Le souffle des questions identitaires à travers un roman puissant

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« L’Art de perdre »

Alice Zeniter

Editions Flammarion (2017)

 

Lauréat du prix Goncourt des Lycéens en 2017, ce volumineux roman retrace sur trois générations le parcours d’une famille algérienne kabyle.  Naïma, la narratrice remonte le fil de ce récit depuis les années 1930. A cette époque, son grand-père Ali fait fortune avec ses deux frères dans la production d’huile d’olive grâce à la découverte inattendue d’un pressoir.

Les événements historiques mettront peu à peu un terme à la prospérité familiale. Soupçonnée de faire partie de ce que l’on nomme les « harkis » – à savoir les traîtres à la solde de l’armée française – une partie de la famille se verra condamnée à fuir l’Algérie après l’indépendance.

Hamid, le fils aîné de Ali et père de Naïma, découvrira dans son enfance la vie miséreuse des camps qui furent aménagés en France pour les Algériens.  Finalement placée dans une cité H.L.M., la famille tentera de s’adapter à sa nouvelle situation en faisant face à la montée du racisme.

Naïma qui n’a connu que la France, terre d’accueil de sa famille, se heurte au silence de ses parents lorsqu’elle essaie de remonter le fil de son histoire. Elle voudrait se sentir française tout en revendiquant ses racines algériennes. Mais les attentats perpétrés durant la dernière décennie restent encore autant d’obstacles à l’intégration définitive des siens.

A-t-elle définitivement perdu l’Algérie, ce pays qu’elle ne connaît pas et dont elle ne maîtrise ni la langue ni les coutumes ?

Le titre  assez énigmatique « L’Art de perdre » s’inspire d’un poème d’Elizabeth Bishop selon lequel la vie est un apprentissage de la perte à tous les niveaux; il faut pouvoir apprendre à perdre ses clés, sa maison, son pays …

Roman bienfaisant ?

Cette fresque romanesque évoque avec justesse les difficultés liées à l’intégration dans une perspective intimiste qui parlera à beaucoup de monde. Le récit nous rappelle, ou nous fait connaître, les ressentis et les non-dits d’une famille fuyant son pays, génération après génération.

Alice Zeniter dénonce l’emploi des étiquettes comme « harki » ou « musulman ». Dans l’interview ci-après, elle nous confie que l’emploi d’une étiquette peut amputer quelqu’un de toute l’ampleur d’une vie. Parce qu’Ali a combattu pendant la seconde guerre mondiale pour les Français et parce qu’il a dû faire un choix à un moment donné durant la guerre en Algérie, il est taxé de « harki », ce qui entraînera des conséquences irréversibles pour lui et sa descendance.

Je vous recommande ce beau roman, car il éveille les consciences et appelle à la compréhension et à la tolérance. En plus d’être bien écrit et bien documenté au niveau historique, il s’inscrit dans des problématiques actuelles autour de la question identitaire. N’hésitez pas non plus à écouter l’auteur en parler dans l’interview de l’émission La Grande Librairie.

 

 

La différence CULTURELLE

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Les différences culturelles… sont celles qui vous font de vous un étranger par rapport à votre entourage que ce soit par votre nationalité, votre croyance religieuse, votre statut social ou encore votre esprit.

Je vous propose quelques lectures dans la catégorie « Thème de la différence » que vous trouverez dans la colonne située à droite sur ce blog, notamment des articles sur les romans suivants :

Muriel Barbery « L’élégance du hérisson »
David Dumortier « Travesti »
Daniel Mendelsohn « L’Etreinte fugitive »
Jean-Michel Guenassia « Le club des incorrigibles optimistes »
Jeanette Winterson « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »
Kathryn Stockett « La couleur des sentiments »
Yasmina Khadra « L’Olympe des infortunes »
Patrice Juiff « Kathy »
Romain Puertolas « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea »
Natsuo Kirino « L’île de Tôkyô »
Gwenaëlle Aubry « Partages »
Natasha Solomons « Le manoir de Tyneford »
Vercors « Le silence de la mer
–  Altay Manço « Métissages 100% »
Shilpi Somaya Gowda « Un fils en or »
Laetitia Colombani « La tresse »
Julia Kerninon « Le dernier amour d’Attila Kiss »
– Sean Rose « Le Meilleur des amis »
– Alice Zeniter « L’Art de perdre »

Désorientale » de Negar Djavadi

Mais peut-être connaissez-vous également des livres sur ce thème ? N’hésitez pas à partager vos expériences ….