Archives d’Auteur: Nathalie Cailteux

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À propos de Nathalie Cailteux

Philologue passionnée par la littérature et les effets positifs de celle-ci sur le moral. A l'écoute de vos problèmes, je vous propose de surmonter vos difficultés grâce à la lecture de romans. - www.lire-pour-guerir.com  /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Philologist with a passionate interest in literature and its positive effects on well-being, I recommand you the reading of novels to ease your pain and overcome difficulties of life. www.readtoheal.wordpress.com  //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////   Contactez-moi sur / Please contact me via deslivrespourguerir@gmail.com

Le jeunesse du coeur a ses raisons que la raison d’état ne connaît pas…. « ANTIGONE »

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« ANTIGONE » de Jean Anouilh

J’ai envie de vous parler de la tragédie grecque de Sophocle (441 av. J.C.) revisitée sous la plume de Jean Anouilh et dont la première représentation se déroula au théâtre de l’Atelier à Paris durant l’occupation en février 1944.

Voici pour rappel le pitch : Les fils d’Oedipe se sont entretués devant Thèbes et leur oncle, le roi Créon, a émis un édit interdisant sous peine de mort d’enterrer le corps de Polynice, qualifié de traître. Antigone veut pourtant donner une sépulture à son frère et brave l’interdiction royale. Créon tente de la sauver en la ramenant à la raison, mais l’orgueil de la jeune fille l’empêche de céder aux propositions de son oncle et elle est condamnée à mourir emmurée.

La pièce met en scène plusieurs face-à-face dont celui d’Antigone et de son oncle Créon. Nous y retrouvons une fougueuse Antigone qui ne veut pas se laisser dominer par la raison d’état, qui veut dire « non ». Devant elle, le roi Créon, décrit par Sophocle comme un dictateur, apparaît ici dans la version d’Anouilh comme un homme voué à la solitude et à l’incompréhension de sa famille à cause de ses obligations royales.

L’éternel débat entre la jeunesse et l’âge mûr, la passion et la raison, les sentiments et le sens du devoir, l’individu et la société….

En allant plus loin, ce roman – que je classe parmi les classiques – remet en lumière la difficulté des relations entre générations, qui plus est, des relations familiales où l’affrontement entre générations est le plus virulent.

Un roman bienfaisant ?

Ce beau texte remet en perspective nos diverses approches vis-à-vis de ce mythe et de ses protagonistes. Il pourrait  même être intéressant de vérifier si les avis et les sentiments divergent selon l’âge avec lequel on aborde ce récit, et si cet âge influe sur le parti pris pour Antigone ou pour Créon…

Je tiens à ajouter un petit complément à cet article, histoire de redonner un peu de confiance dans l’humanité en ces temps difficiles :

Le beau roman de Sorj Chalandon « Le quatrième mur« 
qui a par ailleurs remporté le Prix des Lecteurs du  Livre de Poche 2015  (ex aequo avec  « Une vie entre deux océans » de M.L. Stedman)  relate l’aventure d’un homme qui croyait possible et a tenté de faire jouer la pièce de théâtre « Antigone d’Anouilh » à Beyrouth par des acteurs/actrices issus des divers camps qui s’affrontaient et s’entretuaient au quotidien….

Une telle foi en l’être humain et en sa capacité à surmonter l’adversité dans un objectif artistique commun, cela vaut le détour !

« Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre

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« Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre

... un titre qui convient bien à ce jour de Toussaint....

Lauréat de plusieurs prix littéraires en 2013, dont le prestigieux Prix Goncourt, le roman de Pierre Lemaitre relate avec talent les tragiques péripéties de deux rescapés de la première guerre mondiale. Bien qu’issus de milieux sociaux différents, ils vont unir leur destinée dans un effort commun de survie aux sombres et amers lendemains du carnage des tranchées.

Sont abordées dans ce roman diverses thématiques, parmi lesquelles :

la différence sociale qui imprégnait fortement les relations humaines à cette époque, et a fortiori les relations entre militaires

« Il confirme l’adage selon lequel le véritable danger pour le militaire, ce n’est pas l’ennemi, mais la hiérarchie. »

l’injustice ressentie par les rescapés de la guerre,

« Le pays tout entier était saisi d’une fureur commémorative en faveur des morts, proportionnelle à sa répulsion vis-à-vis des survivants »

mais aussi le deuil vis-à-vis d’un fils que son père regrette – hélas trop tard – d’avoir « mal » aimé

« L’immensité de sa peine était décuplée par le fait qu’au fond, c’était la première fois qu’Edouard existait pour lui. Il comprenait soudain combien, obscurément, à contrecœur, il avait aimé ce fils ; il le comprenait le jour où il prenait conscience de cette réalité intolérable qu’il ne le reverrait jamais plus. »

Outre les protagonistes principaux, les personnages secondaires sont superbement décrits, leur psychologie finement ciselée par la plume de l’auteur.

J’ai écouté ce roman lu par l’auteur lui-même. Pierre Lemaitre nous confie avoir écrit ce livre comme une histoire racontée, ce qui explique certaines incursions de l’auteur dans la narration telles que « je vous l’avais bien dit… ». Un certain humour transparaît également dans ces incursions, apportant un peu de légèreté au côté sombre du récit.

Ecouter lire ce roman me semble une option très intéressante et je dois avouer avoir été rapidement captivée par cette narration orale, d’autant plus que Pierre Lemaitre s’avère un talentueux lecteur à voix haute.

L’auteur nous parle de son roman dans cette vidéo ICI

Roman bienfaisant ?

Roman d’évasion permettant de relativiser nos soucis, les injustices et les deuils que nous sommes tous appelés à endurer.

Valeur littéraire ?

Le roman a mérité ses prix à plus d’un titre. Dans l’interview avec l’auteur en fin de récit, il mentionne ses nombreuses sources d’inspiration littéraire parmi lesquelles des maîtres classiques comme Marcel Proust, Balzac, Diderot, Homère etc.

La solitude du génie : « Martin Eden » de Jack London

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« Martin Eden » de Jack London

Un classique indémodable qui parle d’amour et de différence, celle-ci faisant souvent obstacle à celui-là.

Martin Eden est né dans les bas-fonds d’Oakland aux Etats-Unis vers le début du XXème siècle. Doté d’une force physique à toute épreuve, il a gagné son pain en parcourant les mers comme matelot. Un jour, il fait la connaissance de Ruth, une jeune fille de la bourgeoisie. Il s’éprend de tout ce qu’elle représente à ses yeux : la beauté, la richesse et l’amour. Dans l’espoir de la conquérir un jour, il veut acquérir tous les codes de la bienséance et surtout se cultiver pour atteindre le niveau de cette classe sociale qu’il idéalise.

Autodidacte, il se jette alors à corps perdu dans la lecture d’ouvrages en tous genres. Son génie intellectuel – qu’il  découvrira au fil de son apprentissage – s’enivre peu à peu de littérature et de poésie. Tout en délaissant les offres de travail qui se présentent à lui, il passe nuits et jours à lire et à écrire. Personne ne croit en son talent, y compris Ruth. Le monde des riches et des pseudo-intellectuels qu’il idéalisait finit par le désenchanter. Un jour pourtant, le succès arrive…

***

Il existe beaucoup de similarités entre la vie de Martin Eden et celle de l’auteur Jack London, notamment la passion littéraire, l’esprit autodidacte et l’envie de grimper les échelons de la hiérarchie sociale.

Plusieurs d’entre vous avaient déjà évoqué ce livre comme un ouvrage littéraire bienfaisant et je suis heureuse d’avoir enfin eu l’occasion de le lire.

Ce roman évoque d’une part  le plaisir fou – et par conséquent les bienfaits – que procure la littérature

« Il lança un regard vers son ami qui lisait toujours sa lettre et vit les livres sur la table. Dans ses yeux s’alluma une convoitise ardente, semblable à celle d’un homme mourant de faim, à la vue d’un morceau de pain ».

« La poésie, toutefois, était sa grande consolatrice… »

« Ce que j’ai lu était épatant. C’était lumineux, brillant et ça m’a traversé, ça m’a chauffé comme le soleil et éclairé comme un projecteur. Voilà l’effet que ça m’a fait… »

mais d’autre part, également le désenchantement face à la société qui reste figée dans ses préjugés sociaux et est incapable de reconnaître et d’apprécier une pensée originale.

« Elle avait une de ces mentalités comme il y en a tant, qui sont persuadées que leurs croyances, leurs sentiments et leurs opinions sont les seules bonnes et que les gens qui pensent différemment ne sont que des malheureux dignes de pitié. C’est cette même mentalité qui de nos jours produit le missionnaire qui s’en va au bout du  monde pour substituer son propre Dieu aux autres dieux. A Ruth, elle donnait le désir de former cet homme d’une essence différente, à l’image de banalités qui l’entouraient et lui ressemblaient. »

Roman bienfaisant ?

L’auteur décrit avec énormément de talent le détail des attitudes et cogitations de son protagoniste qui en disent long sur sa pensée intime, son engouement, son désespoir et finalement sa totale désillusion.

« Telles étaient les réflexions de Martin. Il en vint à se demander si l’écart qui existait entre les travailleurs de son ancien milieu et les notaires, les officiers, les hommes d’affaires, les caissiers du milieu qu’il fréquentait à présent, ne se bornait pas uniquement à des différences de nourriture, de vêtements et d’entourage« 

Non seulement Martin Eden souffre des différences financières qui enferment les gens dans des castes au sein de la société, mais il souffre surtout et avec beaucoup d’amertume de la différence qu’il incarne lui-même alors qu’intellectuellement, son génie dépasse de loin la compréhension de la moyenne des gens qui l’entourent.

Bien que le roman ne se termine pas sur une note d’espoir, il me semble que sa lecture communique beaucoup d’empathie vis-à-vis des personnes qui se sentent différentes, incomprises et seules au sein de la société.

L’ART DU BIEN MOURIR ou « Les trois jours et demi après la mort de mon père » de Valérie Seguin

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« Les trois jours et demi après la mort de mon père » de Valérie Seguin

C’est demain, 16 septembre 2015 que sortira en librairie le  livre très attendu de Valérie Seguin. L’auteure y raconte l’expérience qu’elle a vécue après le décès de son père, ainsi que son cheminement spirituel qui en fut la conséquence.

Bien que Valérie Seguin ne possède aucun don de médium, elle perçoit une onde d’amour et de bien-être durant les trois jours et demi qui ont suivi la mort de son père. Cette expérience hors du commun trouble profondément la femme moderne et rationnelle qu’elle est et l’incite à entreprendre des recherches sur des témoignages similaires et sur des études scientifiques concernant « l’après-vie ».

« Ce fut une expérience physique, intense et unique de quelques jours qui m’a donné la preuve de l’existence d’une après-vie. Une expérience dont la force a provoqué ma réflexion et m’a poussée à écrire ce livre »

Son livre témoigne de ses réflexions et de son enquête pour connaître le sens de cette expérience vécue aux frontières de la vie et de la mort. L’auteure nous livre les conclusions auxquelles elle est parvenue au terme de son cheminement spirituel et qui devraient nous aider à bien mourir et à préparer nos proches pour cet ultime voyage.

Une lecture bienfaisante à plus d’un titre :

Ce témoignage n’est pas le fruit d’une croyance ou d’un fantasme, mais celui d’une personne sensée et réfléchie qui cherche à comprendre ce qui lui est arrivé à un grave moment de sa vie. Son expérience, ainsi que les résultats de ses recherches nous rassurent sur le devenir des proches qui nous ont quittés, mais également sur notre propre mort. En citant de nombreux ouvrages et références, le roman nous donne des clefs pour effectuer notre propre enquête à travers les époques et les diverses cultures et religions.

Mais plus que tout, Valérie Seguin nous fait prendre conscience que l’existence d’un au-delà doit nous aider à vivre « mieux » (d’un point de vue spirituel)  ici-bas afin que nous puissions aborder un jour le grand passage en toute sérénité .

DISGRÂCE, ORGUEIL ET SOLITUDE « Une abeille contre la vitre » de Gilbert Cesbron

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« Une abeille contre la vitre » de Gilbert Cesbron

Le visage d’Isabelle n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de beau. D’ailleurs dès son jeune âge, sa mère, sa soeur, ses camarades de classe lui ont dit qu’elle était laide. Ce handicap social l’empêche de mener une vie « normale », elle tente de se suicider et se réfugie dans un couvent, elle dénigre – tout en enviant – les rapports homme-femme qu’elle décortique de son point de vue féministe et douloureusement solitaire.

« Isabelle ne put éluder davantage cette évidence qui l’habitait à son insu depuis longtemps que la seule vraie disgrâce est la solitude. Les autres : laideur, maladie, vieillesse, ne sont que les pourvoyeuses de la solitude »

Bien que son visage ne soit pas attirant, son corps est splendide et attise le désir. Mais c’est d’amour dont Isabelle a cruellement besoin. De fil en aiguille, de rencontres en expériences humaines, Isabelle finira par le comprendre et surtout par l’accepter.

L’auteur Gilbert Cesbron (1913-1979) est un écrivain français d’inspiration catholique. Il a écrit de nombreux romans connus et reconnus (Chiens perdus sans collier, Il est plus tard que tu ne penses, etc). La façon dont il remet ici sa protagoniste sur la bonne voie révèle son attachement à la foi chrétienne et au message d’amour convié par cette religion.

Roman bienfaisant ?

Outre le côté agréable du récit en lui-même, nous suivons ici avec intérêt les pensées et réflexions de la protagoniste et des autres personnages du récit. L’auteur réussit à mettre des mots sur un ressenti authentique concernant notamment la perception féminine, respectivement masculine, des relations entre les hommes et les femmes, la place des hommes dans la société, le rôle subi ou souhaité des femmes, mais également sur l’amitié, la solitude, la vieillesse, la différence sociale.

Le sentiment récurrent chez Isabelle est un sentiment d’injustice face à sa disgrâce physique, sentiment qui l’isole plus que la laideur de son visage elle-même.

Toutefois, Gilbert Cesbron ne nous abandonne pas sur une fin tragique et nous livre sa clef pour s’en sortir : l’amour !

LA DIFFERENCE FAIT SOUFFRIR : « Les Collines d’Eucalyptus » de Duong Thu Huong

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« Les Collines d’Eucalyptus » de Duong Thu Huong

Un très beau roman qui commence derrière les barreaux d’une horrible prison au Vietnam. Nous y faisons la connaissance d’un jeune homme dont le parcours de vie est raconté tout au long des 800 pages du livre.

Ayant découvert son homosexualité, Thanh fuit une vie aisée, entourée de parents et amis qui l’aimaient, pour suivre un mauvais garçon dont l’atout principal est de partager avec lui sa différence.

Le plaisir de lecture que ce roman procure nous fait oublier sa longueur. Le récit relate non seulement les aventures de Thanh, le protagoniste principal, mais évoque aussi l’histoire d’autres personnages piégés dans la tourmente de la vie et obligés parfois de se battre pour surmonter leur différence en société.

Il faut également souligner la façon particulière de raconter de Duong Thu Huong, à la fois réaliste et poétique, jamais ennuyeuse.  L’auteure vietnamienne n’hésite pas à donner des couleurs et un parfum aux lieux dans lesquels vivent les protagonistes, à décrire la nature dont ils s’inspirent pour survivre et pour rêver. Les réflexions et questionnements du jeune garçon sont souvent évoqués en italique pour ajouter une certaine profondeur dans les échanges qu’il entretient avec son entourage.

On retrouve aussi çà et là des phrases à considérer comme « bienfaisantes » et issues de la sagesse des anciens…

« Mon père me disait : « Il ne faut jamais se décourager car, si haute que soit la montagne, il existe toujours un chemin pour y grimper. L’essentiel, c’est d’avoir la patience de le chercher. »

« Ma grand-mère[…] disait souvent : « Les yeux doivent s’ouvrir pour que le cerveau puisse accéder à plus de vision. Quand le cerveau s’ouvre, alors seulement on peut développer son coeur »

Pour toutes les raisons mentionnées ci-dessus, je recommande ce roman à celles et ceux qui se sentent différents par rapport à la norme en société, mais aussi à celles et ceux qui ont envie de lire une belle et longue histoire parcourue de petits récits à taille humaine dont on veut à tout prix connaître la fin…

Et voici une petite vidéo de l’auteure parlant de son livre, mais aussi de son exil

Ecrit en 1948, « 1984 » de George Orwell … toujours d’actualité en 2015

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« 1984 » de George Orwell

en format livre(438 pages)

…. ou

en format audio (15 heures d’écoute)

Personnellement, j’en ai écouté une partie et j’en ai lu une autre …. parce que totalement immergée dans ce roman phare, je ne pouvais attendre d’être de nouveau assise au volant de ma voiture pour connaître la suite de l’histoire. Il a fallu que le soir venu, je retrouve le livre papier pour dévorer quelques chapitres supplémentaires.

Nul doute que beaucoup d’entre vous ont déjà lu ce grand classique, et tout particulièrement au cours de vos années scolaires. Je vous conseille de vous plonger ou de vous replonger dans cette lecture qui est toujours d’actualité parce qu’elle met en évidence les dérives du totalitarisme et l’annihilation de tout esprit de liberté et d’individualité qui est le propre de l’être humain.

BIG BROTHER  File:1984-Big-Brother.jpg personnage symbolique du roman de George Orwell est devenu une sorte de métaphore utilisée dans le langage courant –  peut-être plus que jamais aujourd’hui – pour dénoncer toute atteinte à la vie privée.

Dans « 1984 » Big Brother incarne le chef d’un parti auquel la population est soumise en actes et en pensées, y compris Winston Smith, notre personnage principal dont on suit l’évolution des pensées et des doutes quant à la valeur de cet état policier tout-puissant.

Un roman bienfaisant ?

oui  parce qu’il permet de s’évader dans un ailleurs qui – heureusement – est chez nous encore différent de notre quotidien

oui parce qu’il permet de relativiser nos soucis : nos pensées ne sont pas encore surveillées, nous avons le choix de ne pas exposer notre vie privée …à condition de ne pas nous compromettre sur  les réseaux sociaux

oui parce que ce roman fait réfléchir et nous permet peut-être aussi d’agir pour préserver notre liberté de penser

et pour finir je vous laisse écouter George Orwell lui-même, un visionnaire ?

Hymne à l’amour et à la différence : « L’art d’écouter les battements de coeur » de Jan-Philipp SENDKER

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« L’art d’écouter les battements de coeur »

de Jan-Philipp Sendker

 

Ce roman a été traduit dans 25 pays et est considéré comme un best-seller au niveau international.

Au travers du récit d’un vieil homme, Julia, une jeune femme moderne de notre époque, se plonge dans l’histoire de la jeunesse de son père qu’elle cherche à rejoindre en Birmanie. Elle apprend ainsi comment se sont rencontrées et aimées deux personnes « différentes », Tin Win, devenu aveugle après le départ de sa mère et Mi Mi née avec des pieds infirmes.

Ces deux personnes que la vie n’a pas épargnées vont démontrer un extraordinaire pouvoir d’amour qui force l’admiration et le respect.

 » je me suis souvent demandé quelle était la source de sa beauté, de son éclat . »
 » Moi, je vais vous le dire, reprit- il. C’est l’amour. L’amour rend beau . Connaissez – vous une seule personne qui aime et qui est aimée de façon inconditionnelle, et qui soit laide ? Inutile de répondre à cette question. Il ne peut exister pareille personne. « .

Au fur et à mesure que le récit se développe, Julia, la fille de Tin Win va ouvrir ses yeux sur un univers spirituel dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Le lecteur en sera également le témoin privilégié.

Ce roman a remporté la majorité des votes lors de la sélection des romans du Livre de Poche pour le mois de juin.

A noter aussi que l’auteur a  écrit une suite à ce roman qui s’intitule « Un coeur bien accordé »  où l’on peut lire la quête de Julia dix ans plus tard, de retour en Birmanie, le pays d’enfance de son père.

Un roman bienfaisant ?

Pas de doute, en lisant ce roman, vous retrouverez espoir en la vie et en l’amour.

… et puis, cerise sur le gâteau, le bienfait de la lecture est également mentionné dans les pages de ce roman …

« Quelques jours auparavant, il lui avait expliqué qu’il ne se contentait pas de lire les livres, il voyageait avec eux; les livres l’emportaient dans d’autres pays, sur des continents inconnus et, grâce à eux, il rencontrait des gens nouveaux, dont il devenait très souvent l’ami« 

Encore des doutes ?

LE NEGOCE DE L’AMOUR : « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen – « Une saison à Longbourn » de Jo Baker

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  « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen

Un classique indémodable dont les thèmes sont l’amour, l’argent, l’orgueil et les préjugés…. Dans une famille anglaise du 19ème siècle, cinq filles sont en âge de se marier. Leur mère, Mme Bennet tente de négocier d’opportunes alliances avec les quelques hommes célibataires du voisinage. Mais sa fille Elizabeth ne veut pas d’un mariage arrangé qui ne lui convient pas… Dans ce charmant récit d’amour, les préjugés arrosés par une bonne dose d’orgueil font obstacle. Darcy et Elizabeth devront surmonter cet obstacle pour se retrouver.

Dans ce méli-mélo d’attitudes qui se veulent bienséantes, de préjugés et d’orgueil mal placé, la sincérité du coeur et de l’amour finira par vaincre.

Une superbe histoire qu’on lit et relit avec plaisir pour …. s’évader, se faire du bien ….

Dans une veine similaire, un roman vient de paraître en format poche, également aux éditions Le Livre de Poche…

« Une saison à Longbourn » de Jo Baker

Ce roman reprend le récit du grand classique, mais version « à l’étage des domestiques »… L’auteur rend  justice aux petites gens qui assurent la maintenance et l’entretien du domaine dans lequel vivent les demoiselles Bennet. Ici les tracas amoureux des maîtres semblent futiles et de moindre importance au regard des relations sentimentales et des secrets bien cachés des personnes assurant l’intendance… Si l’amour reste le thème récurrent, d’autres sujets sont aussi d’actualité : le côté esclavage de la domesticité, le sort des jeunes soldats, la pauvreté des petites gens… La société de l’époque est revisitée dans la partie souvent invisible où vivent et triment femmes de chambre, valets, intendants… un autre monde qui a souvent plus de difficultés de faire vivre ses amours.

SANTE MENTALE DEFAILLANTE ? « L’invité du soir » de Fiona McFarlane

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« L’invité du soir » de Fiona McFarlane

Ce roman fait partie de la sélection du Prix du Roman 2015 chez les éditions Points que je remercie de m’avoir désignée comme membre du jury cette année.

Ruth est une vieille dame veuve qui vit seule en bordure de la mer. La nuit, elle croit entendre un tigre dans son salon. Un jour  Frida se présente chez elle comme aide à domicile soi-disant envoyée par les services sociaux. Au fil des jours, nous apprenons à connaître ces deux femmes au travers de leurs attitudes, de leurs conversations, mais également à travers le prisme de l’esprit de Ruth.

L’auteur laisse sciemment planer des zones d’ombre et d’incohérence dans le récit et le lecteur s’interroge sur l’authenticité des événements racontés. Il se laisse manipulé comme Ruth, dont la santé mentale défaillante a du mal à définir la personnalité de Frida et à déceler ses intrigues.

Nous sommes ici en présence de deux femmes qui malgré tout s’apprécient mutuellement tout en partageant leur solitude et leur désarroi dans une sorte de tragédie oppressante.

Bravo à l’auteur Fiona McFarlane qui mène le lecteur en bateau et lui fait ressentir d’une certaine façon ce que peut éprouver une personne souffrant de déficience mentale.

Roman bienfaisant ?

L’issue  du récit n’est pas vraiment optimiste, il faut l’avouer. Malgré tout, l’auteur réussit le coup de force de partager le vécu et le ressenti d’une femme seule souffrant de déficience mentale. En décrivant la réalité à travers le prisme de cet esprit défaillant, nous pouvons nous imaginer la confusion qui s’installe au quotidien dans la vie des ces personnes âgées.

Par conséquent, le caractère bienfaisant de ce roman vient de l’empathie qu’il provoque certainement chez le lecteur.