Philologue passionnée par la littérature et les effets positifs de celle-ci sur le moral.
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Profitons de l’été pour lire, mais ne limitons pas cette période de repos à des lectures sans intérêt sous prétexte que nous avons besoin de ménager notre cerveau et notre capacité de réflexion.
Malgré tout, si tel est votre souhait, un conseil : il vous faudra EVITER les grands classiques et autres récits suivants :
qui retrace les péripéties de toute une famille sur sept générations alors qu’elle est frappée par une malédiction qui la condamne à cent ans de solitude
récit chronologique de l’épidémie qui frappa la ville d’Oran en Algérie à la veille de la seconde guerre mondiale. L’homme prend conscience de sa finitude, en fait le deuil, mais se bat malgré tout pour le bien de l’humanité.
qui fait également l’apologie du dépassement de soi et de la liberté
Finalement, un roman que je viens de terminer, un grand classique que je n’avais jamais eu l’occasion de lire et qui a profondément marqué mon esprit. Ce roman permet à tous de relativiser soucis et difficultés (je vous en parlerai dans une prochaine chronique) :
« Si c’est un homme » où Primo Levi
raconte son expérience dans le camp d’extermination d’Auschwitz
Vous l’aurez compris : ces douze romans, je vous en recommande vivement leur lecture ou relecture, parce que, à l’exception de l’un ou l’autre ouvrage plus récent, ils font partie des grands classiques de notre patrimoine culturel littéraire et ont marqué les époques. Leur caractère bienfaisant est avéré par leur qualité littéraire intrinsèque, ainsi que par leur contenu qui soulève nombre de questions et réflexions.
Editions Cherche Midi, 2016 (traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec)
Une couverture plutôt joyeuse pour aborder un thème très sombre, celui du deuil, de la souffrance incurable et de la séparation imminente avec un être cher.
L’auteur, Anna McPartlin est une ancienne humoriste irlandaise devenue romancière. « Les derniers jours de Rabbit Hayes » est le premier de ses romans à être traduit en français.
L’histoire raconte les neuf derniers jours de Mia, surnommée Rabbit, une quadragénaire en phase terminale d’un cancer généralisé. Elle sait qu’elle va mourir et ses proches parents et amis le pressentent également : sa mère, son père, sa fille Juliet, âgée de 12 ans et qu’elle a élevée seule, sa soeur aînée et son frère qui est revenu d’Amérique, ainsi que sa meilleure amie Marjorie. Chacun gère à sa façon cette terrible épreuve. Les chapitres sont divisés entre les pensées et réminiscences des uns et des autres; c’est ainsi que les souvenirs et expériences affluent pour refléter tous les liens affectifs qui ont tissé la toile du destin de Rabbit Hayes.
Roman bienfaisant ?
Cette lecture est extrêmement touchanteparce que
d’une part, elle est très réaliste : la souffrance physique de Rabbit n’est pas dissimulée et les attitudes maladroitement humaines des proches ne sont en rien atténuées. L’auteur a voulu décrire avec une lucidité attendrissante les comportements de gens comme vous et moi qui se retrouvent un jour anéantis face à la mort prochaine de leur fille, mère, soeur, tante ou amie.
d’autre part, ce récit est empreint d’humour et d’amour, ce qui le rend terriblement attachant. Les caractères trempés, les travers et les gaffes des uns et des autres ponctuent les événements et surtout, l’amour entre ces gens illumine la tragédie et lui donne une nouvelle perspective réconfortante.
Alors, oui, il s’agit pour moi d’un roman bienfaisant pour les personnes touchées par le deuil, le cancer au stade ultime, la séparation avec un proche. Bien sûr, les souffrances liées à une expérience similaire pourront ressurgir à la lecture de ce drame, mais cette résurgence se produira à la façon d’une catharsis salutaire.
Il faut également souligner le caractère « complet » de ce récit dans le sens où les diverses perspectives face à l’appréhension du décès imminent ne concernent pas seulement les parents et amis de Rabbit, mais Rabbit elle-même, qui nous donne son point de vue sur sa situation à la limite de la mort.
***
Pour finir, je vous mets ci-après le lien vers une vidéo où l’auteur Anna McPartlin nous parle de son roman. Le dialogue est en anglais et les sous-titres en alllemand, mais je vous ai fait une grossière traduction française ci-dessous si vous avez des difficultés à comprendre :
Traduction française de l’interview de Anna McPartlin :
« « Les derniers jours de Rabbit Hayes » relate les neuf derniers jours de la vie d’une femme, Rabbit. Elle a 40 ans et nous faisons sa connaissance alors qu’elle se rend avec sa mère dans une maison de soins où elle finira ses jours.
A première vue, cela semble très déprimant, mais en réalité, l’idée ici est de célébrer la vie. Il s’agit d’un roman sur la joie et le bonheur, sur la famille, l’amour, l’amitié et toutes ces belles choses de la vie – c’est aussi la raison pour laquelle il est si difficile de lâcher prise, car la vie est merveilleuse.
Ce récit s’inspire de beaucoup d’événements de ma propre vie. Ma mère entra en maison de soins à 42 ans, l’âge que j’ai actuellement. A l’époque, j’avais 11 ans, un peu comme la fille de Rabbit dans le roman. Il y a donc plusieurs parallèles.
Mais il s’agit tout de même d’une autre histoire. Alors que Rabbit souffre de cancer, ma mère avait la sclérose en plaques, une maladie à plus longue échéance. Toutefois, le temps que l’on passe avec des gens malades alors qu’il devient un facteur problématique – parce qu’il se fait rare – ce temps devient terriblement important. Et je pense que cette urgence temporelle imprègne l’histoire de ce roman.
J’aime tous les protagonistes de ce roman. Toutefois, j’ai une préférence pour Molly, la mère de Rabbit, qui incarne tout ce que j’apprécie tellement chez les robustes mères irlandaises : elle n’accepte aucun refus, elle est à la fois comique, intelligente et chaleureuse. Elle adore sa famille et ferait n’importe quoi pour elle.
Si le lecteur doit retenir quelque chose de ce roman, je souhaite que ce soit ceci : la vie doit être vécue et il ne faut pas craindre la mort qui représente juste une grande inconnue. Et là où il y a de l’amour, le bonheur est présent. »
Editeurs : Denoël (2015), Audiolib (2015), J’ai Lu (2016)
Après de longs échanges de lettres autour d’une même passion – la littérature – Sara, une jeune Suédoise introvertie, décide de rendre visite à sa correspondante Amy, qui est âgée et habite une petite ville de l’Iowa aux USA, Broken Wheel.
Mais lorsque Sara débarque dans cette bourgade, elle apprend le décès de son amie. Aidée par les habitants qui connaissaient et appréciaient Amy, la jeune femme ouvre une librairie pour transmettre à ceux-ci le goût de la lecture et des livres. Un nouveau souffle se répand dans la communauté…
Cette histoire plaisante et agréable à lire ravira les adeptes de romans « feel good » ou romans « chick lit » .
Il faut toutefois l’avouer : le récit ne marque pas vraiment les esprits et n’ébranle pas nos sentiments comme certains peuvent le faire.
Alors, qu’est-ce qui rend ce roman attachant et digne de figurer parmi les oeuvres de littérature bienfaisante ?
La réponse est cette passion pour la lecture soulignée par de très nombreuses références littéraires et qui transparaît tout au long de l’histoire. L’auteur, elle-même libraire, souhaite communiquer à ses lecteurs son amour des livres en lui attribuant le rôle du thème central de son premier roman.
« Les livres sont fantastiques et prennent sans doute toute leur valeur dans un chalet au fond de la forêt, mais quel plaisir y a-t-il à lire un livre merveilleux, si on ne peut pas le signaler à d’autres personnes, en parler et le citer à tout bout de champ ? »
« Tu sens? L’odeur des livres neufs. Des aventures pas encore lues. Des amis dont on n’a pas encore fait la connaissance, des heures d’escapade hors de la réalité qui attendent. »
« Il y a toujours un lecteur pour chaque livre. Et un livre pour chaque lecteur.«
De plus en plus de romans mettent la lecture au centre de leur thématique. Ce faisant, le livre, la librairie, la bibliothèque endossent un rôle au sein même de l’histoire. Ces récits ne remplissent pas toujours une fonction cathartique comme le font les romans bienfaisants. Ils mettent tout simplement un point d’honneur à nous rappeler que la lecture est une amie qui peut nous aider à traverser les épreuves de la vie et du quotidien.
J’avais déjà beaucoup apprécié « Le Liseur du 6h27 » premier roman de cet auteur. C’est avec un plaisir renouvelé que j’ai retrouvé son talent de conteur lorsqu’il nous parle de la vie des petites gens et la parfume de senteurs particulières.
Dans « Le reste de leur vie« , le lecteur fait la connaissance d’Ambroise, qui exerce une profession méconnue et pourtant bien nécessaire, celle de thanatopracteur : il s’agit de la personne habilitée à remettre en forme l’apparence des défunts pour que la famille puisse en garder un bon souvenir. Ambroise vit avec sa grand-mère Beth, une femme diabétique et débordante de générosité.
Manelle de son côté est une aide à domicile qui veille au bien-être des personnes âgées en soulageant leur quotidien. Le vieux Samuel, son préféré, vient d’être diagnostiqué d’un cancer au cerveau.
Le hasard va rapprocher ces quatre personnes dans un périple qui ….devrait finir comme pour tous les contes…
Dans la vidéo ci-après, Jean-Paul Didierlaurent nous relate la genèse de ce roman et comment il souhaite mettre en lumière des personnes qui font le bien autour d’elles en toute humilité.
Roman bienfaisant ?
Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire vivre une charmante histoire humaine avec ses drames et ses bonheurs.
Côté drames, nous retrouvons à travers le quotidien de Manelle les affres de la vieillesse, de la maladie, de la perte d’autonomie qui caractérisent les personnes dont elle s’occupe. Le quotidien d’Ambroise croise les personnes affectées par le deuil et la perte d’un être cher. Ces deux jeunes protagonistes mettent toute leur énergie au service des autres tout en côtoyant la mort et en négligeant leur propre existence .
L’histoire nous apprendra qu’il est possible de vivre heureux avec cette composante essentielle qui caractérise la vie et qui nous fait trembler d’angoisse, la mort. Le secret pour atteindre ce bonheur de vie au seuil de la mort n’est pourtant pas difficile à deviner, il suffit tout simplement d’aimer …
Editions Eyrolles 2015, Editions de la Loupe, 2016
Raphaëlle Giordano est spécialiste en développement personnel et en coaching créatif.
Ce premier roman met en scène sous forme de récit la relation d’accompagnement entre un coach – appelé le « routinologue» – et Camille, une femme qui essaie de retrouver bien-être et joie de vivre tout en se débarrassant de la morosité chronique qui gangrène sa vie, son humeur et ses relations.
« Constatant qu’un nombre croissant de personnes possédant tout pour être heureuses sans finalement parvenir à l’être se trouvaient en proie à une forme de morosité chronique, Raphaëlle Giordano a créé un métier essentiel. Ni psy, ni coach, le routinologue est un expert en accompagnement dans l’art de retrouver le bonheur perdu ! »
Les ressorts de cette histoire tournent essentiellement autour des trucs et astuces visant à améliorer son regard sur la vie et ils s’adressent à tout un chacun : comment retrouver une image positive de soi, comment améliorer ses relations avec son entourage, avec son époux, avec ses enfants, comment s’épanouir dans sa vie professionnelle…
L’auteur fait référence à des principes de coaching, s’inspire de citations de grands auteurs et, par l’intermédiaire de l’action ciblée du « routinologue », accompagne sa protagoniste vers la conquête de son bonheur.
Roman bienfaisant ?
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une oeuvre de littérature qui recourt à la catharsis et agit comme un libérateur d’émotions, car l’objectif visé semble tout autre.
Dans ce roman feel-good, Raphaëlle Giordano a tout simplement voulu faire passer par le biais d’un récit de grands principes de développement personnel (méthode SMART, pensée positive, principe de l’ancrage positif etc.) parce qu’il est plus facile, plus agréable et plus compréhensible de lire une histoire que de se plonger dans un ouvrage documentaire et explicatif.
Qui plus est, le lecteur retiendra aisément les trucs qui ont conquis la protagoniste, une protagoniste à laquelle il peut d’ailleurs s’identifier : il s’agit d’une épouse et mère de famille qui bosse à temps partiel dans une société où elle ne s’épanouit pas vraiment et qui a du mal à trouver un peu de temps pour elle et sa famille…bref, un profil assez récurrent dans nos sociétés.
Peut-être connaissez-vous d’autres romans de ce genre ?
par Colette Nys-Mazure aux éditions Luc Pire (2008)
Dans ce très bel ouvrage, la poète et écrivain belge Colette Nys-Mazure interprète avec sa propre sensibilité poétique
plus de 75 oeuvres picturales représentant des « personnes plongées dans la L E C T U R E« …
Parmi les artistes des toiles illustrant cet ouvrage, citons notamment Monet, Courbet, Manet, Picasso, Rembrandt, Delvaux etc.
L’auteur soulignera dans son introduction « Peindre, lire, écrire : des actes intimes«
« Entre le tableau et le livre, le lien est étroit [..] l’un et l’autre s’ouvrent telles des fenêtres sur le monde«
A propos des tableaux, elle dira « Je leur prête mes mots pour qu’ils vivent différemment avant de rejoindre les émotions des lecteurs qui, à leur tour, entreront en résonance et retrouveront peut-être le tableau«
« Une légende russe » de Léonid et Olga Tikhomirov 1967-1972
La date du 23 avril est devenue « Journée Mondiale du Livre » en se référant au jour de la mort de Shakespeare et de Cervantes (23 avril 1616).
Des événements autour du livre sont organisés un peu partout, mais tout particulièrement cette année à Conakry, capitale de la République de Guinée, qui a été nommée entre avril 2017 et avril 2018, capitale mondiale du livre.
chez Fleuve Editions (2015) et en format poche chez Pocket (2016)
Par un échange d’emails d’abord hésitants, puis de plus en plus attendus, Pierre-Marie Sotto, un écrivain en panne d’inspiration, et Adeline Parmelan, une jeune femme blessée, se racontent chacun leur vie. De fil en aiguille, ils entrent avec les mots dans la confidence des souvenirs heureux et malheureux qui les ont marqués. La relation épistolaire qui perdure dépasse le simple stade du virtuel, elle rapproche leur solitude respective dans une complicité qui nourrit leurs réflexions sur l’amour et l’amitié, mais aussi sur l’écriture et la littérature.
« Ce qui me touche et me séduit dans les livres, les films, le théâtre, plus que les histoires elles-mêmes, c’est ce qui les habille. La façon dont on me les raconte, leur texture, le tissu dont elles sont tissées, leur grain comme on dit en photographie. Et ce grain-là, je le trouve dans vos mots, Adeline. Vos histoires me plaisent, et votre manière de me les raconter aussi. »
L’humour et le sourire constituent des ingrédients actifs du récit. De même, des rebondissements imprévus en garantissent un plaisir continu de lecture et maintiennent le suspense. Il faut dire que Pierre-Marie n’a jamais lu le manuscrit envoyé par Adeline et qui est à l’origine de leur échange de courriels, or celui-ci renferme les réponses à de nombreuses questions sur la véritable identité des protagonistes.
Roman bienfaisant ?
Beaucoup de témoignages affluent pour dire que ce roman représente un véritable pansement pour les coeurs éprouvés. Les deux auteurs, Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat, qui sont par ailleurs spécialisés dans la littérature pour jeunesse, se sont pris au jeu du roman épistolaire, et le succès ne s’est pas fait attendre. Les bons conseils que se prodiguent les deux protagonistes reflètent un réel souci d’encourager les lecteurs à surmonter les épreuves et à croire en la beauté de la vie.
« J’ai reçu votre message comme on reçoit un bonbon. Je l’ai posé sur ma langue, et je l’ai laissé fondre doucement durant toute la journée d’hier, au gré de mes promenades.«
Editions Gallimard, 2007 – Version poche chez Folio, 2009
Prix Renaudot en 2007
L’écrivain français Daniel Pennac se base sur sa propre histoire en tant que « mauvais » élève pour décrypter les sentiments et les attitudes affluant autour de ces jeunes cancres qui pratiquent la différence au sein de leur classe, de leur école, de leur famille, voire de la société.
Devenu professeur de littérature, l’auteur reconnaît que son sauvetage s’est opéré grâce à quelques esprits avisés qui ont su lui redonner confiance en lui . »Puis vint mon premier sauveur. Un professeur de français… »
« Car il y avait la lecture. Je ne savais pas, alors, qu’elle me sauverait. »
Ce récit éclairé et bien écrit allie les souvenirs de l’auteur à des réflexions sur l’enseignement, la famille, la société d’hier et celle d’aujourd’hui, l’ère des moyens de communication sophistiqués.
Daniel Pennac n’hésite pas à dévoiler ses trucs pour éveiller l’intérêt de ses élèves, pour leur (re)donner le goût d’apprendre et de s’instruire.
« Le savoir est d’abord charnel. Ce sont nos oreilles et nos yeux qui le captent, notre bouche qui le transmet. Certes, il nous vient des livres, mais les livres sortent de nous. Ca fait du bruit, une pensée, et le goût de lire est un héritage du besoin de dire.«
Roman bienfaisant ?
Ce roman autobiographique soulève des réflexions justes et pointues sur la situation de nos adolescents, et plus particulièrement sur celle de ceux que l’on qualifie de « cancres » parce qu’ils ne s’adaptent pas aux normes de notre enseignement et de notre société, parce qu’ils sont d i f f é r e n t s.
« La naissance de la délinquance, c’est l’investissement secret de toutes les facultés de l’intelligence dans la ruse. »
Un récit agréable à lire et que je recommande tout particulièrement aux enseignants, ainsi qu’aux parents d’enfants en âge scolaire.
Ce thriller psychologique raconte le désespoir, mais aussi l’instinct de survie d’une femme amnésique qui se réveille tous les matins en ayant oublié son passé, et notamment ses vingt dernières années. Elle ne se reconnaît pas dans la glace et ne parvient pas à identifier l’homme qui dort à ses côtés et qui prétend être son mari.
Un médecin la contacte tous les matins et lui indique l’endroit où elle a caché le journal intime dans lequel elle note ce qu’elle vit au fil des jours. Ce précieux outil l’accompagne au quotidien pour l’aider à retrouver les bribes de son passé et dissiper son désarroi toujours renouvelé. Peu à peu lui apparaissent pourtant des incohérences entre ce qu’elle écrit, ce qu’on lui raconte, et le peu dont elle se souvient…
Outre la tension latente qui sous-tend ce roman et tient le lecteur en haleine, l’importance de la mémoire et des souvenirs dans l’identité humaine est mise en avant tout au long du récit :
« Que sommes-nous d’autre que la somme de nos souvenirs?«
La protagoniste veut retrouver les souvenirs qui la définissent en tant qu’être humain, même si ceux-ci sont douloureux…
« Tout ce que je veux, c’est me sentir normale. Vivre comme tout le monde, avec des expériences enrichissantes, chaque jour donnant forme au suivant. Je veux mûrir, apprendre des choses et accumuler du savoir.«
Des réflexions s’échangent sur l’histoire personnelle telle que vécue et perçue par chacun d’entre nous, et par là même, sur le tissu de souvenirs qui prend forme au gré de nos besoins pour forger le socle de notre existence :
« Nous changeons toujours les faits, nous réécrivons toujours l’histoire pour nous rendre la vie facile, pour la faire coïncider avec la version des événements que nous préférons. Nous le faisons automatiquement. Nous inventons des souvenirs. Sans y penser. Si nous nous répétons suffisamment souvent que quelque chose a eu lieu, nous finissons par le croire, et ensuite nous pouvons nous en souvenir.«
Roman bienfaisant ?
Ce thriller aborde les troubles cérébraux liés à la mémoire. Beaucoup d’entre nous connaissent une personne atteinte d’un de ces disfonctionnements de la mémoire. Il s’agit souvent de personnes âgées, mais pas toujours. La communication avec ces personnes peut s’avérer difficile, il faut faire preuve de beaucoup d’empathie et d’amour pour pouvoir suivre le cheminement de leurs pensées confuses.
Le roman prend ici la position du malade et rend compte de sa détresse face à son cerveau défaillant.
Editions JC Lattes (2009) 279 pages et Le Livre de Poche (2010) : 256 pages
Deux femmes mariées, mères de famille ont tout pour être heureuses. Elles ne se connaissent pas, mais elles tombent amoureuses simultanément et l’auteur crée un parallèle entre la naissance et la concrétisation de leur histoire extraconjugale respective. Mais lorsque le choix ultime s’imposera à elle, lourd de conséquence, leur trajectoire, jusque là similaire, prendra des chemins différents.
Hervé Le Tellier est un romancier français, membre de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle), association fondée en 1960 et toujours en quête de nouvelles règles formelles destinées à encourager la création. Conscient de la difficulté de parler de l’amour, l’auteur a écrit un roman intimiste où il conjugue l’amour sous diverses formes (amour passé, amour-passion, amour-tendresse, amour maternel, amour filial), car les protagonistes qui gravitent autour des deux femmes ont également leur mot à dire dans l’histoire. Le labyrinthe de l’amour étant complexe, Le Tellier choisit une façon originale d’en parler en lui imposant une structure formelle ludique, mais qui a toutefois l’élégance de passer inaperçue si le lecteur préfère l’ignorer.
Roman bienfaisant ?
Si l’auteur oulipien qu’est Hervé Le Tellier est défini comme « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir », alors je pense que celui qu’il a réalisé par le biais de ce beau roman pourra aider le lecteur à trouver lui-même son propre chemin dans le dédale de ses aventures amoureuses.
Cette chronique est en partie extraite de l’ouvrage « Lire pour guérir d’une peine de coeur » que vous pouvez encore vous procurer
en version numérique ou en version papier sur Amazon.
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