Archives d’Auteur: Nathalie Cailteux

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À propos de Nathalie Cailteux

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L’INJUSTICE DU MONDE « Boule de suif » de Guy de Maupassant

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« BOULE DE SUIF » de Guy de Maupassant

J’ai choisi cette nouvelle de Maupassant pour illustrer le sentiment d’injustice que l’on ressent face à l’hypocrisie et à la lâcheté des gens dits « gens de bien ».

Publié pour la première fois en 1880 au sein d’un recueil collectif de nouvelles « Les Soirées de Médan », ce récit imposa Guy de Maupassant (1850-1893) parmi les grands noms de la littérature française.

Il s’inspire d’un fait divers survenu lors de la guerre franco-prussienne en 1870-71. Fuyant la ville de Rouen qui vient d’être assiégée par les Prussiens, dix personnes prennent place dans une diligence en direction de Dieppe : un couple de commerçants, un couple de bourgeois, un couple de nobles, deux religieuses, un démocrate et une prostituée surnommée Boule de suif.

Durant le trajet qui les emmène à leur première halte, Boule de suif partage généreusement son panier de nourriture avec ses compagnons de voyage. Dans l’auberge qui les accueille, un Prussien leur fait du chantage : il ne leur permet pas de poursuivre leur route avant d’avoir pu passer une nuit avec Boule de suif. D’abord outrés par ce chantage, les notables commencent petit à petit à s’impatienter. Ils mettent au point une stratégie visant à convaincre Boule de suif de céder aux avances du Prussien. Les religieuses ajoutent leur grain de sel et Boule de suif finit par se sacrifier. Lorsque la diligence est enfin autorisée à repartir, les compagnons de route snobent Boule de suif, aucun d’entre eux ne la remercie, ni ne lui propose de partager les victuailles que, contrairement à elle, ils n’ont cette fois-ci pas oublié d’emporter.

Maupassant

Le style et l’écriture de Maupassant est délectable. Je vous invite à écouter ici un commentaire didactique sur certains passages de la nouvelle.

Récit classique bienfaisant ?

A travers  les descriptions réalistes et l’ironie sous-jacente de ce récit, nous ressentons combien Maupassant déplore les élans de bassesse et de veulerie de la condition humaine. Sa vision acérée du monde et de l’être humain est plutôt pessimiste. Le lecteur regrette l’ingratitude des personnes qui accompagnent Boule de suif et se demande sans doute pourquoi personne ne lui prête un tant soit peu de considération ou de générosité….

Mais dans une situation équivalente, la question est de savoir quelle aurait été notre attitude, à nous lecteurs outragés !

Car, avouons-le, de telles situations, nous en connaissons tous…face à un être esseulé, incompris, différent et dont les comportements diffèrent de nos préceptes et de notre éducation…

Différence physique : « L’Empereur, c’est moi » de Hugo Horiot

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« L’Empereur, c’est moi » de Hugo Horiot

Ce roman fait partie de la sélection du mois de mai pour le Prix des Lecteurs 2015 du Livre de Poche.

En quelques pages, l’auteur nous raconte la souffrance qu’il a vécue comme enfant autiste Asperger. Il se replonge dans les pensées de ses jeunes années (quatre, huit, douze ans) lorsqu’il refusait de parler et se comportait d’une façon qu’autrui considérait comme « étrange », « différente ».

Il n’aimait pas le monde qui l’entourait, ne s’aimait pas lui-même, voulait changer de prénom et ne se sentait pas à l’aise avec les autres enfants de son âge.

« Je suis prisonnier de mon corps et si je parle je serai prisonnier de vous autres. À perpétuité. Je préfère vous observer sans en avoir l’air. Je vous espionne. Si les yeux sont les fenêtres de l’âme, je pourrais voir la vôtre, mais ça m’obligerait à vous dévoiler une partie de la mienne. Vous ne verrez pas mon âme. Vous voyez mon corps et c’est déjà trop. Mon corps ne sera qu’une pierre tombale, un mur, je ne vous donnerai rien. Je n’aime pas votre monde. »

Sa mère avait refusé de le placer et décidé de le sauver en se servant de sa seule arme, son amour pour lui. Elle nous le raconte dans son roman

« Le petit prince cannibale » publié en 1990 chez Actes Sud et lauréat du Prix Goncourt des Lycéens en 1990.

Dans la postface du roman de son fils « L’Empereur, c’est moi », Françoise Lefèvre écrit :

« Trente ans ont passé. Aujourd’hui Hugo, c’est toi qui écris. C’est moi qui te lis. »

Un duo de romans bienfaisants car il s’agit ici de récits témoignages d’une aventure humaine qui parle de la différence et du courage de la surmonter.

Je vous invite à regarder l’interview de l’auteur Hugo Horiot au sujet de son roman

Roman bonbon : « L’empreinte de toute chose » d’Elizabeth Gilbert

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« L’empreinte de toute chose » de Elizabeth Gilbert

Après avoir lu, apprécié et commenté son best-seller « Mange, prie, aime » je me suis laissée littéralement séduire par le superbe récit « L’empreinte de toute chose » de la romancière américaine Elizabeth Gilbert qui fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2015.

L’héroïne Alma est une femme érudite du XIXème siècle qui se consacre à l’étude de la botanique avec son père à Philadelphie. Bien qu’elle privilégie la raison sur l’émotion, comme le lui a inculqué sa mère hollandaise, les sentiments finiront par avoir raison de sa destinée. L’histoire profondément romantique aborde les sentiments d’une femme qui se voit devenir une vieille fille dans une société où l’intelligence de la femme n’est pas vraiment considérée comme une qualité féminine essentielle.

Dans les débats scientifiques qui émergent au cours du XIXème siècle au sein des milieux que fréquente Alma, celle-ci reconnaît le bien-fondé de l’évolution des espèces comme le publiera Darwin, mais ses expériences personnelles l’amènent à s’interroger sur la part « céleste » qui influence l’existence humaine et confère une « empreinte à toute chose ».

« Le monde naturel tout entier était un code divin, prétendait-il, contenant la preuve de l’amour de notre Créateur. C’est pourquoi tant de plantes médicinales ressemblaient aux maladies qu’elles étaient destinées à guérir ou aux organes qu’elles étaient capables de soigner. Le basilic, avec ses feuilles en forme de foie, est le remède évident pour les affections hépatiques. La chélidoine, qui produit une sève jaune, peut servir à soigner la coloration que provoque la jaunisse. Les noix, qui ont la forme de cerveaux, sont souveraines pour les maux de tête…. »

Autant de réflexions qui alimentent le récit d’une dimension philosophique, historique et scientifique intéressante, lui attribuant énormément de mérite et une place de choix parmi les chefs d’œuvre de la littérature contemporaine.

Un livre qui fait du bien ?

En ce qui me concerne personnellement, c’est un roman qui m’a permis de m’évader durant plusieurs heures pour penser la vie autrement et me sortir de mes peines du moment. Superbement écrit, le récit de 800 pages (en format poche) se lit facilement et sa longueur permet de bénéficier de davantage de plaisir en termes de temps de lecture.

Bien évidemment, j’ai voté pour ce roman dans la sélection du Livre de Poche pour le mois d’avril et j’espère qu’il remportera la majorité des votes ce mois-ci.

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Pour compléter cette chronique, je vais mentionner ci-après un ouvrage classique cité à plusieurs reprises dans ce roman et qui a révolutionné la science tout en modifiant notre perception de l’existence, à savoir

« L’Origine des Espèces » de Charles Darwin

Publié en 1856, cet ouvrage est considéré comme fondateur de la théorie de l’évolution moderne. Charles Darwin y démontre la thèse selon laquelle les espèces vivantes ne sont pas immuables mais se diversifient ou disparaissent, le moteur de l’évolution adaptative étant la sélection naturelle.

Une théorie que partage Alma tout en questionnant et en relevant un aspect majeur dans l’évolution de l’espèce humaine : l’influence de ce que l’on nomme l’humanité, la charité, l’altruisme : ces dons qui rendent la vie plus agréable et plus supportable.

« Alma était une perfectionniste et plus qu’un peu tatillonne, et il n’était pas question qu’elle publie une théorie qui comportait une lacune aussi petite soit-elle. Elle n’avait pas peur d’offenser la religion, comme elle l’affirma fréquemment à son oncle, elle redoutait d’offenser quelque chose qui était bien plus sacré pour elle : la raison. Car il y avait une lacune dans la théorie d’Alma : elle ne pouvait, malgré tous ses efforts, comprendre les avantages de l’altruisme et du sacrifice de soi au point de vue de l’évolution. Si le monde naturel était effectivement le théâtre d’une lutte amorale et incessante pour la survie qu’il y paraissait, et si terrasser ses rivaux était la clé de la domination, de l’adaptation et de l’endurance – dans ce cas, que faisait-on, par exemple, de quelqu’un comme sa soeur Prudence? »

 

 

 

Tragédies amoureuses au masculin – « La lettre à Helga » de B. Birgisson et « Les fidélités » de D.Brasseur

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Les deux courts romans (environ 150 pages) présentés dans cette chronique font partie de la sélection du jury 2015 pour les éditions Points. J’ai choisi de les mentionner sur ce site parce que ici ce sont les hommes qui parlent de leur tragédie amoureuse.

 

« La Lettre à Helga » de Bergsveinn Birgisson

Un vieillard islandais écrit une lettre ouverte à sa bien-aimée Helga, justifiant le choix qu’il a fait de rester à la campagne auprès de ses moutons et de sa terre tout en renonçant par ailleurs à la suivre, elle et le bébé qu’elle attendait de lui, pour s’installer en ville. Ce roman hésite entre fresque bucolique islandaise et déclaration d’amour passionné. Il adopte un style frais, brut et parfois cocasse pour évoquer les pensées champêtres d’un homme pris entre son amour pour une femme et son amour pour la terre islandaise. Très beau roman qui nous parle aussi de l’Islande, un pays du nord à découvrir.

« J’aurais creusé un fossé pour toi. Le même fossé toute ma vie, pour le combler à nouveau. J’aurais traversé la lande dans les deux sens, jour après jour, à en user deux paires de chaussons en peau de poisson, rien que dans l’espoir de pouvoir te toucher du doigt. J’aurais mangé du savon pour toi si tu me l’avais demandé. Mais renoncer à moi-même, à la campagne et au travail de la terre auquel je m’identifiais, ça, je ne pouvais pas. »

 

« Les fidélités » de Diane Brasseur

L’auteur, une femme, met en scène un narrateur masculin qui évoque sa double relation sentimentale, d’un côté ses amours avec sa jeune maîtresse et de l’autre, ses liens familiaux avec son épouse et sa fille. Tiraillé entre ces deux vies, il ne sait pas ou ne veut pas faire de choix. Dans ce récit, il évoque des souvenirs réels, mais également des fantasmes, des faits imaginaires et l’on ressent chez lui un malaise évident dans ce tourbillon de pensées.

« Je fais l’amour avec Alix, je fais l’amour avec ma femme. Je ne sais plus qui je trompe avec qui. »

J’avoue donner ma préférence au premier récit plutôt qu’à celui-ci. Pourtant je lui reconnais du mérite : la romancière est une femme et elle évoque les pensées d’un homme. A voir maintentant s’il s’agit de pensées que les femmes souhaiteraient apprécier chez un homme infidèle ? En tous les cas, cet homme qui se dit « fidèle à deux vies » reste pourtant bel et bien infidèle pour les deux femmes et il a du mal à gérer cette situation…

 Des romans bienfaisants ?

Je pense que de tels écrits peuvent rencontrer les sentiments des uns ou des autres, que ce soit des hommes ou des femmes. Entendre se justifier quelqu’un en lisant un livre tranquillement – et non pas dans l’émotion d’une querelle – nous aide à adopter une attitude plus empathique, à prendre de la distance avec les événements,  à réfléchir.

A vous de me dire ce que vous en pensez ?

 

AU REVOIR PAPA !

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Je suis debout au bord de la plage

Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à mon côté dit :
« Il est parti ! »
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard. C’est tout…
Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
Pas en lui.
Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit : « il est parti ! »
Il en est d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,
S’exclament avec joie :
« Le voilà ! »…
C’est cela la mort.
Il n’y a pas de morts,
il y a des vivants sur les deux rives.

(William Blake)

L’évocation du thème de l’ADOPTION « Esprit d’Hiver » de Laura Kasischke et « Mudwoman » de Joyce Carol Oates

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« Esprit d’Hiver » de Laura Kasischke

et

« Mudwoman » de Joyce Carol Oates

Je viens de lire ces deux romans qui font partie respectivement de la sélection du prix des lecteurs du Livre de Poche 2015 et du prix des lecteurs des éditions Points 2015, deux jurys auxquels j’ai le grand bonheur de participer cette année. J’en profite d’ailleurs pour remercier les personnes des deux maisons d’édition qui m’ont accordé leur confiance pour cette mission de jurée.

Les deux romans mentionnés dans cette chronique ont un point commun : ils évoquent le thème de l’adoption d’une fillette. Si la trame diffère d’un récit à l’autre, un malaise est palpable dans les deux cas et nous est décrit avec beaucoup de talent.

Dans « Esprit d’Hiver« , quelque chose d’oppressant survient le jour de Noël alors que mère et fille adoptive attendent l’arrivée des invités qui ne viendront jamais en raison de la météo. Le regard de la mère guide la narration.

 « Prendre connaissance des horreurs de ce monde et ne plus y penser ensuite, ce n’est pas du refoulement. C’est une libération. »

Dans « Mudwoman« , la protagoniste se livre à un combat mental déchirant pour retrouver son identité enfouie sous des couches de convenances et de faux semblants destinés à lui faire oublier l’indicible. Ici ce sont les pensées de la fille adoptive qui sert de fil conducteur au roman.

« Il est très difficile de triompher quand on n’est pas aimé, au sens le plus profond, le plus intime et le plus indulgent du mot. Il est très difficile de triompher de toute manière, mais sans amour, c’est à peu près impossible. »

Dans les deux récits, les parents adoptifs sont bienveillants et souhaitent protéger leur enfant tout en se protégeant eux mêmes. Dans les deux cas, les enfants seront sources à la fois de bonheur et de souffrance pour leurs parents adoptifs.

Des romans bienfaisants ? Âmes sensibles, s’abstenir, car les récits sont loin d’être joyeux.

Âmes en quête de reconnaissance  quant aux relations parent-enfant, n’hésitez pas à vous plonger dans ces histoires qui tout en vous procurant de très bons moments de lecture, vous permettront également de mettre des mots sur des sentiments parfois éloignés de ces convenances qui dictent toujours la bonne façon de penser et d’aimer.

« Le Vieil Homme et la Mer » de Ernest Hemingway

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« Le vieil homme et la mer » de Ernest Hemingway

Un court roman classique  pour illustrer le thème de la vieillesse, une ode initiatique où l’homme doit affronter les forces de la nature avec humilité. Bien que celles-ci se montrent plus fortes, le vieil homme gagne en dignité et en respect au vu de la condition humaine qu’il incarne.

Il s’agit du récit d’un pauvre et vieux pêcheur cubain, Santiago, qui ne parvient plus à ramener du poisson avec sa barque. Manolin, un jeune garçon, s’occupe de lui et continue de croire en la bonne étoile de celui qui lui a appris à pêcher. Un jour, Santiago attrape un énorme poisson qui l’entraîne au large sur son petit bateau. Pendant trois jours et deux nuits, Santiago, épuisé et affamé, suit le poisson et finit par le tuer. Après l’avoir attaché à son bateau, il repart vers la côte, mais les requins ont flairé la trace du sang qui s’échappe du cadavre de l’animal et  s’emparent petit à petit de sa chair ….

Ce roman est paru pour la première fois en 1952 sous le titre original anglais « The Old Man and the Sea ». Il a valu à son auteur Ernest Hemingway d’obtenir le prix Pulitzer en 1953 et le prix Nobel de littérature en 1954.

Un roman bienfaisant ? Bien sûr !

Ce récit fait l’apologie de la ténacité, du dépassement de soi, mais aussi de l’amitié, de la bienveillance à l’égard de la nature.

Il évoque bien sûr la vieillesse et la solitude qui l’accompagne.

On ne devrait jamais rester seul quand on est vieux, pensa-t-il. Mais c’est inévitable.

La vieillesse fait référence à la faiblesse humaine qui ne fait pas le poids devant le déchaînement des forces de la nature…

Tout en lui était vieux, sauf son regard, qui était gai et brave, et qui avait la couleur de la mer.

Mais le vieil homme fait preuve de courage et de dignité dans les difficultés, et en cela, il mérite tous les honneurs.

Mais l’homme n’est pas fait pour la défaite, dit-il. L’homme peut être détruit, mais pas vaincu.

En outre, il démontre beaucoup de sagesse, de bienveillance envers la nature.

Le poisson aussi est mon ami, dit-il tout haut.J’ai jamais vu un poisson pareil , j’ai jamais entendu parler d’un poisson comme ça, pourtant faut que je le tue. Heureusement qu’on n’est pas obligé de tuer les étoiles.

C’est un roman qui mérite qu’on le lise ou le relise parce qu’avec de simples mots, il décrit l’être humain et ce qu’il représente de plus beau, ce qui lui donne ses lettres de noblesse, à savoir sa capacité à espérer et à ressortir vainqueur même dans la défaite…

Je ne résiste pas à l’envie d’ajouter ci-après la bande-annonce d’un très beau film d’animation (2001) sur « Le Vieil Homme et la Mer » :

 

Un roman d’amour pour la Saint-Valentin « AUTANT EN EMPORTE LE VENT » de Margaret Mitchell

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« AUTANT EN EMPORTE LE VENT » de Margaret Mitchell

Puisque nous sommes le 14 février… AUTANT EN PARLER…

Chers lecteurs, je suppose que vous connaissez cette grande saga romanesque qui s’inscrit dans le cadre historique de la guerre de Sécession en Amérique (1861-1865), ainsi que son adaptation cinématographique réalisée en 1939 par Victor Fleming avec Vivien Leigh dans le rôle de Scarlett O’Hara et Clark Gable dans le rôle de Rhett Butler….

Pour rappel, voici un petit résumé de l’histoire :

Scarlett O’Hara est une belle jeune fille issue d’une riche famille de planteurs de coton en Géorgie. Elle est courtisée par tous les bons partis de la région, mais celui dont elle est secrètement amoureuse, Ashley Wilkes, vient d’annoncer son mariage avec la gentille Mélanie Hamilton. Alors que Scarlett dévoile ses épanchements, son chagrin et sa rage de jeune fille gâtée, elle est surprise par Rhett Butler, un homme énigmatique et séducteur qui se moque gentiment d’elle et s’éprend de son énergique personnalité. Cet homme qui se montre différent des autres éveillera en elle des sentiments partagés qui s’intensifieront au fil du récit.

La guerre civile est aux portes de l’Etat de Géorgie et les aventures sentimentales de la jeune fille vont peu à peu s’entremêler aux aléas de l’histoire de sa famille et de son pays.

Ce roman paru en 1936 sous le titre original « Gone with the Wind » a reçu le Prix Pulitzer en 1937. Son succès planétaire n’est pas vain, car il entraîne le lecteur (ou le spectateur) dans une histoire sentimentale comme on les apprécie, mettant en scène

– des personnages charmeurs et attirants, mais dont les défauts soulignent malgré tout le caractère faillible et humain,

– des faits marqués par la grande Histoire (la guerre de Sécession, la question de l’esclavage, la difficulté à s’adapter aux grands tournants de l’histoire, la misère d’après-guerre etc.)

– une histoire d’amour qui met du temps à se concrétiser et entretient un énorme « suspense sentimental »

Une histoire bienfaisante ? Mais oui, laissez-vous bercer par cette histoire qui, nul doute, vous distraira de vos peines de coeur !

N.B. Lorsque de nouveaux problèmes surgissent, Scarlett O’Hara décide de ne pas laisser les soucis parasiter son esprit… Faisons comme elle et inspirons-nous de ses pensées qu’elle formule toujours ainsi…

« Après tout, demain est un autre jour ! »

Cette phrase fut classée 31ème au palmarès des 100 meilleures répliques de cinéma…

LE PIRE EXISTE « Kinderzimmer » de Valentine Goby

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« Kinderzimmer » de Valentine Goby

Afin d’inaugurer la section « ROMANS POUR RELATIVISER » que j’ai récemment ajoutée à ce blog,  je tiens à vous présenter un roman admirable qui m’a tout particulièrement marquée, celui de Valentine Goby « Kinderzimmer » paru en août 2013 aux éditions Actes Sud.

L’histoire, bien que fictive, nous raconte une indicible réalité, rarement évoquée dans les récits sur les camps de concentration nazis.

Sans langue de bois, avec des phrases sèches et un style où transparaît l’urgence, une ancienne déportée se remémore le quotidien vécu dans le camp de Ravensbrück. Son destin se démarque de celui de ses congénères par le fait qu’elle est enceinte, qu’elle accouchera dans ce camp de concentration et devra confier son poupon aux soins de la Kinderzimmer, sorte de pouponnière miséreuse où les nouveaux-nés franchissent rarement le seuil des 3 mois d’existence…

L’espoir véhiculé par ce roman terriblement touchant réside dans les liens de solidarité entre les déportées, la dignité avec laquelle elles font face à l’enfer et à la mort, la force de vie qui ne tarit jamais, et cela même au comble du malheur et de la barbarie humaine.

« Mila pose sa gamelle.Elle dit:
-J’ai faim, c’est pas une vie.
Et Teresa rigole:
-Ah oui? C’est quoi la vie? C’est où?
-C’est dehors dit Mila.C’est acheter du pain à la boulangerie,vendre des partitions de musique,embrasser ton père et ton frère le matin, repasser une robe, aller danser avec Lisette, faire du riz au lait…
Teresa se marre.
-Tu n’y es pas! Être vivant, elle dit, c’est se lever, se nourrir, se laver, laver sa gamelle, c’est faire les gestes qui préservent, et puis pleurer l’absence, la coudre à sa propre existence.Me parle pas de boulangerie, de robe, de baisers, de musique! Vivre c’est ne pas devancer la mort, à Ravensbrück comme ailleurs. Ne pas mourir avant la mort, se tenir debout dans l’intervalle mince entre le jour et la nuit, et personne ne sait quand elle viendra. Le travail d’humain est le même partout, à Paris, à Cracovie, à Tombouctou, depuis la nuit des temps, et jusqu’à Ravensbrück. Il n’y a pas de différence. »

Je vous invite également à regarder la vidéo interview de Valentine Goby qui nous présente son roman (lauréat de quelques prix littéraires, dont le Prix des Libraires 2014). L’auteur confie notamment s’être inspirée de rares témoignages de personnes qui ont connu la pouponnière de Ravensbrück, et même qui y sont nées  …

« CENT ANS DE SOLITUDE » de Gabriel Garcia Marquez

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« CENT ANS DE SOLITUDE » de Gabriel Garcia Marquez

Publié en langue espagnole en 1967, ce volumineux roman latino-américain figure au palmarès des chefs-d’oeuvre de la littérature universelle.

L’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez y relate l’histoire de la famille Buendia sur sept générations au sein d’un village imaginaire, Macondo. Celui-ci est décrit comme se situant dans les Caraïbes colombiennes, une région bien connue par l’auteur.

La famille Buendia traverse des événements qui ont marqué l’histoire de la Colombie entre la moitié du 19ème siècle et la moitié du 20ème siècle (guerres civiles, bouleversements économiques et sociaux). Toutefois le récit de cette famille, ainsi que celui de leur village s’accompagne de phénomènes fantastiques et imaginaires qui habitent de façon naturelle le quotidien  : fantômes du passé, personnages qui dépassent les cent ans d’âge, inventions magiques, maladies invraisemblables, lévitations, malédiction etc.

Cette approche à la fois singulière et esthétique de la réalité caractérise un nouveau genre littéraire, le « réalisme magique »  dont l’oeuvre de Gabriel Garcia Marquez est devenue l’un des fers de lance.

Thème de la solitude :

La famille Buendia est frappée par une malédiction qui la condamne à cent ans de solitude… la propension à la solitude qui caractérise les membres de cette famille est évidente et la plume de l’auteur ne cesse de nous le rappeler…

« …le seul trait commun qu’ils conservèrent fut cet air de solitude qu’ils tenaient de famille.« 

Le caractère cyclique et répétitif qui imprègne toute l’histoire ( l’un des signes les plus visibles étant la répétition continuelle des mêmes prénoms de génération en génération) confère au récit cette impression d’irréversibilité de l’existence humaine marquée par la solitude des êtres et leur propension à toujours renouveler les mêmes erreurs.

Est-ce à dire que ce roman nous révèle la plus grande tragédie de l’homme, à savoir le fait qu’il poursuit toujours son existence dans la solitude, entouré par d’autres solitudes ?

 Roman classique bienfaisant ?

J’avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans cette histoire, même si les mérites d’écriture et d’originalité me paraissent évidents. Au départ, il me semblait difficile de s’identifier aux protagonistes pour finalement s’attacher à leur sort. Et puis tout doucement, j’ai laissé tomber mes premières résistances et je me suis véritablement laissée happer par cette plume originale qui guide le lecteur au coeur de la comédie humaine telle que Gabriel Garcia Marquez a voulu nous la décrire.

Alors oui, il s’agit d’un roman bienfaisant, car il aborde le thème de l’humain dans sa quintessence, c’est-à-dire au coeur même de sa solitude parmi les siens. Et finalement, il semble que seul l’amour puisse l’aider à fuir ce sentiment et peut-être l’en délivrer….