
« L’empreinte de toute chose » de Elizabeth Gilbert
Après avoir lu, apprécié et commenté son best-seller « Mange, prie, aime » je me suis laissée littéralement séduire par le superbe récit « L’empreinte de toute chose » de la romancière américaine Elizabeth Gilbert qui fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2015.
L’héroïne Alma est une femme érudite du XIXème siècle qui se consacre à l’étude de la botanique avec son père à Philadelphie. Bien qu’elle privilégie la raison sur l’émotion, comme le lui a inculqué sa mère hollandaise, les sentiments finiront par avoir raison de sa destinée. L’histoire profondément romantique aborde les sentiments d’une femme qui se voit devenir une vieille fille dans une société où l’intelligence de la femme n’est pas vraiment considérée comme une qualité féminine essentielle.
Dans les débats scientifiques qui émergent au cours du XIXème siècle au sein des milieux que fréquente Alma, celle-ci reconnaît le bien-fondé de l’évolution des espèces comme le publiera Darwin, mais ses expériences personnelles l’amènent à s’interroger sur la part « céleste » qui influence l’existence humaine et confère une « empreinte à toute chose ».
« Le monde naturel tout entier était un code divin, prétendait-il, contenant la preuve de l’amour de notre Créateur. C’est pourquoi tant de plantes médicinales ressemblaient aux maladies qu’elles étaient destinées à guérir ou aux organes qu’elles étaient capables de soigner. Le basilic, avec ses feuilles en forme de foie, est le remède évident pour les affections hépatiques. La chélidoine, qui produit une sève jaune, peut servir à soigner la coloration que provoque la jaunisse. Les noix, qui ont la forme de cerveaux, sont souveraines pour les maux de tête…. »
Autant de réflexions qui alimentent le récit d’une dimension philosophique, historique et scientifique intéressante, lui attribuant énormément de mérite et une place de choix parmi les chefs d’œuvre de la littérature contemporaine.
Un livre qui fait du bien ?
En ce qui me concerne personnellement, c’est un roman qui m’a permis de m’évader durant plusieurs heures pour penser la vie autrement et me sortir de mes peines du moment. Superbement écrit, le récit de 800 pages (en format poche) se lit facilement et sa longueur permet de bénéficier de davantage de plaisir en termes de temps de lecture.
Bien évidemment, j’ai voté pour ce roman dans la sélection du Livre de Poche pour le mois d’avril et j’espère qu’il remportera la majorité des votes ce mois-ci.
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Pour compléter cette chronique, je vais mentionner ci-après un ouvrage classique cité à plusieurs reprises dans ce roman et qui a révolutionné la science tout en modifiant notre perception de l’existence, à savoir
« L’Origine des Espèces » de Charles Darwin
Publié en 1856, cet ouvrage est considéré comme fondateur de la théorie de l’évolution moderne. Charles Darwin y démontre la thèse selon laquelle les espèces vivantes ne sont pas immuables mais se diversifient ou disparaissent, le moteur de l’évolution adaptative étant la sélection naturelle.
Une théorie que partage Alma tout en questionnant et en relevant un aspect majeur dans l’évolution de l’espèce humaine : l’influence de ce que l’on nomme l’humanité, la charité, l’altruisme : ces dons qui rendent la vie plus agréable et plus supportable.
« Alma était une perfectionniste et plus qu’un peu tatillonne, et il n’était pas question qu’elle publie une théorie qui comportait une lacune aussi petite soit-elle. Elle n’avait pas peur d’offenser la religion, comme elle l’affirma fréquemment à son oncle, elle redoutait d’offenser quelque chose qui était bien plus sacré pour elle : la raison. Car il y avait une lacune dans la théorie d’Alma : elle ne pouvait, malgré tous ses efforts, comprendre les avantages de l’altruisme et du sacrifice de soi au point de vue de l’évolution. Si le monde naturel était effectivement le théâtre d’une lutte amorale et incessante pour la survie qu’il y paraissait, et si terrasser ses rivaux était la clé de la domination, de l’adaptation et de l’endurance – dans ce cas, que faisait-on, par exemple, de quelqu’un comme sa soeur Prudence? »
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