Archives d’Auteur: Nathalie Cailteux

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À propos de Nathalie Cailteux

Philologue passionnée par la littérature et les effets positifs de celle-ci sur le moral. A l'écoute de vos problèmes, je vous propose de surmonter vos difficultés grâce à la lecture de romans. - www.lire-pour-guerir.com  /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Philologist with a passionate interest in literature and its positive effects on well-being, I recommand you the reading of novels to ease your pain and overcome difficulties of life. www.readtoheal.wordpress.com  //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////   Contactez-moi sur / Please contact me via deslivrespourguerir@gmail.com

COUPLE AU DESESPOIR « Le jeu des ombres » de Louise Erdrich

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« Le jeu des ombres » de Louise Erdrich

Le roman, paru aux éditions Albin Michel en 2012, est désormais disponible en format poche. Il fait partie de la sélection des romans du mois d’août pour le prix des lecteurs du Livre de Poche et a remporté la majorité des votes du jury littérature sur deux autres romans.

Bien que les deux autres romans« Remonter la Marne » de Jean-Paul Kauffmann et « Nouilles froides à Pyon Yang » de Jean-Luc Coatelem disposaient de nombreux atouts pour remporter la victoire, j’ai toutefois attribué mon avant-dernier vote pour « Le jeu des ombres ».

Rarement un roman n’a décrit avec autant de finesse tous les détours, non-dits et ambivalences qui gangrènent la cohésion d’un couple, voire d’une famille.

L’auteur a réussi le pari de décrire les diverses façons dont une même réalité peut être perçue par plusieurs protagonistes et notamment par les deux êtres qui forment ce couple d’artistes amérindiens en pleine crise d’identité sociale et culturelle.

Bien que l’amour qui réunit ce couple et leurs trois enfants soit souvent nié ou mal compris, le fait est qu’il existe, même si cette façon d’exister est quasi suicidaire.

Un roman qui fait du bien ?

Bon, il faut bien avouer que l’histoire n’est pas réjouissante, mais son écriture très subtile  force la réflexion sur le couple et sur la manière souvent différente dont chacun peut appréhender une même réalité. Thriller psychologique parfois glaçant, roman sans doute éclairant, ce récit devient bienfaisant lorsque sa lecture encourage la tolérance et une certaine forme d’empathie. A noter aussi que le récit accorde une grande place au rôle que peut prendre l’art et l’écriture dans la vie.

Vous trouverez en cliquant sur PDL 2014 COMMENTAIRES AOUT LITTERATURE les commentaires choisis par Le Livre de Poche pour la diffusion auprès de leurs équipes commerciales. Mon article apparaît en seconde page (Nathalie, Bonnert).

 *****

Pour moi s’achève désormais mon aventure de Jurée « Littérature » pour le Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2014.Une aventure qui m’a permis de découvrir de très belles oeuvres, des auteurs talentueux et bien entendu aussi des récits au potentiel bienfaisant…

Il me reste maintenant à voter pour le roman qui selon moi devrait remporter la victoire parmi tous les lauréats des mois écoulés….

 

ROMAN ANTI-STRESS : « Quelque chose en lui de Bartleby » de Philippe Delerm

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« Quelque chose en lui de Bartleby » de Philippe Delerm

paru aux éditions Folio, raconte l’histoire d’un employé de la poste, discret, modeste et solitaire. L’auteur le compare dans son titre à Bartleby, le personnage du roman de Herman Melville qui préférait toujours rester en retrait.

Ici aussi, contrairement à ses contemporains, Arnold Spitzweg, homme effacé, enclin à la « paresse dégustée » ne revendique aucun exploit ni aucune ambition.

Il aime les petits plaisirs simples comme prendre un café en terrasse en lisant le journal, flâner et pique-niquer aux abords de la Seine. Le fait de voyager, d’être riche et connu, d’avoir une vie sociale et professionnelle trépidante ne l’intéresse nullement.

J’aime être seul, c’est vrai. J’aime surtout pouvoir accueillir les choses. Devenir les choses. Même une lézarde ou un bout de papier peint qui se décolle. Il me faut de la lenteur et du silence, le moins possible d’horaires programmés.

Un jour, Spitzweg décide de créer son propre blog où il va livrer sa façon de voir les choses et glorifier la flânerie et la contemplation.

Monsieur Spitzweg se garda bien dans un premier temps d’évoquer sa seule motivation réelle. Elle portait l’étrange nom de blog. La première fois qu’il entendit ce mot, Arnold haussa les épaules. Cela sonnait comme une espèce de borborygme scandinave, moitié blizzard et moitié grog.

De façon inattendue, son blog remporte un grand succès auprès des internautes. Il va devoir gérer cette subite notoriété qui s’inscrit à l’encontre de tous ses principes…

Arnold ne réfléchit jamais à son propre sujet. Il traverse les jours, à la surface. Il voudrait qu’on l’oublie, devenir transparent. Il voudrait s’oublier lui-même, traverser le temps et l’espace sans rien changer, sans déranger personne.

La lecture de ce roman de 161 pages est très agréable. On déguste sereinement cette histoire qui fait l’apologie du plaisir de voir le temps passer en plein centre de Paris, à l’époque estivale.

Vous trouverez une copie de l’article que j’ai écrit à son sujet en cliquant sur Delerm

 Un roman qui fait du bien ?

A l’époque où le stress règne en maître, n’est-il pas bon de se plonger dans l’esprit de quelqu’un qui a décidé de vivre paisiblement sans se soucier de son image ?

A vous de voir ce que vous en pensez….

 

 

Récit initiatique : « Il était une rivière » de Bonnie Jo Campbell

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« Il était une rivière » de Bonnie Jo Campbell,

dont la traduction fut publiée chez JC Lattès en 2013, et qui est désormais également disponible aux éditions Le Livre de Poche. Ce roman fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs pour le mois de juillet 2014.

Véritable hymne bucolique, le fil rouge de ce récit est la rivière Stark, affluent de la Kalamazoo dans le Michigan, aux abords de laquelle se situe une cité ouvrière où Margo Crane a vécu toute son enfance. Lorsque sa mère les abandonne elle et son père, lorsque son père décède brutalement quelques années plus tard, elle n’a que seize ans et doit se débrouiller pour survivre seule face à un entourage humain souvent hostile. Grâce à son don pour le tir, aux enseignements de feu son grand-père braconnier et à sa passion pour la rivière, elle fait des rencontres, noue des liens, expérimente le pire et le meilleur tirant profit de la nature qui l’entoure. Le seul modèle auquel elle aspire est celui d’Annie Oakley, femme légendaire de l’ouest américain.

Les protagonistes qui entrent dans sa vie au fil de l’histoire lui ouvrent des regards différents sur la vie et façonnent sa personnalité. Paradoxalement, ses silences et son attitude taciturne les incitent tous à parler. Ils se livrent à cette fille originale qui aspire plus que tout à la liberté.

« Crane voulait qu’elle s’exprime davantage, mais le silence et la tranquillité de l’année passée avaient éveillé en elle un désir de plus de silence et de tranquillité encore, et Margo ne pouvait affirmer que cela aurait une fin. Le silence lui permettait de réfléchir…Le silence lui rappelait les soupirs de sa mère…. Margo ne savait pas si elle pourrait aller de l’avant alors que le passé ne cessait jamais de se rappeler à elle. »

« Sans le regarder elle but son café et caressa la tête de Martin. Le silence dans la pièce devint pesant et Margo le laissa grandir. Le silence, c’était un jeu qu’elle connaissait. »

Bien que certaines scènes ne soient pas exemptes de violence – cette violence brute propre à la nature et à l’homme  – l’écriture laisse un arrière-goût apaisant, ponctué par les murmures de l’eau et le bruissement des animaux qui vivent près la rivière.

Récit initiatique  bienfaisant dans le sens où il incite le lecteur à découvrir une façon de vivre libre, proche de la nature et sans aucune contrainte sociale, une façon de vivre qui peut sembler attirante, mais où le prix à payer est élevé, car il oblige à vivre en solitaire. Or le contact avec autrui, tout difficile et compliqué soit-il, reste néanmoins un besoin fondamental, souvent plus précieux que la liberté.

« Elle pensa au chasseur indien. Il vivait seul, mais sa famille attendait son retour. Nul n’attendait Margo. Margo s’était laissée devenir une personne coupée de tout lien avec les autres… »

 

 

 

FRUSTRATIONS ET EMOTIONS CACHEES « L’intensité secrète de la vie quotidienne » de William Nicholson

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« L’intensité secrète de la vie quotidienne » de William Nicholson

Ce roman figure parmi la sélection du Prix des Lecteurs 2014. J’ai voté pour lui au mois de juin parce que j’ai été séduite par la façon dont l’auteur a décrit avec talent les petites rancoeurs, les frustrations quotidiennes, les émotions amoureuses qui constituent le lot de tout un chacun, mais que nous gardons en général soigneusement dissimulées dans notre jardin secret. Et pourtant, ce sont justement ces ressentis multiples qui jalonnent notre quotidien et influencent notre comportement en société ou dans la sphère privée.

Le roman choral de William Nicholson pénètre ainsi dans la vie intime d’une douzaine de personnages de la classe moyenne qui se croisent au coeur de la campagne anglaise et dont les soucis et les remises en question sur le plan amoureux, professionnel, religieux voire amical sont subtilement mis en évidence et décortiqués par la plume bienveillante de l’auteur.

W. Nicholson explique « Ce que je veux démontrer dans mes livres, c’est que comprendre les autres véritablement et avec compassion nous libère de nos peurs et de nos haines, et nous mène à l’amour. Or il n’y a que la possibilité d’aimer et finalement, le fait d’aimer qui font que la vie vaut la peine d’être vécue ».

Il remarque aussi « J’admire le regard que George Eliot et Proust portent sur leurs personnages, la profondeur avec laquelle ils les perçoivent sur le plan psychologique »

Dans la postface écrite par Anne Hervouët, on lit : « L’Intensité secrète de la vie quotidienne a beau se dérouler dans la campagne du Sussex, au-dessus de laquelle plane l’ombre de Viriginia Woolf, ce roman est universel. Chacun des personnages trouve son alter ego en France ou ailleurs, à Paris comme dans n’importe quelle autre ville. La fragilité du couple, thème central du livre, est d’actualité. Le mal-être des personnages est tout aussi contemporain et largement répandu. La colère, les frustrations, la désespérance, la pornographie, la pollution par l’image, le culte du moi, la solitude et bien d’autres thèmes sont transposables ailleurs ».

 

A QUI S’ADRESSE CE ROMAN DU POINT DE VUE DE LA  BIBLIOTHERAPIE ?photo

A celle ou celui qui se sent mal dans sa peau, que ce soit dans sa vie amoureuse, professionnelle ou sociale, qui se pose des questions sur ses croyances ou  qui souffre d’une certaine solitude. Ce lecteur aura le plaisir de constater que des mots savamment dosés donnent corps à son ressenti et qu’il n’est pas seul à éprouver de telles émotions…

 

 

Vous trouverez ici les commentaires de plusieurs jurés au sujet de ce roman (le mien est le premier dans la liste).

La discrétion des belles âmes… « LES ENFANTS DES JUSTES » de Christian Signol

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« Les Enfants des Justes » de Christian Signol

Je ne pouvais manquer de vous parler de ce roman dont j’ai « écouté »  la lecture dans ma voiture et qui m’a fait verser de chaudes larmes derrière mes lunettes de soleil…

Le récit se déroule durant la seconde guerre mondiale, en Dordogne. Un couple de paysans est appelé à aider des clandestins qui souhaitent franchir la ligne de démarcation pour se réfugier dans des zones moins hostiles. Ces bonnes gens n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour sauver d’autres personnes, parce que selon eux, il est tout à fait normal d’aider son prochain… Ils iront jusqu’à cacher dans leur foyer deux jeunes enfants juifs. Mais leur bonhomie et leur simplicité suffiront-elles à faire reculer le mal qui pervertit les êtres humains à une époque où le pire était permis…

Le naturel avec lequel ces deux personnes font le bien, sans nulle envie de reconnaissance, nous émeut tout particulièrement.

« Bien des années plus tard, un homme élégamment vêtu, à l’accent curieux, vint leur proposer d’être reconnus « Justes » pour avoir protégé des enfants juifs et, à ce titre, recevoir une médaille. 
– Une médaille ? s’étonna Victoria.
– Oui, une médaille, nous savons exactement quel rôle vous avez joué pendant la guerre et comment vous avez protégé deux de nos enfants.
Victoria dévisagea l’homme un instant, se tourna vers Virgile qui lui sembla aussi stupéfait qu’elle, puis elle répondit :
– Nous vous remercions, monsieur, mais ce n’est pas la peine. Nous ne saurions pas la porter.
L’homme expliqua ce dont il s’agissait réellement, il insista puis il comprit qu’il ne parviendrait pas à ses fins. Il s’inclina plusieurs fois devant eux , remercia, et enfin s’en alla.« 

Nul doute que le lecteur sera touché par cette belle leçon d’humanité et d’humilité qui éclaire de mille petits feux une sombre période durant laquelle l’injustice régnait en maître absolu.

Un roman dont la note d’espoir ne peut que faire du bien aux âmes en détresse… même si c’est au prix de quelques larmes….

 

ON PEUT VIVRE PLUS D’UNE VIE « Le manoir de Tyneford » de Natasha Solomons

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« Le manoir de Tyneford » de Natasha Solomons

Ce roman paru aux éditions Calmann-Lévy en 2012 est maintenant également publié par Le livre de Poche et fait partie de la sélection du prix des lecteurs 2014.

L’histoire racontée par la narratrice débute à Vienne, juste avant la seconde guerre mondiale. Juive autrichienne de 19 ans, originaire d’un milieu aisé, Elise est envoyée pour des raisons de sécurité en Angleterre.  Elle doit quitter sa famille, son rang social pour entrer en tant que domestique au service d’une grande propriété du Dorset, à Tyneford.

Le changement est brutal, elle doit petit à petit faire le deuil de sa vie choyée et entourée par l’affection des siens à mesure que la guerre éclate et que les interdictions restreignent de plus en plus la liberté des Juifs d’Europe. Malgré tout, elle réapprend à vivre dans son nouveau milieu, à s’attacher à d’autres personnes, à reconstruire une nouvelle vie. Son parcours sera ponctué de séparations et de deuils, mais la vie (avec son lot de joies et de peines) reprend toujours sur de nouvelles bases.

Ce roman me semble tout à fait adapté aux personnes qui sont confrontées à des situations de deuil, non seulement le deuil face à la perte de personnes proches, mais également le deuil dans son sens le plus large, à savoir la perte de certaines habitudes de vie qui semblent pourtant éternelles.

« Mais la guerre gronde et le monde change. Elise aussi doit changer. C’est à Tyneford pourtant qu’elle apprendra qu’on peut vivre plus d’une vie et aimer plus d’une fois«  (cfr quatrième de couverture Livre de Poche)

Chose supplémentaire non négligeable, « Le manoir de Tyneford » est un roman qui est très agréable à lire et ne manque pas de suspense.

Selon les notes de l’auteur,  le lieu-dit Tyneford a été inspiré par l’endroit protégé et l’histoire d’un village fantôme de Tyneham sur la côte de Dorset où le manoir élisabéthain était considéré comme l’un des plus beaux d’Angleterre.

 

 

 

Au petit bonheur des femmes « Le bruit des silences » de Valérie Gans

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« Le bruit des silences » de Valérie Gans.

Ce roman, paru chez JC Lattès pour ensuite être publié par Le Livre de Poche, a fait partie de la sélection du mois de mai pour le Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2014.

Toutefois, c’est celui qui a remporté le moins de votes parmi les quatre ouvrages présentés.

Il est vrai qu’en comparaison des trois autres romans palpitants que sont , , celui-ci semble quelque peu léger et ne laisse pas vraiment derrière lui une marque impérissable…

Pourquoi alors le citer sur ce blog ? Parce que l’auteur, Valérie Gans, nous parle d’histoires de femmes, des femmes souvent déçues par leur compagnon et par la romance qu’elles avaient imaginée autour de leur relation de couple. Lorraine, la protagoniste principale est une quadragénaire divorcée qui élève seule tant bien que mal ses deux enfants adolescents à Paris. Une rencontre avec un ami d’enfance vient bouleverser sa vie, mais elle ignore que l’épouse de ce dernier souffre de l’effondrement de son couple . La souffrance fait aussi partie de la vie de la soeur de Lorraine dont le compagnon excelle dans le harcèlement mental. Bientôt ressortent aussi des secrets de famille longtemps enfouis par la mère, mais également par la grand-mère muette de Lorraine.

Ces divers parcours féminins se rencontrent dans ce récit facile à lire et qui peut s’avérer agréablement thérapeutique pour celles qui viennent de subir un échec amoureux. En effet, cela fait toujours du bien d’entendre parler d’expériences similaires sinon pires que celles que nous vivons.

« Sur le marché », c’était ainsi qu’elles se considéraient, elle et ses amies, éternelles célibataires ou fraîchement divorcées, ce qui revenait au même : qu’elles appellent cela solitude ou liberté, ces filles-là dormaient seules, choisissaient seules la couleur de leur canapé et des capsules de café, quand ce n’était pas le nom de leur chat pour les cas les plus durables ou les plus désespérés.
 
« Sur le marché », ces femmes, pour trouver un homme, « le bon », comme elles disaient, s’offraient inconsciemment à la concupiscence de tous les autres.« 

A noter que les hommes ne sont pas du tout mis à l’honneur dans ce roman. A l’exception des « fils »- qui font plutôt office de braves garçons -, les pères, maris, amants n’ont pas grand-chose pour eux…

Vous pouvez également visionner l’interview de l’auteur Valérie Gans qui nous parle de son roman.

 

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IMAGINATION = UNE ARME POUR ou CONTRE L’ENFER ?

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« La demoiselle des Tic-Tac » de Nathalie Hug

Ce roman fait partie de la sélection du mois d’avril pour le jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, section littérature.

Face au sombre, mais combien remarquable  « Yellow Birds », je me doutais que ce court récit ne remporterait pas la victoire ce mois-ci. En effet, le roman de Kevin Powers (qui relate le retour au pays d’un jeune soldat américain après l’horreur des combats en Irak), bouleverse et dérange à un tel point que j’ai dû me changer les idées pour ne pas y repenser continuellement.

Pourtant j’ai préféré donner mon vote à « La demoiselle des Tic-Tac » pour plusieurs raisons :

– d’abord parce que le roman parle d’une région qui m’est proche, la Lorraine française, où la seconde guerre mondiale s’est déroulée au milieu d’une population ayant fait les frais d’annexions successives durant les décennies précédentes

– ensuite parce que cette période est racontée au travers du regard d’une enfant, témoin des paradoxes et des conflits de son époque et dont la mère est une adepte de Hitler

– finalement parce que, loin d’être une histoire drôle, elle laisse toutefois la place à une lueur d’espoir en l’humanité

Récit court, mais éducatif sur le plan historique, l’histoire racontée par une enfant touche le lecteur, car on y retrouve un certain sang-froid, celui des êtres innocents cherchant à comprendre avec leur propre raisonnement l’horreur qui les entoure. Ce roman témoigne aussi du pouvoir indestructible de l’esprit, source d’espoir, de réconfort dans des moments où emprisonné sous les décombres, un être ne peut s’échapper que grâce au pouvoir de son imagination.

Cette arme, que nous possédons tous et qui est l’imagination, nous en retrouvons également l’influence dans le troisième roman de la sélection du mois d’avril, à savoir  « Swamplandia » de Karen Russell. Ici la narratrice, une jeune adolescente et sa soeur cadette, s’élancent séparément dans les immenses étendues marécageuses de Floride. Pour éviter que la solitude ne les assaille, elles ont recours, chacune à sa manière, aux délires de leur imagination. Un beau récit original qui promène le lecteur au coeur des marais où foisonnent une faune et une flore pas toujours accueillante.

Pourquoi faire mention de ces titres dans ce blog de bibliothérapie ?

Je ne peux pas vraiment dire que ces titres procurent bien-être, apaisement et réconcilient avec le genre humain. Non. Pourtant chacun d’entre eux, et tout particulièrement « La demoiselle des Tic-Tac » met en valeur le pouvoir de l’imagination, fruit de notre esprit, qui vagabonde et permet de prendre prise sur quelque chose, comme  un souvenir, pour surmonter des épreuves inhumaines. Pourtant cette arme est à double tranchant et peut s’avérer néfaste lorsque l’on perd totalement pied avec la réalité comme dans « Swamplandia », ou comme dans « Yellow Birds ».

Je voulais donc simplement ici ouvrir une réflexion sur cette arme que l’on appelle l’esprit ou l’imagination, une arme qui trouve également un bon support dans la littérature, les romans, les histoires…

 

 En cliquant sur PDL 2014 COMMENTAIRES AVRIL LITTERATURE vous trouverez les critiques des jurés qui ont été retenues par le service commercial des éditions du Livre de Poche. Ma critique se trouve en troisième position (Nathalie, Bonnert) dans la rubrique correspondant à « La demoiselle des tic-tac ».

 

 

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Encyclopédie de comportements amoureux : « Les perroquets de la place d’Arezzo » de Eric-Emmanuel Schmitt

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« Les perroquets de la place d’Arezzo » de Eric-Emmanuel Schmitt

Entrer dans ce roman, c’est pénétrer au coeur d’une sorte d’encyclopédie qui reprend chapitre après chapitre une variété de comportements amoureux.

Le récit tourne autour des habitants d’une place huppée de Bruxelles qui reçoivent tour à tour un message énigmatique, sorte de mot d’amour sans signature. Les réactions divergent les unes par rapport aux autres, car en matière de sentiments face à un mot d’amour anonyme, les attitudes sont aussi nombreuses que les personnages du roman. Comme le décrète le nain Germain, « Il y a autant de bonheurs que d’êtres humains, je crois »p729. Voilà aussi pourquoi Isis, la petite fille un peu naïve, renonce à poursuivre l’écriture de son roman d’amour, car l’amour se conjugue de mille façons et il n’est guère aisé, voire impossible d’en faire une encyclopédie exhaustive.

Quoi qu’il en soit, E-E Schmitt nous donne un petit aperçu des divers tableaux possibles en matière de couple et d’amour : famille, couple homo, couple apparemment normal mais marqué par l’adultère, couple dont l’un méprise l’autre, couple non assorti mais qui s’aime, couple à trois, … Plus qu’une panoplie des déviances en matière sexuelle, il s’agit d’une panoplie des déviances en matière amoureuse. Et que dire de la soi-disant « normalité »? Existe-t-elle en fin de compte ?

Le lecteur passe un agréable moment dans cette histoire multiple, bien qu’au début, je lui conseille de prendre quelques notes pour se remémorer facilement tous les personnages qui apparaissent au fil du récit.

S’agit-il d’un livre qui fait du bien ? Il permet de voir que l’amour s’exprime de diverses manières. Bien que nous ayons tous notre opinion ou notre jugement à ce sujet, aucune expression amoureuse n’est une norme par définition. Dès lors, ce roman encourage à relativiser nos points de vue et à ne pas déprécier des manières différentes de s’aimer et de vivre en couple.

 

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SOLITUDE DANS LA LUMIERE ET DANS L’OMBRE : « Le problème Spinoza » de Irvin Yalom

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« Le Problème Spinoza » de Irvin Yalom.

Voici le roman qui a remporté le plus de votes parmi les jurés du prix des lecteurs pour Le Livre de Poche au cours du mois de mars dernier.

En cliquant sur Avis sur Le problème Spinoza , vous trouverez les critiques des jurés qui ont été retenues par le service commercial des éditions du Livre de Poche. Ma critique se trouve en quatrième position (Nathalie, Bonnert).

Je suis fière et heureuse d’avoir voté pour ce livre qui non seulement m’a divertie tout au long de ses presque 550 pages, mais m’a aussi appris pas mal de choses sur les pensées de Baruch Spinoza, un philosophe du 17ème siècle dont la plupart de nos contemporains connaissent peu de choses si ce n’est sa renommée dans le domaine de l’érudition et de la philosophie.

Et pourtant Spinoza, juif excommunié, était un penseur que j’aimerais caractériser d’avant-gardiste,…. quoique le terme « avant-gardiste » fait en général référence à une ouverture d’esprit moderne. On regrette toutefois les lacunes de notre époque en matière de tolérance et d’ouverture d’esprit… fait-elle réellement preuve d’une plus grande largesse d’esprit que par le passé ???….

Disons plutôt que Spinoza était un penseur  lumineux, ouvert à une pensée tolérante et non limitée par les dogmes et les traditions. Bien sûr, au 17ème siècle, ces réflexions étaient condamnées et condamnables. Question : le seraient-elles encore aujourd’hui, à notre époque ????

La tolérance est une vertu lumineuse, mais qui hélas isole, même de nos jours…. Spinoza en a fait les frais car il fut mis au ban de sa communauté juive. Il révéla  peu de choses sur sa vie privée. Dans ce roman, Irvin Yalom tente de la reconstruire autour d’une fiction en se basant sur ses écrits et ses pensées.

« Dites moi, croyez vous en un Dieu tout-puissant?….En un Dieu parfait? Qui se suffit à lui même ?… Alors vous en conviendrez , par définition un être parfait qui se suffit à lui même n’a pas besoins, ni d’insuffisances, ni de souhaits , ni de volontés. Alors, poursuit Spinoza, je suggère qu’il n’y a pas de volonté de Dieu en ce qui concerne le comment, ni même le pourquoi le glorifier. Donc permettez moi d’aimer Dieu à ma façon. »

Mais l’auteur pousse la fiction à un degré d’excellence en alternant les chapitres sur la vie de Spinoza avec ceux qui décrivent les tourments et les pensées d’un idéologue nazi ténébreux, Alfred Rosenberg. Celui-ci se confie à un psychologue fictif et ses confidences ont tôt fait de nous révéler les méandres d’une âme sombre et esseulée qui voulait surtout s’attacher les faveurs d’Hitler.

Pourquoi ce face à face anachronique entre ces deux personnages ? Le coup de génie de Yalom est de rassembler dans un seul roman ces deux êtres totalement opposés : l’être lumineux qu’était Spinoza et l’être ténébreux qu’était Rosenberg. Le lien vient de la fascination que ce dernier portait à Spinoza,  un Juif excommunié dont Goethe, l’une de ses idoles, faisait l’éloge.

Un livre qui fait du bien ? Oui, car nous sommes ici face à deux cas de solitude. Toutefois, nous constatons par cette lecture que la solitude dans la lumière est plus apaisante et plus réconfortante que la solitude qui vient du mal. Les gens biens qui ont peut-être été rejetés par la société resteront dans la mémoire de l’humanité comme des exemples à suivre….