne cesse de remettre en cause la vérité de ses propos d’écrivain. Questionnant tour à tour tous les membres de sa famille, elle tente de faire toute la lumière sur le portrait de sa mère. En vain, car toute réalité est multiple et dépend du regard toujours différent que chacun porte sur celle-ci. Dans cet ultime élan vers sa mère que l’auteur décrit comme « hésitant et inabouti », on décèle une féroce envie de communiquer une dernière fois avec la défunte, teintée de culpabilité et d’angoisse.

Partagée entre son désir de rendre hommage à cette femme qu’elle aimait profondément et la peur de trahir sa mémoire par sa plume, en passant à côté de la vérité, Delphine de Vigan revient continuellement au cours de son récit sur son statut d’écrivain et l’angoisse qui en découle :

 » En attendant je pèse chaque mot, je ne cesse de revenir en arrière, je corrige, je précise, je nuance, je jette « 

ou encore

 » Je ne peux ignorer combien le livre que je suis en train d’écrire me perturbe. L’agitation de mon sommeil en est la preuve tangible « .

En écrivant la biographie de sa mère, l’auteur tente en vain de retrouver l’origine de la souffrance qui semble avoir perturbé la vie de celle-ci, de percer le secret de son âme.

 » Un matin, je me suis levée et j’ai pensé qu’il fallait que j’écrive, dussé-je m’attacher à ma chaise, et que je continue de chercher, même dans la certitude de ne jamais trouver de réponse. « 

Cette difficulté à retracer toute la vérité, difficulté et incertitude sans cesse soulignées par ces sortes de parenthèses d’écrivain rendent le récit d’autant plus sincère et attachant, d’autant plus nuancé et plus proche de la réalité toujours multiple.

 » Telles que j’écris ces phrases, telles que je les juxtapose, je donne à voir ma vérité. Elle n’appartient qu’à moi « 

confiera l’écrivain.

Préparez-vous donc à sortir vos mouchoirs, car l’écriture de Delphine de Vigan émeut le cœur de ses lecteurs. Un superbe roman à conseiller pour ceux ou celles qui subissent les affres du deuil d’un parent.

 

DEUIL « Memento Mori » de Muriel Spark

Par défaut

« Memento Mori » (Rappelez-vous que vous devez mourir) de Muriel Spark, traduction disponible aux éditions du Serpent à Plumes.

Ecrit en 1959, ce roman met en scène « la mort » sous forme d’appels téléphoniques anonymes adressés à des personnes âgées dans la société londonienne de l’époque. La voix, le ton, les paroles prononcées varient en fonction de celui qui reçoit le coup de fil. Une façon de décrire l’après-vie en rapport avec la vie menée ici-bas. Une façon originale d’appréhender la mort autrement.

DEUIL : « Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut » de Mitch Albom

Par défaut


« Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut » de Mitch Albom paru aux éditions Pocket est une sorte de fable qui parle des fils invisibles se tissant dans la vie entre personnes connues ou inconnues. Le roman se lit très facilement et met en scène la dernière journée d’un homme de 83 ans et sa rencontre avec les cinq personnes qui ont influencé le cours de sa vie. Un livre apaisant qui réconcilie avec la mort et renoue avec la vie.

Dans la préface, l’auteur écrit :

« J’aimerais dédier ce livre à Edward Beitchman, mon oncle adoré, la première personne à m’avoir entrouvert une porte du Ciel. Chaque année, en famille autour de la table de Thanksgiving, il nous racontait comment il s’était jadis réveillé en pleine nuit, à l’hôpital, et avait alors découvert les âmes de ses chers disparus assises au bord de son lit, qui l’attendaient. Je n’ai jamais oublié son histoire. Et lui non plus je ne l’ai jamais oublié.

A l’image de la plupart des religions qui, à cet égard, sont toutes respectables, nous avons tous notre petite idée sur le Ciel. La version présentée ici n’est jamais qu’une supposition, un souhait, en quelque sorte, que mon oncle et d’autres comme lui – ces gens qui ont pu croire leur passage sur terre sans importance – se rendent compte au contraire qu’ils en ont eu beaucoup et aussi combien ils ont été aimés »

Dans le New York Times, Janes Maslin écrit « Un livre dont la puissance d’écriture secoue le lecteur tout en le réconfortant »…. c’est dire que ce roman a toute sa place sur ce blog…